Cameroun: Diaspora - Haro sur l'échec scolaire au sein de la diaspora africaine

Bientôt la rentrée des classes. Elèves, étudiants, chacun se prépare à reprendre le chemin de l'école. Que ce soit en France, Belgique, Grande Bretagne, Italie, Allemagne, ... Le rituel c'est le même : Fort taux d'échecs au niveau de la population migrante. Qu'est ce qui expliquerait cela ? Les raisons sont multiples et dépendent d'une famille à une autre.

En examinant les performances réelles des élèves et étudiants issus de l'immigration en Europe pour le compte de l'année scolaire et académique écoulée, beaucoup sont arrivés à la conclusion selon laquelle les résultats des uns et des autres ne sont guère reluisants.

Avant toute chose, précisons qu'il nous faut être prudents également sur l'utilisation du terme migrant même. Ils sont souvent issus de la deuxième voire de la troisième génération, ce qui, semble impliquer un rapport à la difficulté de l'école différent de celui que peut entretenir un enfant qui vient d'arriver en Europe en provenance de l'Afrique par exemple et qui ne parle pas forcément la langue du pays où il se trouve.

Quant aux résultats proprement dits des enfants issus de l'immigration, plusieurs études, à des moments différents ont montré que les enfants de migrants nouvellement installés en Europe tendent à obtenir de moins bons résultats à l'école que leurs camarades autochtones.

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En France par exemple, selon les récentes études du COEP (Centre pour l'Orientation sur les Etudes et Professions), sur 50 élèves arrivés en début de secondaire inférieur (en âge d'être en 6ième), 20 affichent plus ou moins des résultats satisfaisants à la fin de l'année scolaire

Un autre point à relever de cette étude est qu'une part importante de ces élèves ont interrompu leur scolarité pour aller s'installer avec leurs parents dans un pays autre que leur pays d'accueil, ce qui complique de plus en plus les résultats scolaires de ces élèves et témoigne de la précarité de leur parcours.

Cette différence peut trouver sens dans le fait qu'une proportion importante d'élèves issus de l'immigration n'affiche pas de résultats scolaires satisfaisants selon que les parents soient en situations administratives stables et nanties. Dans la plus part des cas ils sont donc en majeure partie nés à l'étranger et y ont commencé leur scolarité. Au contraire, les élèves nés en Europe des parents issus de l'immigration affichent des résultats relativement proches de la moyenne.

Autre constat, souligne Martin Jeffray, enseignant en Belgique, pour les enfants qui ne sont pas nés en Belgique, s'ils viennent de l'étranger, ils éprouvent quelques difficultés à l'école, et ce rapport se retrouve dans chaque classe sociale, les difficultés liées à l'immigration et à l'adaptation à un nouvel environnement apparaissent donc comme amplifiées par l'origine sociale

D'autres études évoquent des cas liés au fait que quelque fois, dans plusieurs familles, le père, la mère, les enfants vont à l'école.

Cette dernière situation constitue un grand handicap dans le suivi de l'éducation des enfants par les parents.

Le problème de la langue constitue également un handicap de telle sorte, qu'en Flandre, toujours en Belgique, certaines écoles obligent les parents à suivre des cours de langues

comme conditions préalable pour l'inscription de leurs progénitures dans les écoles. L'importance déterminante de la langue peut être un facteur de plus grande difficulté pour les enfants dont la langue maternelle n'est pas la langue locale

Certains auteurs mettent en avant pour expliquer les éventuelles difficultés rencontrées le conflit qui peut exister entre les aspirations de la famille et celles de l'école : L'une des difficultés principales de ces enfants viendrait de ce que leurs parents les élèvent, en règle générale, selon les traditions de leur pays d'origine, tandis qu'ils sont confrontés, dès leur entrée à l'école au plus tard, à une nouvelle manière de penser. Il pourrait en résulter de graves conflits, l'adolescent ne parvenant en définitive à s'identifier ni avec la culture du pays d'origine, ni avec celle du pays d'immigration.

En Angleterre par exemple, il arrive souvent que les parents à cause de leur situation économique précaire travaillent plusieurs années à des horaires non raisonnables les contraignant parfois à ne pas s'occuper de leurs progénitures à la maison, ce qui entraîne un net recul sur le plan scolaire de ces derniers.

Très peu de parents d'élèves prennent encore aujourd'hui la peine de suivre l'évolution de leurs enfants à l'école. Dès qu'ils ont fini avec les inscriptions et les fournitures scolaires, ils peuvent dormir tranquillement et attendre le succès. Pourtant, la responsabilité du parent dans l'éducation des enfants va bien au-delà. Il est l'éducateur principal de l'enfant. L'école n'est donc qu'une structure technique qui l'aide à former sa progéniture.

Ainsi, les problèmes des enfants migrants seraient en partie communs à tous les représentants des classes sociales défavorisées, mais les enfants migrants rencontreraient de plus sérieuses difficultés d'adaptation scolaire, ceci étant peut-être dû à des conflits d'identité, entre milieu scolaire et familial et entre culture d'origine et culture d'accueil.

Au niveau de l'enseignement supérieur...

Revers de la médaille, au niveau de l'enseignement supérieur, le constat n'est plus le même. Nombreux sont ceux qui, issus de l'immigration affichent des résultats satisfaisants incontestables.

Selon une étude faite en 2021 en France par le Consortium Education Formation Asbl en France, les enfants d'immigrés s'en sortent mieux dans l'enseignement supérieur ou universitaire qu'on ne le croit. Si on compare leurs parcours scolaires à ceux des élèves de parents Français et de même milieu social, ils sont statistiquement plus nombreux à préparer une Licence par exemple. Cette étude porte sur la situation scolaire, en 2020, d'un panel de 18 701 étudiants arrivés en dernière année de Licence en 2020.

Avec la prochaine rentrée scolaire, l'heure est à l'interpellation des uns et des autres. L'échec scolaire n'est pas une fatalité comme beaucoup le pensent. Il est toujours souhaitable pour les enseignants, en début d'année scolaire d'engager des échanges préliminaires et des rencontres ponctuelles avec les parents d'élèves issus de l'immigration car, les richesses de chacun peuvent alimenter l'épanouissement de tous.

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