Tchad: Le pays lance le dialogue national sans les principaux rebelles

Au Tchad, la junte militaire au pouvoir a signé un accord de paix avec une quarantaine de groupes armés tchadiens en vue du prochain dialogue national. L'accord a été signé lundi matin [08.08.22] à Doha, au Qatar, en présence du président de la junte militaire, Mahamat Idriss Deby Itno, après plus de cinq mois de pourparlers.

"En ma qualité de président du Conseil militaire de transition, je prends le ferme engagement de mettre en œuvre les conclusions de cet accord afin de réparer les fissures du passé et d'offrir des perspectives pleines d'espoirs aux enfants du pays de Toumaï", a déclaré le chef de l'exécutif pour saluer l'accord.

Un accord affaibli par des refus de poids

Ce texte censé mettre fin à des décennies de troubles au Tchad est déjà contesté. En effet, plusieurs importants groupes rebelles, comme le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (Fact), ont refusé de le signer. Pour rappel, l'offensive du Fact, en avril 2021, avait entraîné la mort de l'ancien président Idriss Déby Itno.

Le président du Fact, Mahamat Ali Mahadi, justifie le refus de signer par le fait que certaines des revendications de son mouvement n'ont pas été acceptées. C'est le cas notamment de la libération des combattants faits prisonniers lors de l'offensive d'avril 2021.

"Cet accord qui a été signé ce matin à Doha par certains mouvements politico-militaires est une coquille vide à notre sens, explique le chef du Fact. La junte avait dans sa valise un projet d'accord déjà rédigé qui a été présenté à tout le monde. Elle avait aussi créé certains mouvements politico-militaires de toutes pièces pour les emmener à Doha afin d'essayer de diluer toutes les revendications du Fact, le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad, dans une pléthore de mouvements politico-militaires. Il y a une volonté manifeste d'écarter le Fact. Il n'y avait rien de sincère."

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Pas de paix en vue

L'accord ne résoudrait donc pas la question des conflits armés au Tchad, regrette le politologue Evariste Ngarlem Toldé. Il indique redouter une reprise des combats : "On s'attendait à un accord de paixet de réconciliation nationale. Malheureusement ce qui vient d'être signé, c'est un accord pour la participation des politico-militaires au dialogue national inclusif. Mais les vrais politico-militaires se sont abstenus parce que leurs revendications ne sont pas prises en compte. C'est vraiment un accord vidé de son sens dès l'instant où les politico-militaires qui disposent des hommes sur le terrain ne l'ont pas paraphé. Rien ne nous garantit une non reprise des hostilités dans les jours où mois à venir."

Après la signature de cet accord, le gouvernement tchadien demande aux chefs rebelles attendus à N'Djamena pour le dialogue national un cessez-le-feu, tout en proposant des garanties pour leur sécurité.

C'est ce dialogue national de N'Djamena qui devrait décider de l'organisation de la prochaine élection présidentielle.

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