Cameroun: "COURSE DANS LE SAC" - Présidentiables en rade

27 Juillet 2022

Ce qui tient lieu d'opposition au Cameroun n'a strictement aucune capacité, dans sa configuration actuelle, de "challenger" sérieusement l'actuel locataire d'Etoudi. De quelque manière que ce soit, malgré ses rodomontades et sa propagande. Ceci, pour deux raisons principales, toutes rédhibitoires pour elle.

D'abord ses leaders, presque tous autoproclamés et extrêmement bouffis de leur présumée importance parce qu'on les appelle déjà "Président" au quartier, ne mobilisent généralement autour de leur personne que leurs frères de tribu ou de région. Il s'entourent bien sûr, pour la forme, de quelques faire-valoir extra-communautaires.

Mais ça ne fait évidemment pas grand monde à l'échelle du vaste pays. Avec ce contre-effet redoutable : en se coinçant ainsi dans un entre-soi trop visible avec les leurs, ils ne réussissent que la prouesse de braquer contre eux, automatiquement, tout l'immense reste des Camerounais, qui ne sont guère les petits naïfs que les politiciens à la petite semaine imaginent.

Ensuite, on voit bien que dans leurs soi-disant "programmes", ils s'attaquent en priorité à l'individu Paul Biya, sur des éléments aussi triviaux que son âge, sa longévité au pouvoir, son état de santé, ainsi de suite. Dans la même veine, ils ont tout le temps en ligne de mire son supposé entourage, en ciblant particulièrement les membres issus de son ethnie d'origine et en glosant ad infinitum sur l'arlésienne dite "tribalisme d'Etat".

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On pourrait dire que c'est un atavisme camerounais, puisque ici chez nous on a encore tendance à apprécier (ou à vilipender) les gens non pour leurs idées, déclarations ou actions individuelles, mais d'abord et avant tout en fonction de leur région d'origine présumée. Alors qu'en général ça n'a absolument et normalement rien à voir. Insulter le président et ses "frères" est donc trop facile, parce que cette posture caresse dans le sens du poil la cohorte malsaine des tribalistes qui n'ont que la bave de la haine identitaire à la lippe, et qui se font une joie sinistre de l'appliquer à tout discours politique. C'est à cette engeance que l'on doit les malhonnêtes concepts de "pays organisateur" et de "sérail", par exemple. Sans oublier le total manque d'égards civiques à l'endroit de cet adversaire viscéral quand ces pseudo démocrates parlent de lui. C'est : "Biya" tout court, comme s'ils évoquaient le premier venu. Ou à la rigueur "Monsieur Biya".

Très rarement, ils daignent mentionner comme de juste qu'il est l'actuel chef élu de l'Exécutif. Sauf pour dire, en ricanant : "Votre président-là" ! Curieusement, ils lui dénient ainsi une considération dont ils imaginent, on se demande pourquoi et pourquoi, qu'elle leur sera forcément due à eux, prochainement, quand par extraordinaire ils auront gagné le jackpot fantasmé !

Bien entendu, tout cela est complètement à la ramasse, comme stratégie ! Pour la simple raison qu'ils ne font que du petit ad hominem sans conséquence : ils ne s'attaquent nullement au système gouvernant en tant que tel de manière formelle et organisée, alors que c'est de cela seul qu'il devrait s'agir, si on veut vraiment être sérieux dans son ambition présidentielle.

La matière pour ce faire surabonde pourtant ! A contrario, et par-dessus tout, on est obligé de constater que sur les grandes questions structurelles qui agitent le pays, ceux qui en se rasant le matin ne rêvent que de loger un jour au Palais de l'Unité, ne proposent rien de concret ou même de vraiment révolutionnaire.

Sur la lutte contre le tribalisme, la vie chère, le chômage des jeunes, les dérives morales, la prolifération des sectarismes, l'enrichissement indécent de l'élite administrative, les inégalités sociales, le défaut d'infrastructures et services sociaux de base (eau, électricité, sécurité sociale, santé, assainissement urbain etc.) : rien du tout.

Même sur la crise anglophone, en dehors de prétendre tout le temps que Biya est personnellement (ou parfois avec sa "clique tribale ", ça dépend des jours) responsable de la situation, et "qu'il doit arrêter ça", rien de rien ! Bref, la situation actuelle du pays semble ne pas trop intéresser ceux qui veulent la place (et la peau, éventuellement) du chef de l'Etat. On a même l'impression que l'avenir du Cameroun n'est pas leur affaire non plus. Or, on ne peut prétendre mobiliser tout le fameux "peuple" que sur ces problématiques communes, pour espérer accéder légalement au pouvoir un jour avec le suffrage bien compris de ce dernier. Aucun politicien ne le fait, sinon ça se saurait.

Cependant, ce modus operandi foireux mérite quand même une explication. Il n'y en qu'une qui vaille, et elle est fatale pour leur dévorant désir. La voici : s'ils n'adressent pas vraiment le système, c'est qu'ils n'ont aucune intention de le changer. Leur unique projet est plutôt de le perpétuer, mais à leur profit.

Et c'est tout ! Malheureusement pour nos "opposants" frénétiques, le Camerounais lambda a détecté cette arnaque. Contrairement à ce que certains de ces hommes politiques croient, les tirades enfiévrées sur le mode "Biya must go" ne font donc le miel que de la petite coterie de leurs congénères communautaristes fanatiques.

Aucun intérêt : ces derniers sont de toute façon acquis à leur cause, à savoir la défense de leurs intérêts particuliers de groupe sociologique contre les autres. Le régime le sait aussi, qu'ils sont nuls. On peut se permettre de supposer que, droit dans ses bottes, il en rigole même dans sa barbe.

C'est certainement pour cela qu'il les laisse déblatérer à la télé et sur les réseaux sociaux tant qu'ils veulent. Il comprend parfaitement et avec satisfaction qu'il a affaire à des amuseurs de galerie inoffensifs qui s'activent dans la distraction et la diversion, en rangs dispersés : de petits amateurs sans vision ni expérience politiques qui sont, sans le savoir, de simples pions dans le "songo" du pouvoir. Autrement dit, des idiots utiles, suivant la belle formule consacrée.

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