Afrique: Le continent peaufine sa stratégie pour plus de financements de l'action climatique

Director for Technology, Climate Change and Natural Resources Management, United Nations Economic Commission for Africa (UNECA)
1 Août 2022

L'Afrique prépare activement la conférence sur les changements climatiques, dite COP 27 prévue du 7 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Egypte. Une opportunité que le  continent veut saisir pour corriger les erreurs de la conférence précédente qui avait enregistré des engagements largement en deçà des attentes sur le plan financier. La Commission économique pour l'Afrique (Cea) qui a posé le débat en conférence de presse virtuelle, ce lundi 1er août, rappelle les enjeux de ce rendez-vous appelé « Cop de l'Afrique ».

« Vers la COP27 : Dialogue régional africain sur les initiatives climatiques pour financer l'action climatique et les ODD ». C'est le thème de la conférence de presse que la Commission économique pour l'Afrique (Cea) a organisé ce lundi 01 août 2022.

Une rencontre pendant laquelle M. Jean-Paul Adam, Directeur, Technologie, changement climatique et ressources naturelles à la CEA a rappelé les priorités de l'Afrique en matière de lutte contre les changements climatiques. La question du financement qui sera au cœur de la prochaine COP a été mise en exergue.

Un exercice ayant permis de retracer l'itinéraire de la COP 26 à la COP 27 mais aussi de se rendre compte de l'urgence d'augmenter les ambitions dans la mesure où si les objectifs de 2030 sont atteints, le monde sera sur la bonne voie pour un réchauffement de 2,4 °C.

D'où la nécessité, selon M. Adam, d'une transition juste. Pour lui, en Afrique, l'amélioration de l'accès à l'énergie ouvrira la voie.

A propos de l'adaptation, le Directeur, Technologie, changement climatique et ressources naturelles de la CEA, révèle que des progrès ont été notés à la COP 26 à Glasgow, avec un engagement de 356 millions de dollars représentant 50% du financement de l'adaptation.

Alors que les engagements nécessaires sont chiffrés à 70 milliards par an pour faire face aux changements climatiques.

Ce qui démontre l'importance du gap à résorber en termes de financement qui doivent s'élever à des milliers de dollars. A en croire M. Adam, les États africains devraient dépenser 9% de leur budget pour faire face aux changements climatiques parce qu'ils sont frappés de plein fouet.

Devant cet état de fait, il estime que les mécanismes de financement ne doivent pas se faire sur la base de la réalité géopolitique mais sur la base de la réalité.

Sur cette lancée, il invite à veiller à ce que les investissements tiennent compte des énergies fossiles mais aussi travailler à rendre accessible les énergies renouvelables.

Avant de confier que l'Afrique aura besoin d'un investissement de 550 milliards de dollars US pour espérer atteindre l'accès universel à l'horizon 2030.

La question du financement du climat est une sur-priorité pour l'Afrique. Les projections faites montrent que dès 2025, 500 milliards de dollars auraient dû être mobilisés.

Ce qui, selon Jean-Paul Adam, signifie qu'en 2022 avoir une accélération du taux de mobilisation pour atteindre cette somme.

Cette conditionnalité pose le besoin de plus de clarté sur les fonds disponibles surtout les dons mais également un engagement fort du secteur privé africain pour atteindre.

Un organe de surveillance du crédit carbone souhaité

Face au déficit énergétique qui frappe l'Afrique, la CEA attire l'attention des autorités sur  le commerce du carbone avec l'opportunité de tirer parti du patrimoine naturel du continent.

Devant cet état de fait, M. Adam salue les initiatives prises pour que l'Afrique parle d'une seule voix à la COP 27.

Différentes rencontres préparatoires sont tenues pour renforcer la position de l'Afrique dont le sommet pré-COP qui vient de se tenir ce mois de juillet en RDC, la rencontre sur le financement en Egypte, la table-ronde régionale de Maputo sur la question, le week-end africain sur le climat en août à Abuja.

A cela s'ajoutent la conférence des ministres africains prévue en septembre prochain à Sharm El Sheikh et la pré-COP en octobre de cette année.

Entre autres solutions figure le crédit carbone qui, selon M. Adam, est un domaine par lequel la CEA passe pour appuyer plusieurs pays africains à mobiliser des ressources. C'est à l'image des travaux menés par la CEA qui visent à aider les pays du Bassin du Congo à avancer dans ce sens.

En vue de la COP 27, confie M. Adam, un organe de surveillance doit être créé mais aussi un programme de renforcement de capacité des pays établi.

A son avis, c'est une occasion qui s'offre aux pays africains qui sont les détenteurs des plus grands puits de carbone au monde. « L'Afrique peut produire des recettes de 15 à 80 milliards de dollars grâce à la séquestration du carbone ».

Avant de souligner qu'un système de produits carbone bien structuré permettrait à l'Afrique de préserver ses ressources. Ce qui nécessite la mise en place d'indicateurs de performance.

Pour lui, l'Afrique est en retard pour bénéficier des obligations vertes et autres types de financements qui lui permettraient de renforcer sa résilience.

A son avis, les piliers de la transition énergétique sont le financement, l'intégration régionale, la mise en application de meilleurs cadres et l'utilisation de l'outil technologique.

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