Afrique: Déclaration du Directeur général de l'OMS lors de la conférence de presse qui a suivi le Comité d'urgence du Règlement sanitaire international concernant l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne (variole du singe) - 23 juillet 2022

communiqué de presse

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.

Il y a un mois, j'ai convoqué un comité d'urgence au titre du Règlement sanitaire international (RSI 2005) pour déterminer si la flambée épidémique multipays d'orthopoxvirose simienne constituait une urgence de santé publique de portée internationale.

Lors de cette réunion, bien que des points de vue divergents aient été exprimés, un consensus s'était dégagé au sein du comité pour estimer que l'épidémie ne représentait pas une urgence de santé publique de portée internationale.

À l'époque, 3040 cas d'orthopoxvirose simienne avaient été signalés à l'OMS dans 47 pays.

Depuis lors, l'épidémie n'a cessé de prendre de l'ampleur et l'on signale désormais plus de 16 000 cas, et cinq décès, dans 75 pays et territoires.

Compte tenu de l'évolution de l'épidémie, j'ai de nouveau convoqué le comité jeudi de cette semaine pour examiner les dernières données et me donner des conseils en conséquence.

Je remercie le comité d'avoir examiné attentivement les éléments de preuves et les questions qui se posent.

À cette occasion, le comité n'a pas été en mesure de parvenir à un consensus sur la question de savoir si l'épidémie représentait une urgence de santé publique de portée internationale.

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Les raisons que les membres du comité ont invoquées en faveur d'une telle déclaration ou contre celle-ci sont exposées dans le rapport que nous publions aujourd'hui.

Comme le prévoit le Règlement sanitaire international, je suis tenu de prendre en considération cinq éléments pour décider si une flambée épidémique constitue une urgence de santé publique de portée internationale.

Premièrement, les informations fournies par les pays - qui dans ce cas montrent que ce virus s'est propagé rapidement à de nombreux pays qui ne l'avaient jamais rencontré auparavant.

Deuxièmement, les trois critères de déclaration d'une urgence de santé publique de portée internationale, qui ont été satisfaits.

Troisièmement, l'avis du comité d'urgence, qui n'est pas parvenu à un consensus.

Quatrièmement, les principes, éléments de preuve et autres informations scientifiques pertinentes - qui, en l'état actuel, ne suffisent pas et nous laissent avec de nombreuses inconnues.

Et, cinquièmement, le risque pour la santé humaine, le risque de propagation internationale et le risque d'entraves au trafic international.

Selon l'évaluation faite par l'OMS, le risque que fait peser l'orthopoxvirose simienne est modéré à l'échelle mondiale et dans toutes les régions, à l'exception de la région européenne où nous estimons que le risque est élevé.

Il existe également un risque manifeste de propagation internationale ultérieure, même si le risque d'entraves au trafic international reste faible pour le moment.

Bref, nous sommes face à une épidémie qui s'est propagée rapidement dans le monde entier, par de nouveaux modes de transmission, que nous ne comprenons pas suffisamment et qui répond aux critères du Règlement sanitaire international.

Pour toutes ces raisons, j'ai décidé que l'épidémie mondiale d'orthopoxvirose simienne (variole du singe) constituait une urgence de santé publique de portée internationale.

En conséquence, j'ai formulé une série de recommandations à l'intention de quatre groupes de pays :

Premièrement, ceux qui n'ont pas encore signalé de cas d'orthopoxvirose simienne ou qui n'en ont signalé aucun depuis plus de 21 jours.

Deuxièmement, ceux qui ont depuis peu des cas importés d'orthopoxvirose simienne et qui enregistrent une transmission interhumaine.

Cela comprend des recommandations visant à mettre en œuvre une riposte coordonnée pour enrayer la transmission et protéger les groupes vulnérables ;

pour mobiliser et protéger les communautés touchées ;

pour renforcer la surveillance et les mesures de santé publique ;

pour consolider la prise en charge clinique et la lutte anti-infectieuse dans les hôpitaux et les centres de soins ;

pour accélérer la recherche sur l'utilisation des vaccins, des traitements et d'autres outils.

Il s'agit également de recommandations sur les voyages internationaux.

Le troisième groupe de pays concerne ceux où l'orthopoxvirose simienne se transmet entre les animaux et les humains.

Enfin, le quatrième rassemble les pays disposant d'une capacité de fabrication de produits de diagnostic, de vaccins et de traitements.

L'ensemble de mes recommandations est à retrouver dans ma déclaration.

Je remercie le comité d'urgence de ses délibérations et de ses conseils. Je sais que cette démarche n'a été ni facile ni évidente et que les membres ont des points de vue divergents.

Le Règlement sanitaire international reste un outil essentiel pour faire face à la propagation internationale des maladies.

Cependant, ce processus apporte une fois de plus la preuve que cet outil vital doit être affûté pour le rendre plus efficace.

Je me félicite donc qu'en parallèle de la négociation d'un nouvel accord international sur la préparation et la riposte aux pandémies, les États Membres de l'OMS envisagent également des modifications ciblées du Règlement sanitaire international, y compris des solutions pour améliorer le processus de déclaration d'une urgence de santé publique de portée internationale.

Bien que je déclare une urgence de santé publique de portée internationale, il s'agit pour l'instant d'une épidémie qui se concentre chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, en particulier ceux qui ont plusieurs partenaires sexuels.

Cela signifie qu'il s'agit d'une épidémie à laquelle on peut mettre fin en appliquant les bonnes stratégies dans les bons groupes.

Il est donc essentiel que tous les pays travaillent en étroite collaboration avec les communautés d'hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes dans le but de concevoir et de fournir des informations et des services efficaces et d'adopter des mesures qui protègent la santé, les droits humains et la dignité des communautés touchées.

La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n'importe quel virus.

Outre nos recommandations aux pays, j'appelle également les organisations de la société civile, y compris celles qui ont l'expérience d'actions menées auprès des personnes vivant avec le VIH, à travailler avec nous pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination.

Quoi qu'il en soit, avec les outils dont nous disposons actuellement, nous pouvons arrêter la transmission et maîtriser cette épidémie.

Je vous remercie.

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