Cameroun: Rencontre Biya /Macron - Soustraction, temps et Constitution au Cameroun

27 Juillet 2022

La question de l'alternance à la tête de l'Etat camerounais est brûlante. Elle à été posée à Biya par un journaliste français. La réponse, c'est le moins qu'on puisse dire, est de l'ordre de celles que donne souvent l'homme lion. En voici un point de vue.

La question du journaliste français est tendancieuse. En filigrane, elle revient à dire à Biya : toi le dictateur au pouvoir depuis 40 ans, vieillard et grabataire toujours en poste, vas-tu enfin laisser la place à quelqu'un d'autre ? Biya, malgré des problèmes d'audition normaux à son âge, y apporte une réponse qui mérite une petite réflexion.

Mine de rien la question posée à Biya est une question sur la longévité au pouvoir. C'est donc une question liée au temps. Biya, qu'on soit de son bord politique ou non, y répond de façon originale. Cette originalité revient à faire une chose à laquelle on ne pense pas tout de suite. C'est lier la soustraction au temps et à la loi fondamentale.

C'est en effet la Constitution camerounaise qui fixe le mandat présidentiel à 7 ans. Donc, quiconque veut savoir combien de temps je suis encore là, doit se référer à la loi fondamentale en faisant l'opération simple de soustraction 7-3 ou 7-4. Autrement dit, Biya nous dit et rappelle à tous que le temps mis au pouvoir au Cameroun n'est pas de son ressort mais uniquement de celui de la constitution camerounaise.

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En outre, cette réponse revient aussi à rappeler deux autres choses :

D'un côté, que même si politiquement la question de l'alternance se pose après quarante ans de pouvoir, constitutionnellement, lui Biya a le droit d'être toujours au pouvoir car notre constitution ne limite pas cette durée et donc ne reconnaît pas un tel problème politique.

De l'autre côté, qu'une telle question n'aura de sens et trouvera une réponse que lorsqu'on arrivera à 7-7 = 0 et que la constitution camerounaise autorisera qu'on en parle parce qu'elle ouvrira la saison de la présidentielle de 2025. Donc la réponse à cette question sera connue lorsque le moment sera venu. Et ce moment c'est, toutes choses égales par ailleurs, le temps t =7-7= 0. Même en cas d'élection présidentielle anticipée ou d'un événement naturel comme la mort, c'est toujours la Constitution qui répond et fixe le temps des transactions d'alternance.

En conséquence, il me semble que notre pays est face deux questions cruciales :

Sommes-nous nous prêts et d'accord pour limiter l'âge au-delà duquel on ne peut plus être candidat à une présidentielle ?

Sommes-nous prêts et au même diapason pour limiter à maximum deux mandats le nombre de mandats à la tête de l'Etat ?

Si nous sommes prêts et au même diapason, alors il nous faut une réforme constitutionnelle dans ce sens.

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