Congo-Kinshasa: Dans l'est de la RDC, les habitants ne décolèrent pas contre la MONUSCO

27 Juillet 2022

Le bilan est terrible : une dizaine de morts et des dizaines de blessés. A Butembo, trois Casques bleus, deux Indiens et un Marocain, ont été tués par les manifestants. Depuis la nuit dernière, les coups de feu retentissent sans interruption dans plusieurs quartiers de Goma, où les habitants en colère continuent de barricader les routes, les autres cherchant à incendier les bases des casques bleus après les avoir pillées.

Bien que faisant partie des mécontents de la présence de la Monusco, Vedaste Muhindo condamne la violence des manifestants.

"Nos compatriotes qui sont en train de détruire et voler les biens de la Monusco disant qu'ils sont en train de récupérer leurs propres biens, ça c'est loin d'être la bonne procédure. Parce que nous sommes en train de voir les gens qui pillent des panneaux solaires et autres biens, mais nous nous demandons en quoi ce vol des matériels de la Monusco est pour le bien communautaire", explique t-il.

Un lourd bilan

Toute la journée de ce mardi, la police de Goma a semblé débordée pour contenir les manifestants qui devenaient au fil du temps plus nombreux. Plus de dix morts et 70 blessés sont comptabilisés du côté des manifestants.

A Butembo, troisième ville de la province du Nord-Kivu, trois Casques bleus ont été tués et au moins sept manifestants tués.

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"Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités dans le suivi de la prise en charge de tous ces morts et blessés qui sont dans des centres de santé et hôpitaux. Cette prise en charge doit être inconditionnelle et c'est la Monusco qui doit l'assurer. Les obsèques de tous nos compatriotes tombés dans la manifestation doivent être bien organisés et tout cela sous la supervision de notre gouvernement", précise Placide Itula un militant de la Lucha.

Réaction de la société civile

La société civile n'a jusque-là pas condamné les victimes au sein de la Monusco et s'est contentée de dénoncer les tirs de certains contingents de la Monuscoqui seraient à l'origine de la mort de plusieurs manifestants.

Selon Mapendo Kusudi un activiste des droits de l'homme "certains éléments de la Monusco tirent à balles réelles contre les manifestants à Goma et Butembo" il poursuit en expliquant que "le club des auditeurs des droits de l'homme dénonce des violations des droits humains par les casques bleus de l'Onu et alerte l'opinion Internationale".

Le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le lieutenant général Constant Ndima, a, depuis la ville de Beni où il séjourne, appelé la population à l'apaisement.

Pour l'instant la quasi-totalité des bases des Nations unies de Goma ont été vidées de leurs employés, ces derniers ont été évacués depuis lundi, certains par hélicoptères, d'autres avec des véhicules escortés par les forces armées congolaises.

Le gouvernement condamne

Lors d'une conférence de presse conjointe avec le numéro deux de la Monusco à Kinshasa, la capitale de la RDC, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a confirmé le bilan de 15 morts et fait état de 61 blessés dans les récents troubles. "En aucun cas la violence n'est justifiée", a-t-il dit, ajoutant qu'"une enquête conjointe" serait menée.

Farhan Haq, un porte-parole de l'ONU, a déclaré aux journalistes à New York que la situation sur le terrain était "très instable" et que "des renforts sont en train d'être mobilisés".

Présente en RDC depuis 1999, la Monuc (Mission de l'ONU au Congo) qui est devenue la Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC) en 2010, compte actuellement plus 14.000 soldats de la paix. C'est l'une des plus importantes et des plus coûteuses missions de l'ONU au monde, avec un budget annuel d'un milliard de dollars.

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