Madagascar: Chanson à textes - Dadilahy la guerre, hommage aux tirailleurs malgaches

Comme le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono, Dadilahy la guerre fait allusion aux tirailleurs africains et malgaches qui ont combattu pour la métropole. Affaiblis et désargentés, les pays colonisateurs comme la France mobilisent ses colonies pour qu'elles combattent à leurs côtés. Dès lors, ils forment des tirailleurs africains pour devenir de la chair à canon.

Signifiant littéralement grand-père, Dadilahy n'est pas épargné, on l'oblige à quitter sa terre natale pour protéger la Métropole contre les Nazis. Ce grand-père qui avait à peu près 25 ans à l'époque. On lui a promis qu'une fois la guerre finie, son pays serait indépendant. En 1941, il quitte la Grande île et fait partie des 272 509 Malgaches embarqués sur les bateaux.

Reggasy, l'intersection. Ceux qui ont écouté Dadilahy la guerre ont compris le message des deux artistes aux parcours et rythmes différents. Ils forment un duo exceptionnel et ont su trouver un point de jonction pour réunir le salegy et le reggae. La chanson est bien arrangée et bien structurée. En cinq minutes, Abdou Day et Jaojoby résument la Deuxième guerre mondiale. Ce conflit qui avait une forte répercussion dans les pays colonisés, en l'occurrence dans le continent noir, une amère époque.

Avec une mélodie bien dosée, des textes riches et réfléchis, Day a bien choisi son accompagnant : Jaojoby, le roi du salegy. Chanteur engagé, ce griot de Bemarivo a accepté de chanter avec une nouvelle génération mélomane.

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Dadilahy mythifié. À travers les paroles d'Abdou Day et Jaojoby, on y trouve une sorte de mythification des grands-pères qui sont encore vivants, survivants de la Guerre mondiale. Comme il avait de la chance de rentrer au pays sans égratignure, il raconte ce qui s'est passé au pays des blancs à ses petits-fils. Il y avait des jeunes comme lui qui sont tombés au front. D'autres sont devenus infirmes à cause de la guerre. Dadilahy est en quelque sorte le héros de la famille. Non seulement Abdou Day rend hommage aux tirailleurs malgaches, mais il est reconnaissant pour ces grand-parents qui ont sacrifié leur vie pour leurs enfants.

À la quatrième minute de la chanson, Jaojoby intervient avec du salegy. Un rythme qui acclame le grand-père qui n'est pas mort à la guerre. " Il n'est pas mort, il est vivant ". Accompagné de percussions qui réanime l'auditeur, ce dernier en écoutant le rythme, revit l'année où Dadilahy est revenu, sain et sauf. Bien entendu, le soulagement de la famille se ressent à travers la voix du roi du Salegy.

" C'est l'histoire de mon grand père ", dixit Abdou Day à la fin de son morceau. Un dadilahy brave, un patriarche qui a vaincu l'adversaire de la " mère patrie ". Mais celle-ci n'a pas tenu sa promesse. Dadilahy ne reçoit qu'une petite médaille. Il a fallu attendre 15 ans après la guerre pour que son pays reçoive son Indépendance.

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