Sénégal: Appel à un engagement de tous contre la traite des personnes

Dakar — Le directeur du bureau régional de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Amado Philip de Andrés, a saisi l'occasion offerte par la célébration de la journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes, ce samedi, à Dakar, pour demander à tous de "s'engager pour arrêter la saignée que constitue ce fléau".

"A l'occasion de cette journée mondiale de lutte contre la traite des personnes (... ), je lance un appel à tous : gouvernants, secteur privé, société civile, artistes, chefs religieux, citoyens ordinaires à s'engager pour arrêter la saignée que constitue ce fléau", a-t-il dit, lors de la cérémonie, qui a eu lieu à l'institut Cervantès.

La manifestation s'est tenue en presence des ambassadeurs des Pays-Bas, d'Espace, du Cameroun, de la Gambie et du Portugal, ainsi que des représentants du système des Nations unies à Dakar.

Docteur Amado Philip de Andrés estime que "la traite des personnes a pour finalité, à 60%, l'exploitation sexuelle, mais aussi la mendicité des enfants et le prélèvement des organes".

Le choix de Dakar pour arbiter cette cérémonie de commémoration s'explique par le fait que le Sénégal est un champion au niveau mondial lorsqu'il s'agit de la prévention et de la coopération régionale et inter régionale dans la lutte contre la traite des personnes, a-t-il précisé.

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La Gambie, selon lui, excelle dans la poursuite pénale des trafiquants de la traite des personnes qu'il qualifie de "crime contre l'humanité".

"A l'échelle mondiale, le profit que génère ce crime est évalué à 32 millions de dollars Us par an. Les passeurs qui convoient les Ouest Africains vers l'Europe généreraient des profits à hauteur de 150 millions de dollars Us par an", indique l'ONUDC dans son rapport 2020.

Selon ce rapport mondial, 74.541 victimes de traite ont été répertoriées entre 2017 et 2018 à l'échelle mondiale.

Le coordonnateur résident du Système des Nations unies au Sénégal, Siaka Coulibaly, a appelé à l'unité pour prévenir et combattre ce crime, rappelant que l'Afrique de l'Ouest et du Centre est une région d'origine, de transit et de destination pour les victimes de la traite.

La majorité des victimes détectées sont des victimes à des fins de travail forcé (77%), d'exploitation sexuelle (20 %), a-t-il précisé. Il observe que les enfants représentent la majorité de ces victims, avec 42 % de garçons et 35 % de filles dans la région Afrique de Ouest en 2018.

"Il est essentiel, dit-il, que nous nous unissions tous pour prévenir et combattre ce crime terrible qui ne connaît pas de frontières", a-t-il dit.

Selon lui, les criminels sont pleins de ressources et de créativité. "Seule une approche holistique et multidisciplinaire pour répondre à la traite des personnes peut nous permettre d'y réussir", a-t-il estimé.

La journée est célébrée sur le thème "Utilisation et abus des technologies".

"Il [le thème] se focalise autour du rôle de la technologie dans la lutte contre la traite des personnes, mais aussi sur la technologie en tant que catalyseur de ce crime", explique M. Coulibaly.

La représentante de la cellule de lutte contre la traite des personnes au ministère de la Justice du Sénégal estime que l'accent doit être mis sur la traque des trafiquants, la protection des victimes et les outils de coopération, pour une meilleure efficacité de la lutte.

Une chanson intitulée "Blue heart" (Cœur bleu), dédiée à la campagne de sensibilisation, a été dévoilée par sa compositrice, la chanteuse franco-sénégalo-canadienne Alexiane Silla.

Le morceau, très émouvant chanté en anglais et en wolof, appelle à un arrêt de l'esclavage des enfants. Le single va accompagner la campagne de sensibilisation contre ce fléau. Un concert est d'ailleurs prévu en novembre, à Dakar, informe le directeur régional de l'ONUDC.

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