Cote d'Ivoire: Découvertes d'hydrocarbures-Attention à « la malédiction du pétrole »

Plateforme d'exploitation pétrolière
29 Juillet 2022

Visiblement, la Côte d’Ivoire s’achemine à grand pas dans le prestigieux cercle des pays africains   producteurs de pétrole. Il est peut-être trop top de l’affirmer, mais d’ici trois ans, le poids de la Côte d’Ivoire, en termes de production de barils jour, va se préciser.  En moyenne, la production ivoirienne oscille entre 25 mille et 32 mille barils par jour voire un peu plus.  La Côte d’Ivoire voit grand et tout est mis en œuvre pour faire au mieux, la promotion du bassin sédimentaire ivoirien.

Les différents ministres   en charge jusque-là   du Ministère des mines, du pétrole et de l’énergie depuis une quinzaine d’années n’ont pas manqué l’occasion pour mieux « vendre »la destination côte d’Ivoire. Les deux dernières découvertes achèvent de convaincre que le marketing est gagnant.  Citons   la seconde découverte de pétrole brut et de gaz naturel par la société pétrolière italienne Eni et son partenaire Petroci Holding, dans le bloc CI-802 du bassin sédimentaire offshore de la Côte d’Ivoire. Information donnée le jeudi 28 juillet 2022, par Coulibaly Sangafowa Mamadou, ministre ivoirien des Mines du pétrole et de l’énergie.

Avant cette découverte, un autre gisement plus important avait été  découvert  sur   le bloc CI-101 dans lequel une première découverte a été faite en 2021, par le même consortium. C’est à juste titre que le ministre Sangafowa, avait dit : « Cette nouvelle découverte, qui confirme l’extension du gisement Baleine dans le bloc CI-802, accroit d’environ 25%, les réserves initialement annoncées dudit gisement qui passent ainsi de 2 à 2,5 milliards de barils de pétrole brut et de 2 400 à 3 300 milliards de pieds cubes de gaz naturel ».  Cette autre trouvaille devrait rassurer le consortium Eni et PETROCI Holding   engagé pour la mise en production accélérée du gisement Baleine au premier semestre de 2023, soit environ un an et demi après la première découverte.

En chiffres, la Côte d’Ivoire dispose de 51 champs identifiés dont 4 en production, 26 en exploration et 21 encore libres ou en négociation.  La production de pétrole en Côte d’Ivoire, qui a enregistré en 2019 une augmentation de 12 % pour atteindre plus de 36 000 barils par jour, provient de puits de forage se trouvant essentiellement offshore, près de la frontière avec le Ghana. La Côte d’Ivoire, modeste producteur, a révisé en 2015 son code pétrolier pour attirer de nouveaux investisseurs, grâce à des contrats de partage de production.

C’est bien de faire des découvertes, mais il faut faire attention au syndrome de la malédiction du pétrole qui a    atteint plusieurs pays africains. Nigeria, Gabon et   Guinée Equatoriale etc. Qui, aux lendemains des indépendances, étaient des pays à vocation agricole, mais qui se sont jetés dans les mains de Dame pétrole. Pour    se concentrer sur l’exploitation pétrolière dont une bonne partie des ressources qui vont dans les caisses de ces Etats vont à l’importation de vivres pour nourrir leurs populations.  Aussi, ces exploitations se font dans la plupart des cas, aux détriments des populations locales dont les terres arables sont polluées et donc impropres à l’agricultures. Sans oublier la pollution de l’environnement avec ses effets collatéraux sur les populations, qui sont parfois oubliées dans le partage de la manne pétrolière. Les conséquences, nous les connaissons : séparatisme, famine et rébellions.

Consolider les acquis des Comité de   développement local minier, (Cdlm)

Il faut songer à un meilleur partage de la manne pétrolière ivoirienne à une plus large couche.  Heureusement, en Côte d’ivoire, depuis plusieurs décennies, un accent particulier est mis sur l’installation des Comités de développement local minier,(Cdlm). Les Comités de développement locaux miniers (Cdlm) ont pour vocation de contribuer au développement économique et social des localités impactées par les exploitations minières. Une structure placée sous l’autorité du préfet et dans laquelle siègent les comités de développement des villages, les sociétés minières et l’administration locale entre autres.

Avec pour objectif   réaliser    à partir d’un certain pourcentage des bénéfices réalisés par les exploitants miniers, des centres de santé communautaires et intégrés, de salles de classes, de logements d’enseignants et d’infirmiers, de châteaux d’eau, de laboratoire d’analyses médicales, et d’extension de l’électrification. Ce n’est pas tout !  Les Cdlm peuvent aider à créer des emplois pour les plus vulnérables, notamment les femmes et les jeunes.

Malgré des performances, le moment est venu de faire un audit dans tous les Cdlm, en vue d’identifier les dysfonctionnements éventuels, et trouver les solutions idoines aux menaces et risques éventuels.  Il faudra y mettre de l’ordre pour éviter   les   soupçons   de mauvaise gestion des ressources qui reviennent de façon récurrente, notamment dans la zone de Jacquesville( sud),  et  de Divo dans le Lo Djiboua.

 Maintenir le cap sur l’agriculture vivrière

La Côte d’Ivoire est un pays dont succès a reposé jusqu’à présent sur l’agriculture, devrait maintenir le cap. La première découverte de pétrole, courant 1977 au large de l'agglomération d'Assinie(sud-est), n’  a pas fait  changer  de cap  à feu Felix Houphouët  Boigny.  C’est à juste titre, que la coïncidence    du lancement officiel   du projet d’agropoles à Sinématiali ces derniers jours est à saluer. Mais doit amener les gouvernants ivoiriens actuels  à réfléchir.  Le projet de Pôles de développement agricole intégrés entrent dans leur phase d’exécution dans la Région du Poro( Nord).

Ledit projet a été   lancé le 27 juillet 2022 par le Premier ministre Patrick Jérôme Achi. Selon le ministre d'État, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, l'agropole Nord porte, entre autres, sur la mise en place d'un agroparc de 100 ha, d'une unité de transformation et de conditionnement de la mangue, la réhabilitation de 1 000 km de pistes rurales, la construction et la réhabilitation de six barrages hydroagricoles et de 55 étangs piscicoles.  Un chantier colossal d'un coût de 167 milliards de Fcfa, qui s'insère dans cette ambition nouvelle pour une Côte d'Ivoire plus prospère et plus solidaire. « Faire grandir l'agriculture ivoirienne, c'est faire grandir, chaque jour, le bien-être de nos compatriotes, c'est faire grandir demain la Côte d'Ivoire solidaire »   dit le chef du gouvernement ivoirien.    Il ne s’agira pas de l’annoncer mais, il faut en faire du concret. La Côte d’Ivoire a les atouts naturels d’être le grenier de l’Afrique de l’ouest.

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