L’organisation humanitaire et de développement qui œuvre pour faire avancer les droits des enfants et l’égalité filles-garçons travaille est à la quête d’un nouveau modèle de parrainage. C’est dans ce sens qu’elle a tenu, les 3 et 4 août 2022 à Dakar, le «Sommet de mobilisation des Alumni : réflexion sur les apprentissages/leçons tirées et prochaines étapes». Ce qui a posé les jalons de la création d’un grand réseau d’agents de changement composé d’anciens et d’actuels parrainés.
Après 70 ans de parrainage des enfants défavorisés, Plan international veut repenser le parrainage qui est le dispositif à travers lequel les jeunes alumni émergent.
L’ONG veut initier un nouveau modèle qui prend en compte le contexte actuel mondial pour mieux impacter la vie d’enfants nécessiteux.
D’où le caractère décisif du « Sommet de mobilisation des Alumni : réflexion sur les apprentissages/leçons tirées et prochaines étapes », tenues les 3 et 4 août 2022 à Dakar.
Selon le Dr Fatoumata Haïdara, directrice pour le Sahel de Plan international en Afrique de l’Ouest et du Centre cette rencontre est exceptionnelle parce que le parrainage est passé de quatre pays en 2020 à 21 en 2022 à travers l’Afrique de l’Ouest, du Centre et des autres parties du continent.
Face à un contexte évolutif, Plan international veut élaborer un nouveau modèle en connectant les enfants parrainés officiellement et les alumni qui doivent les servir de sources d’inspiration.
Selon Mme Haidara, Plan à travers sa stratégie mondiale, veut toucher 100 à 200 millions d’enfants parrainés. « Avec ces alumni, on parle même de 360 millions d’enfants parrainés dont les 240 millions sont des filles en les 2000 sont d’anciens enfants parrainés ».
Pour nous, précise-t-elle, « la meilleure façon d’atteindre nos objectifs c’est d’utiliser ce réseau pour reprogrammer nos ambitions ».
Avant d’ajouter : « Ce n’est pas une initiative isolée. Elle est connectée dans tout ce que nous faisons par rapport à notre stratégie globale dont les trois piliers concourent vers cette initiative de sponsorship et d’enfants parrainé ».
Sur cette même lancée, le directeur par intérim de Plan international au Sénégal, M. Souley Harouna Issaka, pense que la rencontre de Dakar était une opportunité de mettre en œuvre un engagement de Plan de repenser son approche de programmation.
Pour lui, l’ONG a pensé ramener les anciens parrainés au cœur de ses programmes pour pouvoir développer une approche beaucoup plus structurée avec l’engagement des jeunes alumni dans les programmes de parrainage et le programme d’influence dans leur communauté.
Il s’est agi de voir comment construire un avenir dans lequel ces anciens parrainés qui connaissent mieux les limites du programme, sont au cœur de l’approche de programmation de Plan international. « Cela marque le démarrage d’une nouvelle façon de penser pour mieux impacter la vie des enfants parrainés ».
Ce qui, à son avis, va permettre de développer une stratégie alternative qui s’adapte au contexte actuel et qui a plus d’impact pour le Sénégal et pour toute la région du Sahel.
M. Souley Harouna Issaka pense que la pandémie de la Covid-19 et les autres crises qui ont eu des impacts conséquents sur les capacités des pays pourvoyeurs des fonds vont naturellement toucher l’économie des ménages et donc des parrains.
Ce qui, d’après lui, rend difficile la mise en œuvre d’un programme de parrainage solide devant mobiliser des ressources de manière générale.
Devant cet état de fait, rassure-t-il, Plan international veut anticiper pour voir comment prendre en compte ces facteurs et mieux impacter sur les communautés avec lesquelles elle travaille.
Quand les alumni vous parlent :
Diéynaba Ba de Saint-Louis (Sénégal) : « Mon combat est de faire de sorte que toutes les filles aient confiance en elles.»
