Madagascar: Dialogue politique - Carte sur table avec l'Union européenne

Jour J pour le dixième dialogue politique entre le gouvernement et la délégation de l'Union européenne. Les deux parties joueront carte sur table durant un face-à-face au palais d'État d'Iavoloha.

La dixième manche. Comme annoncé durant une cérémonie au ministère des Affaires étrangères, à Anosy, jeudi, le dixième dialogue politique et de partenariat entre le gouvernement et la délégation de l'Union européenne (UE), se tiendra ce jour, au palais d'État d'Iavoloha.

Pour la dixième fois, l'Exécutif et les ambassadeurs des États membres de l'UE tiendront un face-à-face. Un mécanisme prévu par l'accord de Cotonou. Cette fois-ci, le contexte est particulier. Les séquelles de la crise sanitaire, les dégâts des cyclones successifs en début d'année et maintenant, les conséquences économiques de la guerre entre la Russie et l'Ukraine décoreront la toile de fond de la rencontre de ce jour, à Iavoloha. Comme l'a reconnu Richard Randriamandrato, ministre des Affaires étrangères, jeudi, "malheureusement, nous devons faire avec".

Trouver comment l'Europe peut soutenir Madagascar afin que le pays puisse composer avec la conjoncture de crise mondiale actuelle. Jeudi, le chef de la diplomatie malgache a évoqué des sujets comme l'approvisionnement en carburant, l'atténuation du choc de l'inflation, ou encore, la résilience face aux changements climatiques. "Nous allons faire le point sur les acquis, ceux à renforcer, le travail fait et voir les nouveaux axes de coopération afin de raffermir la coopération avec l'Union européenne pour le développement", déclare-t-il avec des mots conformes aux bienséances diplomatiques.

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Il a été souligné durant l'événement de jeudi, que le rendez-vous d'aujourd'hui se tient moins d'un an après le neuvième dialogue politique et de partenariat qui s'est tenu en novembre 2021. Le départ imminent de Giovanni Di Girolamo, ambassadeur de la délégation de l'UE, pourrait en être une raison. La cérémonie au ministère des Affaires étrangères était, justement, pour lui témoigner les reconnaissances de l'État malgache. Il a été élevé au rang de Commandeur de l'Ordre national.

Mettre les choses au clair

Le face-à-face d'aujourd'hui pourrait avoir été programmé afin que la feuille de route de coopération discutée puisse être présentée aux instances décisionnaires de l'UE, à la rentrée, en septembre. "Nous allons faire le point sur les acquis, évaluer le travail fait, les questions à renforcer, à améliorer, les efforts à faire et voir les nouveaux axes de coopération afin de raffermir la coopération avec l'Union européenne pour le développement du pays", déclare le ministre Randriamandrato.

S'agissant des sujets de coopération entre Madagascar et l'UE, justement, Giovanni Di Girolamo, jeudi, a évoqué le dossier de l'accord de pêche, dont les négociations peinent à se décanter. Il est probable, par ailleurs, que les diplomates européens profitent de l'occasion pour remettre sur la table la posture de la Grande île vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Les Etats européens ont accusé le coup après que Madagascar ait affirmé sa décision de rester neutre face au conflit ukrainien.

Seulement, comme l'a soutenu Christophe Bouchard, ambassadeur de France, dans son discours durant la cérémonie du 14 juillet dernier, "(... ) nous souhaitons poursuivre le dialogue partout dans le monde et ici à Madagascar", au sujet du soutien aux Ukrainiens et la condamnation de ce que l'occident qualifie "d'agression russe". Il a, d'autant plus, souligné le poids de ce sujet "dans le partenariat politique", entre Madagascar et la France et plus largement, avec l'UE. Durant une conférence de presse, en mars, Giovanni Di Girolamo a déclaré, sur le sujet, "nous avons le devoir de vous expliquer notre point de vue".

La gouvernance sera aussi au menu des échanges de ce jour. La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption ou encore les questions liées aux droits de l'homme sont, en effet, des lignes majeures dans les conditionnalités de l'accord de Cotonou. Sur la base des déclarations durant la cérémonie de jeudi, au ministère des Affaires étrangères, les préparatifs des prochaines élections, notamment, de l'élection présidentielle en 2023 sera également l'un des sujets phares du dialogue politique et de partenariat de ce jour, à Iavoloha.

Outre la question du financement, le cadre juridique des élections sera discuté durant le face-à-face entre le gouvernement et la délégation de l'UE. Un sujet déjà à l'affiche lors du neuvième dialogue politique et de partenariat en novembre 2021. La question de "l'égalité des candidats", qui aurait été soulevée par les diplomates européens a même été la cause d'une confusion. Inscrite dans une première version du communiqué de presse conjoint à l'issue de la rencontre, ce point a été retiré dans une deuxième version publiée un peu plus tard.

Dans son discours d'ouverture du neuvième dialogue politique, l'ambassadeur de la délégation de l'UE a déclaré que la prochaine échéance électorale "devra être la confirmation que Madagascar est complètement sur le chemin de la démocratie. C'est important pour nous et les États membres que les élections se tiennent dans la paix et la stabilité". Dans une interview publiée le 29 novembre 2021, suite à ce face-à-face avec l'Exécutif, il a souligné l'opportunité d'appliquer les recommandations de la mission d'observation électorale de l'UE dont "un renforcement du cadre juridique des élections".

Sur le plan du partenariat politique, justement, le dixième dialogue politique, ce jour, sera l'occasion pour la partie malgache de mettre les choses au clair sur un sujet d'actualité. Celui d'un éventuel soutien de l'Europe à la concertation nationale voulue par l'opposition. Un argument martelé par cette dernière depuis quelques semaines.

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