Afrique de l'Ouest: Macron rencontre le président de la Cédéao

De gauche à droite : Umaro Sissoco Embalo,de la guinée Bissau et son homologue français, Emmanuel Macron

Le président français a réalisé, le 28 juillet, la dernière étape de sa tournée africaine, après le Cameroun et le Bénin. Emmanuel Macron s'est entretenu avec son homologue guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Cédéao. Une troisième rencontre en moins d'un an.

Après le Cameroun et le Bénin, le chef d'État français terminera une première tournée africaine, depuis sa réélection, par la Guinée-Bissau. Un pays en tension après une tentative de coup d'État en février dernier et la dissolution du Parlement trois mois plus tard par le président Umaro Sissoco Embalo.

Octobre à l'Élysée, février à Bruxelles et désormais juillet à Bissau... Emmanuel Macron et Umaro Sissoco Embalo se sont rencontrés le jeudi pour la troisième fois en moins d'un an. Le leader guinéen vient de prendre début juillet la présidence tournante de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao), en première ligne face à la junte malienne.

La casquette de président de la Cédéao fait d'Umaro Sissoco Embalo un interlocuteur incontournable pour Paris. Le chef de l'État bissau-guinéen a désormais sur sa table les dossiers sensibles du Burkina, de la Guinée et surtout du Mali.

Pour le journaliste Antoine Glaser, " la France ne veut plus apparaître en première ligne. Elle préfère mettre en avant les institutions régionales ", dit-il.

Plusieurs fois, Paris a été accusé de manipuler la Cédéao, avait affirmé Bamako, lorsqu'en janvier l'organisation avait sanctionné la junte au pouvoir. Les putschistes l'avaient accusée d'être " au service de la France ".

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Selon un diplomate africain, " l'Élysée ne peut pas imposer ses vues. Il y a six pays anglophones dans l'organisation, dont le poids lourd nigérian ou encore le Ghana. Il y a peut-être une volonté d'influencer, mais c'est dur de la concrétiser ".

Une source à l'Élysée explique que la France " s'aligne sur les positions des organisations régionales ".

Cet événement s'inscrit dans un contexte troublé pour ce pays d'Afrique de l'Ouest, abonné aux crises politiques. Umaro Sissoco Embalo a, en effet, annoncé en mai dernier la dissolution du Parlement et la convocation d'élections parlementaires anticipées d'ici à la fin de l'année. Et ce, quelques semaines après une nouvelle tentative de coup d'État, le 1er février, qui a fait 11 morts selon le gouvernement.

La Guinée-Bissau est une ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1974 après une longue guerre de libération, menée par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) fondé par Amilcar Cabral, assassiné en 1973. Le PAIGC a ensuite très longtemps dominé la politique nationale.

Une plaque tournante du trafic de drogue

Depuis la présidentielle de 2014, le pays s'est engagé sur la voie d'un retour à l'ordre constitutionnel, ce qui ne l'a pas préservé de turbulences chroniques. Les tensions ont persisté après l'élection de Umaro Sissoco Embalo à la présidence en décembre 2019. Son principal adversaire, Domingos Simoes Pereira, du PAIGC, n'a jamais reconnu la victoire de Umaro Embalo, finalement entérinée par la communauté internationale.

De nombreux désaccords ont opposé Umaro Sissoco Embalo, général de réserve de 49 ans, et le Parlement, sur l'immunité parlementaire de Domingos Simoes Pereira, sur le partage des ressources du pétrole à la frontière avec le Sénégal, sur une révision de la Constitution ou, récemment, sur l'annonce par la Cédéao de l'envoi d'une force de stabilisation.

La communauté internationale réclame de longue date une nouvelle Constitution, l'organisation des pouvoirs dans l'actuelle loi fondamentale passant pour un facteur principal des crises à répétition. Le pays a besoin de réformes : il est l'un des plus pauvres au monde et considéré comme l'un des plus gangrénés par la corruption.

L'instabilité et la pauvreté y ont favorisé l'implantation de narcotrafiquants qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d'Amérique latine vers l'Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l'armée. Umaro Sissoco Embalo a, d'ailleurs, présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants.

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