Tunisie: Les opposants au référendum se mobilisent - " Des chiffres gonflés, un processus truqué "

27 Juillet 2022

- Néjib Chebbi dénonce les résultats du référendum et appelle Saïed à démissionner.

- Des dirigeants nahdhaouis estiment qu'il "n'y a de légitime que la Constitution de 2014".

- Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre : "Ce que le Chef de l'Etat fait ne débarrassera pas le pays des islamistes".

Comme l'on s'y attendait, les opposants au référendum populaire tenu le lundi 25 juillet sur la nouvelle Constitution de la nouvelle République soumise par le Président Kaïs Saïed aux électeurs n'ont pas mâché, aussitôt l'opération électorale achevée, leurs mots pour crier à la mascarade, estimant que "les chiffres de l'Isie ont été gonflés et que tout le processus a été truqué".

Et c'est bien Ahmed Néjib Chebbi, coordinateur du Front du salut, qui mène le bal des frondeurs pour proposer sa propre lecture et celle du Front des résultats auxquels a abouti le référendum du 25 juillet qui a été couronné par une victoire éclatante du oui exprimé par plus de 92% des votants qui ont avalisé le texte de la nouvelle Constitution de la Tunisie, résultat révélé, lundi vers 22h00, par Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, en attendant l'annonce, hier, mardi 26 juillet, vers 18h00 par l'Isie des résultats préliminaires du référendum.

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Hier, donc, Ahmed Néjib Chebbi a donné une conférence de presse lors de laquelle il a rejeté les résultats du référendum et a appelé le Président Kaïs Saïed à démissionner.

Néjib Chebbi souligne : "Plus de 75% des Tunisiens ont refusé de donner leur approbation à un projet putschiste. Il y avait une faible affluence des électeurs selon les observateurs locaux et internationaux qui étaient présents dans les bureaux de vote".

Il ajoute : "Nous réclamons l'organisation d'élections législatives et présidentielles anticipées pour surmonter la crise actuelle à laquelle fait face le pays".

Et ce n'est pas uniquement Néjib Chebbi qui a dénoncé le oui écrasant exprimé par les électeurs à l'adresse du projet de la nouvelle Constitution, puisque les dirigeants d'Ennahdha, y compris ceux qui ont quitté le navire, se sont relayés, hier, pour dire qu'il "s'agit tout simplement d'une pièce de théâtre".

Une réussite "cuisante"

Ainsi, Noureddine B'hiri, vice-président d'Ennahdha, affirme-t-il : "Les résultats du référendum étaient connus d'avance. Kaïs Saïed, qui détient tous les pouvoirs, est désormais derrière la dégradation de la situation économique et sociale du pays".

Samir Dilou, qui a démissionné d'Ennahdha, s'est découvert des talents cachés d'humoriste qui jongle avec les mots et leurs sens. Il assure : "Kaïs Saïed a subi une réussite "cuisante". Il a obtenu une moyenne de 5/20. Il a réussi, en toute confiance, en plagiant la copie de son voisin".

Pour Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères à l'époque du gouvernement de la Troïka, "il n'y a de légitime que la Constitution de 2014. Dire le contraire est une escroquerie".

Quant à Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), elle souligne : "Kaïs Saïed nous a imposé un processus, une orientation, un projet politique personnel, une opération électorale qui n'a aucun sens".

Elle considère que "ce processus était une grosse claque pour le peuple tunisien et les Tunisiens ont réussi à retourner cette claque en refusant de participer à ce crime contre l'humanité".

Et pour revenir à son sujet préféré, celui de mettre fin à l'islam politique, Abir Moussi fait remarquer : "Ce que le Chef de l'Etat a entrepris ne pourra jamais débarrasser le pays des frères musulmans. Ce n'est pas ainsi que se font les réformes, ce n'est pas ainsi qu'on rectifie le tir, ce n'est pas ainsi qu'on édifiera une Tunisie meilleure".

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