Madagascar: Colonisation - Enseignement et " éthnicisme " font bon ménage

À la fin du XIXème siècle l'idée de la laïcité prédomine en France. Le principe de la liberté de pensée et d'égalité de droit est pratiqué en France. Cette laïcité consiste en la " rupture entre pouvoir politique et pouvoir religieux ", et surtout dans le domaine de l'enseignement. La France veut introduire ses principes dans toutes ses colonies.

Le 06 août 1896, Madagascar devient colonie française. Or, toutes les écoles à cette époque sont confessionnelles, dominées presque en totalité par les Protestants et les Catholiques. Dès la deuxième moitié du XIXème siècle, ces deux confessions influencent le Royaume. D'un côté, la France en tant que " pays catholique ", tourne en faveur des missions catholiques.

Le général Gallieni encourage l'arrivée des Missionnaires Protestants Français (MPF) pour enseigner le français dans les écoles protestantes à partir de 1897. Dans cette optique, le général Gallieni veut " franciser Madagascar " avec la création des écoles laïques dans toutes les régions. Ainsi, cet enseignement est neutre, sans distinction de religion ni d'origine sociale pour les Malgaches afin de former des mains d'œuvre qualifiées ainsi que des cadres autochtones capables de collaborer avec l'administration.

Alors, toutes les écoles confessionnelles sans exception, deviennent l'objet d'inspection et du contrôle, dans leurs programmes et dans leur fonctionnement. Le décret du 12 février 1897 qui donne naissance à l'école officielle et instaure l'éducation exclusivement en français.

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Face à cette situation, en janvier 1904, l'enseignement obligatoire et gratuit est adopté. Selon le décret du janvier 1904, l'administration ne supporte plus les écoles confessionnelles et privées. En revanche, les écoles officielles se multiplient et des établissements d'enseignement supérieur sont créés en dehors des Hautes Terres centrales comme l'Ecole Normale et Professionnelle d'Analalava en 1897, l'Ecole Normale Régionale de Fianarantsoa en 1897 et Le Myre de Vilers en 1897.

La décentralisation de l'enseignement au temps du général Gallieni s'effectue à l'image d'une " tâche d'huile " au début de la colonisation. Les Hautes Terres centrales longtemps favorisées par les missionnaires, dominent l'enseignement de type occidental. Pourtant, l'écart entre le centre et les zones littorales reste énorme. Dès le début de l'ère coloniale, l'administration lance le mot d'ordre " la décentralisation de l'instruction et l'équilibre culturel ".

Ainsi, l'école devient un instrument de pacification. Cette décentralisation est géostratégique, c'est-à-dire, elle consiste à avoir un nombre de population suffisante, facilement accessible et où la structure sociale est bien organisée. C'est pourquoi, les régions des Sakalava-Tsimihety et celles des Betsimisaraka figurent parmi les centres d'intérêt colonial en matière de la " politique de races ". Sept écoles supérieures régionales parmi les 14 en 1905, sont partagées entre les trois groupes de population (Sakalava, Tsimihety et Betsimisaraka).

Donc, quatre pour les Sakalava à savoir les écoles normales de Morondava, de Maevatanana, de Majunga et d'Analalava ; trois pour les Betsimisaraka, celle de Mahanoro, de Tamatave et de Maroantsetra. L'objectif du pouvoir colonial est d'abattre les influences merina dans ces zones littorales en donnant des places aux chefs traditionnels autochtones, les tangalamena pour les Betsimisaraka, les ampanjaka pour les Sakalava, les sojabe pour les Tsimihety du Nord-Ouest.

Cette tendance à la décentralisation coïncide avec les divisions territoriales de Madagascar en provinces, en régions, en districts et en cantons, comme le général Gallieni l'affirme: " la francisation d'une part et la provincialisation d'autre part ".

Enfin, l'objectif principal est de diffuser l'enseignement laïc dans tout Madagascar et de rattraper les retards des zones côtières par rapport à l'Imerina.

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