Sénégal: Organisation du Dak'art 2022 - Des artistes exigent un audit et annoncent des Assises de la culture

27 Juillet 2022

Le Collectif des indignés de l'organisation de la 14ème édition de la Biennale de Dakar s'est réuni, avant-hier, pour dire son courroux et annoncer un plan d'actions. Ces artistes et amis des arts ont notamment informé de la saisine de l'Ofnac pour l'audit du Secrétariat général du Dak'Art et l'organisation, en décembre prochain, des Assises des arts et de la culture.

Regroupés au sein d'un groupe nommé "Collectif des indignés de l'organisation de la 14ème Biennale de Dakar", des artistes se sont réunis, avant-hier, pour dénoncer les "dysfonctionnements de nature à écorner l'image du Sénégal" qu'ils mettent sur le dos de la Secrétaire générale, Mariama Bâ. Sous la houlette de l'artiste-sculpteur sénégalais Ousmane Dia, ces artistes et d'autres souteneurs ont signé une lettre d'information adressée au Chef de l'État, Macky Sall, et une autre missive à la présidente de l'Ofnac pour demander l'audit du Secrétariat général de la Biennale de l'art africain contemporain.

Un courrier va également être adressé au Ministre de la Culture et de la Communication pour la publication des rapports de tous les commissaires impliqués ainsi que le bilan financier du précédent Dak'Art. Pour la quatrième et dernière résolution, il a été décidé de l'organisation d'Assises des arts et de la culture courant décembre prochain. Les artistes ont, par ailleurs, exigé la démission de la Secrétaire générale de la Biennale de Dakar.

%

Ousmane Dia, lors de la rencontre, a dit ne pas comprendre que "malgré un appui exceptionnel de 2 milliards de FCfa de l'État du Sénégal et de l'apport de 93 grands sponsors", l'organisation du Dak'Art 2022 ait été "un échec".

Auparavant, il a assuré être loin de toute méchante manœuvre, mais veut plutôt "un examen critique". Dans cet exercice, il a été entouré de grandes signatures des arts plastiques du Sénégal comme Viyé Diba, Dr Saliou Diouf, Serigne Ndiaye, etc., de Me Bara Diokhané, Robert Lahoud et plusieurs étudiants de l'Ecole nationale des arts notamment. Pour justifier leurs actions, Ousmane Dia a listé de "graves manquements" dans la logistique et la technique, la sécurité, la communication et le management qui "mettent en relief les carences notoires de la Secrétaire générale".

Une série de défaillances de différents ordres

Il cite des œuvres de l'exposition officielle vandalisées et des parties de celles-ci volées (dont celles de Caroline Guèye, Serigne Mbaye Camara, Viyé Diba, Fally Sène Sow, Mbaye Diop, etc.), en plus d'artistes qui ont boudé œuvres sous la main. En sus, il y a les expos du projet Doxantu qu'il dit être "sabotées", des commissaires d'expo et artistes qui déboursaient leur argent pour des honoraires imputables au Secrétariat général, le Journal de la Biennale supprimé et la presse nationale et internationale méprisée, ainsi que les badges et accréditations anonymes qui ont créé un grand capharnaüm.

Ousmane Dia a aussi regretté que les médiateurs soient rémunérés 50.000 FCfa pour avoir travaillé tous les jours de la biennale de 9 à 19 heures, "or, avec des éditions d'un budget de 500 millions de FCfa, ils étaient entre 50 000 FCfa à 80 000 FCfa par semaine". Il a relevé que le quart des dates de vernissage a été changé à la dernière minute, "avec en plus la Secrétaire générale qui s'improvise comptable dans son bureau et compte des liasses de billets qu'elle donne aux artistes".

Viyé Diba, dans son intervention, a justifié sa solidarité à l'initiative par "l'impérieuse nécessité de sauvegarder ce phénomène africain, la plus grande biennale culturelle d'Afrique", qu'est le Dak'Art. Selon l'artiste majeur, le premier échec est de ne pas avoir doté la Biennale, après plus de trente ans d'organisation, d'un cadre d'ingénierie culturelle adéquate et de ne pas en avoir fait un projet politique culturel national. D'après Viyé Diba, la rencontre devait enregistrer la présence de tous car des réflexions sérieuses doivent se faire au profit du rayonnement des arts et de la culture qui doivent faire école.

Pour Serigne Ndiaye, les Assises sont inéluctables. Le dompteur du "Souweer" estime qu'on doit même revoir les enseignements des arts plastiques et mettre à jour les compétences des éducateurs. Me Bara Diokhané, lui, considère qu'il y a un énorme chantier à mettre en place, notamment sur les droits des artistes. L'avocat au barreau de New York, qui a accompagné déjà l'idée de la Biennale, en 1989, avec Joe Ouakam et d'autres pionniers, a admis qu'il est temps que les arts et les artistes sénégalais connaissent de valables avantages juridiques et jouissent de leurs créations. Toutes questions qui seront abordées, décembre prochain, lors des Assises annoncées.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.