Madagascar: Portrait - Toirech Mohammed, un humour malgacho-yéménite

Il enregistre plus de 14 207 abonnés. Influenceur-humoriste, Momo, Toirech Mohamed à l'état civil, est l'un des artistes les plus suivis dans la région DIANA. Aujourd'hui, il commence à sortir de sa tanière, il livre des spectacles et des stands-up dans la Ville du Pain de sucre. D'ailleurs, il sera en live à l'Alliance Française d'Antsiranana le 17 septembre prochain. Les suiveurs des conseils de Momo vont se régaler ! L'équipe de Midi Madagasikara a eu l'opportunité d'interviewer l'artiste de 30 ans.

Vous êtes à la fois influenceur et humoriste. Quelles sont vos sources d'inspiration ? Et depuis quand êtes-vous dans ce domaine ?

Oui à la fois influenceur et humoriste et chanteur. Mes sources d'inspiration sont Jamel Debbouze et Gad Elmaleh. Étant petit, je regardais les spectacles de Gad chez mon père et c'est là que j'ai connu le domaine de la comédie, c'était en 2008 quand j'étais en classe de seconde. J'aime faire rire les gens. Puis un peu plus tard, j'ai découvert Jamel Debbouze et le Jamel Comedy Club. Je suis influenceur depuis 2 ans. Je pense que ma carrière a démarré lorsque j'ai fait la publication humoristique du magasin d'un ami (Saidou boutique). Les gens ont aimé mon style et j'ai reçu pas mal de demandes.

Vous avez cette racine yéménite, et une solide branche malgache... Est-ce un atout pour vous ? Parlez-vous de cela dans vos sketchs ?

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C'est mon identité. Je dirai que c'est un atout pour moi vu la différence culturelle. Mais ces deux cultures ont une similarité, un point commun. Dans mes sketchs, j'essaye de faire une comparaison des cultures (française, arabe, malgache). Je relate la réalité et j'incite les jeunes à travailler (école, boulot, tâches ménagères,... ) au lieu de rester scotché sur la vie imaginaire à travers le téléphone.

Parler le français, est-ce un choix ? Votre message est-il dédié uniquement aux étrangers ?

Parler le français est un choix. Je suis plus à l'aise en français qu'en malgache. Je ne dis pas que je ne sais pas parler le malgache, au contraire, je le parle bien. Mais je suis complexé par mon accent que je trouve assez terrible. Par ailleurs, j'ai eu la chance d'avoir poursuivi mes études dans des écoles francophones. Et puis à Diego, les gens communiquent en français comme en malgache. Mon sketch est pour tout le monde. Mon public est varié, cosmopolite et composé de toutes les tranches d'âge : enfants, jeunes, vieux, Malgaches, étrangers ... Je gâte tout le monde.

À chaque fois que vous commencez vos sketchs, vous saluez votre public en disant "Salut les sorciers" ! Pourquoi ?

Je devais trouver un surnom pour mes abonnés, et les termes " chéris, loulous, la famille " sont déjà pris. Moi je suis du genre à ne pas suivre ce que font les autres. J'aime bien traiter mes amis de "sorcier" quand ils font des choses qui me secouent... Alors je me suis dit, je vais les appeler "sorcier" ... et hamdoulilah (Dieu merci), je n'ai jamais eu de problème avec.

Vous avez des milliers d'abonnés. Votre réaction ? Avez-vous ce sentiment de peur avec tout ce monde qui vous suit?

C'est plus de la fierté parce qu'à la base, j'ai créé la page sans vraiment m'attendre à ce qu'un jour je sois connu et que j'aurai des fans. Pour moi, c'était juste parce que j'avais 20 partages de mes "statuts" sur mon compte privé. Je ne faisais que des postes jusqu'à ce que je commence à faire une vidéo. À l'époque, je me contentais de 50 vues, 100 vues puis ça a évolué. À un moment, j'étais trop gourmand, je voulais plus d'abonnés, je faisais même des jeux pour en avoir. Mais après, je me suis rendu compte que ce n'est pas le nombre des abonnés qui est important mais le bonheur que je donne au public et le sourire et le plaisir que je leur procure. Je reçois des messages, on m'encourage, et voilà, je suis content aussi.

 Vous parlez d'une jeunesse tumultueuse dans vos sketchs. Avez-vous vécu une enfance difficile ?

Ma jeunesse ! Je suis issue d'une famille arabo-musulmane. Et comme tout enfant arabe de ma génération, j'ai été élevé à l'ancienne. On ne devait sortir de notre ruelle que pour l'école, madrassa et la mosquée. Parfois, quand on en avait l'occasion, on s'éclipsait un peu, on était une bande de deux Arabes (moi et mon frère), deux frères Indiens et deux Comoriens. J'ai passé mon enfance avec eux jusqu'à ce que mes parents se séparent et qu'on change de quartier. En somme, la routine c'était ça : école, madrassa, mosquée... . À l'école, j'ai appris une autre religion qui n'était pas la mienne et que j'ai d'ailleurs respectée. C'était la prière avant de commencer les cours et pour finir les cours. À la madrassa et à la mosquée, j'ai appris l'Islam qui était la base de l'éducation à la maison, et dans la rue, on entendait des insultes mais que moi je n'osais pas répéter à la maison. J'étais ce petit ange chez mes parents et dans la rue, j'étais le petit caïd (rires).

Comment trouvez-vous Diégo-Suarez, votre terre natale, votre terre d'accueil ?

C'est une ville superbe. Tout le monde ne peut pas être sympa mais pour moi, vivre à Diego est une chance. Malgré la diversité des ethnies, des origines, des nationalités et des religions, on vit quand même en harmonie. J'ai des amis chrétiens et d'autres issus d'autres régions du globe mais l'harmonie est là. J'aime Diégo. Madagascar est également ma patrie !

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