Congo-Kinshasa: "Il faut que ce retrait soit fait de manière stratégique"

Un bilan provisoire officiel fait état d'au moins 32 personnes tués dans les récentes manifestations contre la Monusco dans l'est de la RDC. Le gouvernement congolais a de son côté demandé le renvoi du porte-parole de la force onusienne.

Parmi ceux qui demandent même le départ de la Monusco, outre la société civile et certains responsables politiques, il y a également l'église du Christ au Congo (ECC). Mais dans une interview qu'il nous a accordé, le révérend Senga, porte-parole de l'ECC, insiste toutefois sur le fait que ce départ ne doit pas être précipité.

DW : le gouvernement congolais a demandé aux Nations unies le départ dans un "bref délai" de son porte-parole. Depuis le 25 juillet, des manifestants en colère ont saccagé et pillé des installations de la mission de l'ONU présente en RDC depuis 1999. Plusieurs voix s'élèvent depuis 2019 pour réclamer le départ de la Monusco, quelle est la position de l'ECC ?

Révérend Senga : Ce retrait ne devrait pas se faire dans la précipitation. Peu importe les reproches et remarques que nous pouvons formuler à l'encontre de la Monusco, nous ne pouvons nullement ignorer tout le travail qu'elle a abattu dans ce pays. Dans sa communication, l'Église du Christ au Congo avait formulé une proposition pour qu'il y ait une tripartite entre le gouvernement, la Monusco et la société civile. Vous êtes sans ignorer qu'il y a quand même beaucoup de faiblesses au niveau de nos forces de défense, tant sur le plan de la logistique que d'autres aspects. Il faudrait que ces retraits soient faits de manière réfléchie, de manière stratégique, pour ne pas laisser une bombe après le départ de la Monusco.

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DW : S'il y a un retrait immédiat de la Monusco, la RDC sera-t-elle en mesure de se défendre vis-à-vis des multiples groupes armés qui sévissent dans l'Est, vis-à-vis des pays voisins qui l'entourent ?

Révérend Senga : Ce ne serait pas prudent parce que la nature même de la crise est multidimensionnelle. Je pense qu'en ne considérant que l'aspect militaire ce serait mal analyser la nature de la crise. Cette crise est à la fois militaire, diplomatique, politique et géostratégique.

DW : On sait également que la Monusco a longtemps accompagné la RDC dans les différents processus électoraux auxquels le pays a eu à faire face. Qu'est ce qu'il adviendra en 2023, si la Monusco devait quitter la RDC dans les prochains mois ?

Révérend Senga : C'est justement ce qui nous pousse à interroger toute la cacophonie derrière ce retrait. Nous avons l'impression qu'il y a anguille sous roche. Le contexte électoral aujourd'hui et le paysage politique ne rassurent nullement sur la tenue des élections apaisées. Déjà, il y a cette guerre à l'est et vous l'avez soulignée plusieurs fois, la Monusco a toujours contribué sur le plan logistique dans les processus électoraux. A mon humble avis, aujourd'hui je ne vois pas la RDC être en mesure d'assumer ce processus électoral sans l'appui logistique de la Monusco. Sauf si il y a des miracles qu'on nous réserve, alors on serait intéressé à les savoir.

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