Madagascar: Histoire - Jasmina Ratsimiseta, poète dans les rangs

Au prisme des certitudes sociales et culturelles contemporaines, Jasmina Ratsimiseta (1890-1946) fait partie de cette première génération désabusée. Tiraillée entre le patriotisme cinglant, jusqu'à sacrifier sa vie, et le libéralisme occidental, économique camouflé par celui du verbe et des idées.

Formé dans la moule, Andrianjafitrimo, d'ascendance noble, alors rédacteur en chef du journal " Ny Basivava ". Une presse française, payée par l'administration coloniale, dont la teneur était une propagande décalée des visions occidentales.

Comme il fallait une personne " qualifiée ", respectable aux yeux des chrétiens et des érudits malgaches. Ces derniers étant suspicieux des intentions françaises, Andrianjafitrimo symbolisait cette rectitude, presque blême, et ce respect de ses compatriotes.

Durant son passage dans ce journal, colonialiste en somme, il a formé les premiers écrivains pré-indépendance. La promotion dénommée " mpanoratra zokiny ", ou " ainés des écrivains " dans laquelle figuraient Ny Avana Ramanantoanina, Jasmina Ratsimiseta, Ramaholimihaso...

Quant à Jasmina Ratsimiseta, son parcours cadre bien avec les intentions de la plus haute sphère de " Ny Basivava ". Comme la Vy Vato Sakelika (VVS) possédait un charisme auprès des jeunes, les colons ont vite compris les perspectives d'une " oppression culturelle " envers cette catégorie.

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L'auteur de " Raha maty aho ", était formé dans l'école le Myres et Vilers à Mahamasina. Un enseignement du troisième degré, élitiste et surtout socialement bien vu dans l'Antananarivo de plus en plus enclin aux valeurs occidentales.

À une époque où des appellations comme " enseignement indigène " constituait une sorte d'usine à rendre plus humain et digne du paradis le " citoyen de troisième zone ". Effort de civilisation européenne des lumières, d'un côté, et discrimination raciale, de l'autre, allaient alors de pair.

La consécration sociale ultime chez l'indigène était d'accéder au troisième degré. Être vu comme un presque " blanc ". Par contre, Myres de Vilers produisait une élite révolutionnaire. Jasmina Ratsimiseta faisait partie de celle-ci.

L'établissement était la principale pépinière des éléments de la " VVS ". Poussant l'administration coloniale à y éliminer certaines matières. En 1916, la société secrète pour libérer Madagascar, fût démantelée brutalement par les français.

Alors, vint l'idée de créer " Ny Basivava ". Sans doute pour apaiser les tensions au sein des élites, baromètre de la population, et offrir à cette élite déçue de se lâcher. Le journal adopte un style décontracté, voire décalé.

Finalement, Jasmina Ratsimiseta rentre dans les rangs. Tandis que la France diffuse sournoisement ses idées de lumière, économique et politique sur Madagascar. Cela a valu des dizaines de milliers de morts du côté malgache.

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