Afrique: ONU - A quoi servent vraiment ces missions de la paix ?

analyse

Il ne fait pas bon actuellement d'être porte-parole des missions de maintien de la paix des Nations unies, particulièrement en Afrique.

Le 20 juillet dernier, le porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a en effet été déclaré persona non grata au pays de Modibo Keïta. Il lui était reproché des déclarations tenues dans l'affaire dite des "49 mercenaires ivoiriens". Olivier Salgado avait en effet assuré dans une série de tweets que les autorités maliennes étaient bel et bien au courant de l'arrivée des éléments du 8e contingent ivoirien de soutien à la MINUSMA arrêtés dès leur débarquement dans la capitale malienne le dimanche 10 juillet 2022 et détenus depuis.

Quelque trois semaines après, c'est son homologue de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) qui subit le même sort. Mathias Gillmann a en effet été sommé de plier bagage, accusé d'avoir envenimé la tension qui a éclaté depuis quelques jours avec les populations qui s'en sont pris aux installations de la MONUSCO dans plusieurs villes dont Goma, Beni et Butembo. Des affrontements qui ont fait 36 décès dont 4 Casques bleus.

Il est notamment reproché à Mathias Gillmann d'avoir soutenu dans une interview à RFI que le fait de diriger une part importante des ressources de la MONUSCO et de l'armée congolaise dans la lutte contre le M23 déteignait négativement sur les autres régions du pays et que la rébellion avait l'allure d'une armée conventionnelle avec des équipements sophistiqués.

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C'était plus que ne pouvait supporter le président Félix Tshisekedi qui a donc décidé de renvoyer le fonctionnaire onusien à ses chères études diplomatiques.

Sale temps donc pour les porte-paroles, boucs émissaires, s'il en est, des missions onusiennes dont l'efficacité a toujours été sujette à caution!

Qu'il s'agisse de la MINUSMA avec ses 14 000 hommes, militaires, policiers et civils confondus, ou de la MONUSCO, la mission la plus longue et la plus coûteuse de l'histoire avec un budget d'un milliard de dollars par an, force est de reconnaître que l'impact de leur intervention ne saute pas toujours aux yeux.

Si on ajoute à cela les scandales, parfois sexuels, dans lesquels leurs éléments sont impliqués, il y a de quoi accroître le ressentiment des populations qui vivent dans l'insécurité et bouffent de la vache enragée aux côtés des Bérets bleus dont l'ONU gagnerait sans doute à repenser aussi bien la mission, le mandat, la composition, etc.

Cela d'autant plus que dans certains pays contributeurs, il existe une véritable filière quasi mafieuse, politico-judiciaire, autour de ces fameuses missions qui enrichissent beaucoup de gens, provoquant au passage quelques grincements de dents dans les rangs.

Certes, aucune mission de maintien de la paix n'a vocation à remplacer les Etats parfois faillis mais à quoi bon rester éternellement sur place si les résultats ne sont pas tangibles ?

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