Afrique de l'Est: L'ONU confirme l'implication du Rwanda dans l'Est du Congo

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interview

Le rapport précise qu'"à plusieurs reprises, des images aériennes ont montré de grandes colonnes comptant jusqu'à 500 hommes armés à proximité des frontières de la RDC, du Rwanda et de l'Ouganda, se déplaçant de manière très organisée et portant une tenue et un équipement militaires standardisés (uniformes et casques très similaires à ceux des RDF)", les forces armées rwandaises.

Les experts indiquent que Kigali a également "fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et de zones stratégiques". Ce rapport vient corroborer une thèse avancée par Kinshasa depuis des mois et niée par Kigali.

Dans cet entretien qu'il nous a accordé, le politologue Jean Claude Mputu, estime que les Nations unies devraient condamner le Rwanda. Et pour lui, les critiques portées contre la Monusco sont en partie injustes.

Dans un tout récent rapport, l'Onu confirme des incursions militaires rwandaises en RDC. Kinshasa a toujours avancé cette théorie mais Kigali l'a toujours rejetée. Que pensez-vous de l'effet que pourra avoir cette confirmation ?

Kigali a toujours nié mais tout le monde le savait, la société civile, les autorités congolaises, la Monusco, tous le savaient, même s'ils ne le disaient pas. Maintenant qu'un groupe d'experts envoyés sur place confirme ces éléments et que les Nations unies ont la confirmation de l'intervention rwandaise au Congo, que va-t-il se passer ? Va-t-on continuer à protéger le Rwanda parce qu'il participe à la force de maintien de la paix au Mozambique et en Centrafrique ? Ou bien va-t-on prendre des mesures contre un Etat qui viole les lois internationales, qui tue et massacre des populations innocentes dans l'Est du Congo ?

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Le rapport précise que l'armée rwandaise a lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des forces armées congolaises, et ce depuis novembre 2021.

Le rapport parle de novembre 2021, mais ça fait 20 ans que le Rwanda s'est donné carte blanche dans l'est du Congo. On en parle parce que cette fois ci, ils ont pris des villages avec les M23, ils ont voulu consolider les positions des M23. Nous avons un véritable problème parce que d'un côté, on a un gouvernement congolais qui nous dit que la solution va venir des pays voisins alors que nous sommes clairement dans une guerre avec des objectifs de pillage des ressources. J'espère que cette fois ci, les Nations unies vont prendre les mesures qu'il faut et que du côté congolais, il y aura l'urgence de se dire enfin, il est temps qu'on s'organise et qu'on travaille sérieusement à la protection de notre territoire.

En parlant des Nations unies, vous n'êtes pas sans ignorer que, récemment, le gouvernement congolais a demandé l'expulsion du porte-parole de la Monusco. Il y a également eu toute une série de manifestations dans l'est du pays pour réclamer le départ de cette force onusienne. Avec cette nouvelle donne, quelle sera la suite ?

La suite est assez complexe. D'une part, la population a raison d'être en colère parce que la présence des Nations unies n'empêche pas l'armée rwandaise d'intervenir au Congo. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu une condamnation ferme des Nations unies vis-à vis du Rwanda et de son occupation dans la guerre qu'il mène en RDC. Ceci étant dit, l'expulsion du porte-parole de la Monusco arrive dans un contexte où je pense qu'on veut faire de la Monusco, un bouc émissaire de l'échec de notre propre politique, de notre propre gouvernement à protéger notre territoire, ce qui n'est pas juste à l'endroit de la Monusco.

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