Cameroun: Douala Manga Bell (1873 - 1914) Les mots comme armes contre l'injustice

Dans une terre dominée injustement par des occupants méprisants,

Dans une guerre de civilisation en mouvement dans un siècle naissant,

Aller à l'école de l'ennemi, était une forme de résistance et de résilience,

Mais aussi une arme puissance pour dénoncer l'injustice de l'occupant,

Comment comprendre ou accepter une politique d'ostracisme sur ses terres ?

Se laisser séparer des occupants blancs qui nous considèrent comme des indigènes ?

Se laisser exproprier de nos terres sans ménagement comme si elles leur appartenaient ?

Laisser faire de nous des étrangers chez nous et des pestiférés qu'on ne saurait voir...

D'un regard déterminé, ce petit-fils du Roi Bell ne pouvait guère l'accepter, ni l'ignorer,

Les règles d'occupation avaient été établies au départ malgré le manifeste déséquilibre,

Les lois ne peuvent être changées ou bafouées unilatéralement par de simples caprices,

Un traité de protection n'est pas un traité de soumission, ni encore une vente de son âme,

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A la tête des autres chefs du peuple camerounais, Le jeune prince ne pouvait se taire,

Une lettre devait dénoncer l'injustice au plus haut sommet de l'occupant allemand,

Les travaux forcés, l'humiliation et les arrestations arbitraires n'étaient pas au programme,

L'administrateur local ne pouvait se prévaloir d'un droit supérieur sur les natifs des lieux,

Expulser les locaux sans indemnisation, bruler leurs maisons, les éloigner comme de la peste,

Manga Bel, Roi pacifiste, homme de droit, tempête et fait appel à l'intelligence humaine,

Même poursuivi, il proteste et cherche des alliées à l'intérieur comme à l'extérieur

Il veut le respect des Hommes et des règles établies même avec quelques injustices.

Sa voix et les maux de tout un peuple recevront le triste écho d'une exécution effroyable

Ngosso Din, fidèle compagnon, ne sera pas épargné, uni par la même cause et le funeste sort

Un verdict digne d'un autre temps, d'un autre monde : pendaison pour haute trahison !

Qui ont-ils trahi ? Le peuple ou l'oppresseur du peuple ?

Qui ont-ils trahi ? Leur quête de l'idéal humain ou leur farouche lutte contre l'injustice ?

"Vous pendez du sang innocent.

Vous me tuez pour rien. Les conséquences seront bien plus importantes."

La population même sans lui a continué le combat et justice lui sera rendu

De la terre qui recueillit le sang d'un innocent s'élèvera un chant nouveau,

Un hymne à la mémoire du père du peuple Tet Ekombo, le chant de célébration,

Un chant des martyrs qui fait appel à la conscience collective de l'humanité !

Douala Manga Bell, Les filles et fils du Cameroun, à jamais s'en souviendront, qu'importent le nom d'une rue Ils hisseront sur tout le territoire, plus qu'une rue, une pyramide à ton nom, Rappelant ainsi et pour toujours ton sens aigu et élevé pour la justice et la liberté !

Tels furent les derniers mots de Douala Manga Bell avant sa pendaison par les occupants allemands le 08 août 1914 à Douala, sur les terres du futur Etat du Cameroun.

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