« Issue d’une famille modeste, j’ai été parrainée à l’âge de 7 à 8 ans. On m’a appris à lire, écrire et à m’exprimer normalement. On a également eu l’occasion de se socialiser à travers des activités comme des thés-débats, les kermesses du mercredi après-midi, entre autres qu’organisait Plan international. Cette organisation nous a permis de disposer de fournitures scolaires, des encouragements pour avancer dans notre vie. Mon combat est de faire de sorte que toutes les filles aient confiance en elles. Qu’elles soient dans les régions, les villages les plus reculés, elles doivent être conscientes de leurs capacités et ne pas se donner des limites en termes de métier ou d’études. Je souhaite qu’elles puissent bénéficier de cours de développement personnel et de leadership dès le bas âge pour être ambitieuses, audiences et rêver plus grand. Il faut qu’elles investissent les séries scientifiques et oser ».
Adjai Latifou du Togo : « Il faut promouvoir la masculine positive.»
« Nous voulons écrire de nouvelles histoires d’enfants parrainés à travers le partage d’expérience. Ce programme m’a permis de développer des compétences à l’oral comme à l’écrit. Dans nos localités, il faut promouvoir la masculine positive. Ce qui n’est pas de la violence. Il revient à faire comprendre aux garçons qu’ils doivent faire des activités jusque-là réservées aux filles. Il faut faire la promotion des droits de la jeune fille. Tout ça va permettre de réduire les cas de violence basés sur le genre ».
Bakissa Moussa du Niger : « Mon rêve, c’est d’aider les enfants parrainés à poursuivre leurs études »
« Le partage d’expérience avec les autres alumni va permettre de renforcer notre expérience et de mieux aider les futurs parrains. De 2006 à 216, j’ai bénéficié d’appuis de ma marraine qui m’a beaucoup encouragé pour mes études. À cela, s’ajoute l’accompagnement de Plan pour surmonter les difficultés au niveau familial. Mon rêve c’est d’accompagner les enfants qui sont actuellement parrainés à poursuivre leurs études jusqu’au bout. Parce que le manque d’éducation est à l’origine de beaucoup de fléaux dont l’insécurité qui sévit actuellement au Sahel. À travers l’éducation, on peut inculquer des valeurs aux jeunes qui vont leur permettre de contribuer au développement de leur pays ».
Amanor Alberta Abera du Ghana : « Partager nos expériences pour motiver d’autres personnes en situation difficile »
« Ce projet de Plan est une bonne initiative. Il permet d’aider les enfants à regagner leurs vies. En tant qu’alumni, nous savons ce qu’on a vécu et le partage d’expériences doit motiver d’autres personnes qui sont dans la même situation.
Ce projet de parrainage nous aidera à montrer à toute la communauté qu’il y a eue un changement. Étant une ancienne élève je pourrais marquer ma présente dans la communauté et motiver d’autres élèves et les inspirer. Mon exemple va leur permettre de voir la différence et savoir que c’est possible d’arriver à un certain niveau. Je suis devenue une source d’inspiration pour ma communauté.
Je suis sage-femme de profession et j’ai vu beaucoup de problèmes de santé chez les enfants issus de familles pauvres et frappés par le manque de travail et manque d’éducation. Étant dans le monde de la santé, je suis la mieux placée pour comprendre et apporter mon soutien à ma communauté dans ce sens ».
Faty Diallo de Kaolack (Sénégal) : «Le parrainage m’a permis de dégager des ondes positives à l’égard des autres»
« J’ai été parrainé à l’âge de 5 ans par Plan international. Au fil des ans, j’ai beaucoup appris sur le plan leadership, prise de parole en public, formation en informatique, comédie, art… J’étais une fille très timide et cholérique à cause d’intimidations que j’ai vécues dans mon entourage. J’ai été élevée par fille parce que j’ai perdu mon père à l’âge de deux ans. L’accompagnement de Plan m’a permis de me relever et de forger une nouvelle personnalité avec une capacité à surmonter beaucoup d’obstacles. Plan m’a permis de dégager des ondes positives à l’égard des autres. L’ONG m’a appris à diriger parce que pendant cinq ans, j’ai occupé le poste de présidente du club d’enfants de la commune de Wakh Ngouna. J’ai pu aider beaucoup de filles à avoir confiance en elles ».