Kenya: Elections au pays - A Kisumu, comment les victimes des violences de 2017 abordent le vote?

À Garden City Estate, un quartier aisé de Nairobi, Sarah Muthoni, présidente du bureau de vote pour le volet cinq, compte chaque bulletin sous le contrôle des agents des partis politiques.

A 24 heures des élections au Kenya, le spectre de violences post-électorales persiste. En 2017, 104 personnes ont été tuées par des forces de l'ordre ou des gangs armés d'après l'ONG Human Rights Watch. Le scrutin avait été fortement contesté, notamment par Raila Odinga. La Cour suprême avait annulé l'élection et un nouveau vote avait été organisé, boycotté par l'opposition. A Kisumu, fief d'Odinga dans l'Ouest du Kenya, ses partisans étaient descendus dans la rue pour protester, se retrouvant face à face avec la police. Beaucoup ont souffert de violences. Parmi les survivants, l'approche d'un nouveau scrutin fait remonter des souvenirs douloureux.

Emma retient difficilement ses larmes. Raconter son histoire est douloureux. La jeune femme a été violée par cinq hommes lors des élections de 2017. Ils sont entrés par effraction dans son appartement de Nyalenda, quartier informel de Kisumu.

L'approche d'un nouveau scrutin l'effraie. " Je ne sais pas comment ça va se passer. Mes enfants sont ici avec moi car je n'ai pas les moyens de les envoyer chez leurs grands-parents. La perspective que le même scénario se reproduise me fait très peur. Peur pour moi mais aussi pour mes enfants. J'ai des filles. J'ai peur qu'ils viennent et leur fassent la même chose. "

Dans son immeuble, elles sont plusieurs à avoir été violées. Cette année, elles s'organisent. " Nous avons décidé que nous allions rester ensemble dans le même appartement. De cette façon, s'ils reviennent, nous avons plus de chance de pouvoir nous défendre. "

Emma n'est pas la seule à être terrorisée dans le quartier. Que ce soit Lydia, dont la fille de deux ans a reçu une balle dans l'épaule. Ou Simon qui a été tabassé chez lui. Les habitants redoutent l'élection. Boniface Ogutu Akach milite pour briser ces cycles de violences. La situation actuelle l'inquiète déjà.

" Si Raila perd, il y a un vrai risque de violences. Il y a eu des tensions tout au long de la campagne avec de nombreux cas de violences, notamment des affrontements entre bandes criminelles. Des politiciens essaient également de recruter des gangs. "

L'activiste se bat aussi pour que justice soit faite... les victimes de 2017 attendent toujours.

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