Sénégal: Pr Moussa Baldé, Ministre de l'Agriculture et de l'Equipement rural - "La campagne agricole est bien lancée"

10 Août 2022
interview

L'hivernage a fini de bien s'installer sur l'ensemble du pays, faisant ainsi le bonheur des travailleurs de la terre. Pour le Ministre de l'Agriculture et de l'Équipement, cette bonne pluviométrie est de bon augure. Avec les dispositions prises en amont par ses services, le Pr Moussa Baldé pense qu'on est parti pour une bonne campagne agricole.

Monsieur le Ministre, la campagne agricole bat son plein. En amont, vos services ont procédé à la mise en place des intrants. Pouvez-vous nous en faire le point ?

La campagne agricole est maintenant bien lancée. Et en ce qui concerne le premier intrant, à savoir la pluie, on peut dire qu'il est au rendez-vous. En effet, tous les postes présentent des cumuls doubles, voire triples, comparé à l'hivernage dernier. Par exemple, nous sommes déjà à 924 mm au Cap Skirring contre seulement 381 mm l'hivernage passé. On retrouve les mêmes tendances au centre et au nord du pays, à quelques exceptions près. Pour les semences, nous avons augmenté, de façon substantielle, celles de maïs et de riz tout en maintenant les mêmes niveaux de mise en place pour les autres spéculations. S'agissant des engrais, malgré une hausse fulgurante des prix, nous avons pu, avec la rallonge budgétaire de 10 milliards de FCa et des mécanismes d'optimisation, atteindre le même niveau de mise en place que les années précédentes tout en maintenant un prix de cession supportable pour le producteur.

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Malgré toutes les dispositions prises par vos services, il y a toujours des complaintes de certains producteurs qui estiment que ces intrants sont mal distribués ou leur parviennent tardivement. N'est-il pas temps de repenser le mode de mise en place ?

En général, on nous fait souvent un mauvais procès à ce sujet. Mais, je suis d'avis que toute œuvre humaine est perfectible et nous essayons, chaque année, de rendre le système plus fiable, plus transparent et plus performant.

Quid de l'urée dont l'essentiel provient de l'Ukraine ?

Au Sénégal, si les producteurs se sont plaints de la hausse des prix des engrais, il faut reconnaitre que grâce à une bonne planification, nous avons pu éviter les problèmes de disponibilité du produit contrairement à beaucoup de pays de la sous-région. Je remercie les Ics d'avoir produit, au moment opportun, tous les engrais Npk dont nous avions besoin à temps. En ce qui concerne l'urée, nous avions pris nos dispositions, au mois de novembre dernier, pour sécuriser la contre saison de riz, l'horticulture et la campagne en cours. Ceci fait que, pour le moment, nous n'avons pas subi les conséquences de la guerre en termes d'approvisionnement. Mais, la guerre a fait remonter les prix au moment où nous nous attendions à une baisse.

Pour faire face à l'équation de l'engrais chimique, le Ministère de l'Agriculture a décidé d'introduire l'engrais bio. Cette option a-t-elle prospéré ?

Je pense que c'est une expérience probante et nous allons renforcer les engrais organiques dans nos programmes.

Globalement, comment se portent les cultures ?

Il faut dire que même si je n'ai pas encore effectué ma traditionnelle tournée des champs, j'ai eu le privilège de sillonner tout le département de Kolda pendant la campagne électorale. Ensuite, j'ai fait récemment le trajet Dakar-Kolda en passant par les régions de Sédhiou, Kaolack, Fatick, Diourbel, Thiès et Dakar. Ce que j'ai vu, pour le moment, me rassure et me fait croire que, comme pour la pluviométrie, cette campagne est partie sur les mêmes bases que celles de 2020 qui nous avaient valu des productions sans précédent.

Cette année, sur quelles spéculations le Ministère de l'Agriculture a-t-il le plus mis l'accent ?

Avec un environnement international marqué par la guerre en Ukraine et son impact négatif sur les exportations de céréales dans le monde, nous avons mis particulièrement l'accent sur les cultures vivrières.

Depuis des années, on parle de la tyrannie de la monoculture de l'arachide. Est-il encore juste, vu les efforts de diversification entrepris par les acteurs, de le dire ?

Il faut savoir que depuis quelques années, en plus de satisfaire une bonne partie de la demande intérieure, nous exportons bon an mal an plus 100 000 tonnes de fruits et légumes. Si vous ajoutez à cela les productions de riz et de niébé, on peut dire, sans aucun risque de nous tromper, que notre agriculture est diversifiée.

La fiabilité et la disponibilité des données agricoles sont souvent posées sur la table. Quels sont les outils de mesure dont dispose le Ministère de l'Agriculture dans ce cas précis ?

La Direction en charge des Statistiques agricoles au Ministère de l'Agriculture et de l'Équipement rural a une expérience avérée, des méthodes éprouvées, en plus d'être encadrée et suivie par des organismes sous-régionaux et internationaux. Mais, au Sénégal, quand on est du côté de ceux qui critiquent et contestent, on n'a pas besoin de fournir des preuves et c'est bien dommage.

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