Burkina Faso: Une Lettre pour Laye - Roch en voyage médical

document

Cher Wambi,

Après une semaine de silence du fait que vendredi dernier, 5 août, c'était l'anniversaire de la proclamation de l'indépendance de la Haute-Volta, aujourd'hui Burkina Faso, c'est avec un plaisir renouvelé que je t'écris la présente missive hebdomadaire.

J'espère que la campagne agricole présage de bonnes récoltes à Laye et partout dans le pays.

Ici à Ouagadougou, la semaine qui s'achève a été marquée par un retour de la pluie, avec des inondations dans certains quartiers, après près d'une quinzaine de jours d'absence.

Prions pour que Dame nature, nous gratifie de sa générosité jusqu'à la fin de l'hivernage, comme l'ont annoncé les scrutateurs du ciel dont le bulletin pluviométrique de la période du 4 au 10 août 2022 se présente comme suit :

Bobo-Dioulasso : 14, 3 mm ; Bogandé : 52, 6 mm ; Boromo : 47,9 mm ; Dédougou : 82,6 mm ; Fada N'Gourma : 67,5 mm ; Gaoua : 82,5 mm ; Ouagadougou-aéroport : 55,2 mm ; Ouahigouya : 55,7 mm, Pô : 14,2 mm.

Cher Wambi, le 1er avril dernier, dans son adresse à la nation, le chef de l'Etat, Paul-Henri Sandaogo Damiba, donnait rendez-vous dans les cinq mois suivants pour un bilan de la lutte contre l'insécurité qui a servi à justifier le coup d'Etat du 24 janvier 2022.

%

De ce compte à rebours, nous sommes à quelque deux semaines de ce rencard de Sandaogo tant attendu.

Mais avant de voir ce qui nous sera présenté, la semaine qui s'achève aura été sanglante quand bien même une relative accalmie a été observée quelque temps concernant les attaques terroristes.

En effet, lundi dernier, c'est la localité de Sima, dans la commune de Séguénéga, province du Yatenga qui a été la cible d'une attaque des groupes armés. Un assaut qui a coûté la vie à une dizaine de personnes, à savoir quatre VDP et six civils. Cette incursion meurtrière, la première dans ladite commune, a provoqué un mouvement de déplacement de personnes dont certaines ont regagné le village les jours suivants.

Le lendemain mardi 9 août, ce sont quinze militaires qui ont perdu la vie dans un double incident à l'engin explosif sur la route Bourzanga-Djibo.

Cher cousin, c'est dans ce contexte que le gouvernement, à travers son porte-parole, Lionel Bilgo, a annoncé à l'issue du Conseil des ministres de mercredi dernier, la mise en œuvre de sa stratégie de maillage du territoire.

Cela consistera, selon le ministre porte-parole, à la délocalisation et relocalisation d'unités militaires dans certaines provinces " dans les semaines ou les mois à venir ".

Peut-être en saura-t-on davantage au cours du point de presse du gouvernement prévu aujourd'hui en présence du ministre de la Défense et des Anciens combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé.

Cher Wambi, depuis quelques jours, certaines plateformes d'informations faisaient état d'un éventuel voyage de l'ancien président Roch Marc Christian Kaboré pour des soins de santé.

Eh bien, sache qu'effectivement l'ancien locataire de Kosyam a quitté Ouagadougou hier jeudi pour Dubaï, dans les Emirats arabes unis via Abidjan où il devrait passer un bref séjour.

Il faut dire qu'il en avait vraiment besoin, tant bien avant le putsch, on sentait visiblement que ce n'était pas la forme olympique chez " l'enfant de Tuiré ".

Il semble même, cher cousin, que le voyage médical était prévu depuis bien longtemps et devrait intervenir dans la foulée de la rencontre " au sommet " entre le président Damiba et ses prédécesseurs courant début juillet.

Est-ce les tractations de ladite rencontre ou les formalités administratives qui sont à l'origine de ce décalage ?

Cher Wambi, lors de mon dernier passage à Laye, l'instituteur du village cherchait à savoir ce qui se passe réellement au Conseil supérieur de la communication. Eh bien, la semaine dernière, j'y ai fait un tour car un ami vivant hors du pays m'a demandé des renseignements pour l'ouverture d'une radio.

Une fois dans l'enceinte de cette institution, c'est le silence plat ou presque : le parking qui, d'habitude, ne désemplissait pas, est désespérément vide. Après avoir montré patte blanche au Policier du service de sécurité, et une fois à l'intérieur, on croirait tout le monde parti en vacance, surtout que c'est le mois d'août.

Renseignement pris, on m'annonce que depuis pratiquement trois mois, cette institution, qui a connu ses lettres de noblesse dans un passé récent, est de nos jours plongée dans une longue nuit d'agonie.

En effet, après le décès du conseiller Zoumana Wonogo en mars 2021, la démission du président Mathias Tankoano en septembre 2021, les départs dans le premier semestre 2022 des conseillers Victor Sanou, appelé à d'autres fonctions et Alexis Konkobo, démissionnaire, la procédure de normalisation du fonctionnement du collège par le remplacement des membres définitivement empêchés avait été entamée avec la nomination de nouveaux membres conformément à la loi. Les neuf (9) conseillers étant au complet, l'élection du nouveau président et d'une nouvelle vice-présidente a été organisée sous la supervision de la secrétaire générale, qui avait été chargée par les autorités de la Transition, quelques mois plus tôt, de l'expédition des affaires courantes, et assurant en réalité les fonctions d'ordonnateur depuis lors. C'est ainsi que l'élection fut programmée le 31 mai 2022, après en avoir informé la présidence du Faso.

M. Abdoulazize Bamogo, vice-président d'alors ayant assuré l'intérim de la fonction de président aux premiers moments de la démission de Mathias Tankoano, a déposé une lettre de démission de sa fonction de vice-président la veille de l'élection, afin de pouvoir briguer le poste de président. A l'issue du vote, les résultats lui donnaient vainqueur à 5 voix sur 9 contre la conseillère Danielle Bougaïré, candidate malheureuse issue des deux nouveaux membres nommés par le président du Faso. Le collège électoral a également élu une vice-présidente en la personne de Mme Eugénie Yaméogo/Ouattara, tout cela sous la supervision d'un huissier de justice.

Cher cousin, alors que nous étions dans l'attente du décret présidentiel devant entériner l'élection de M. Abdoulazize Bamogo comme président afin de parachever la procédure de normalisation du fonctionnement du collège, la candidate malheureuse a introduit, le 7 juin 2022, une requête en référé-suspension de l'exécution du procès-verbal d'élection du président du CSC, et, subséquemment, un recours en annulation dudit P-V Ces actions en justice mettaient malheureusement un frein à la procédure de normalisation du fonctionnement du CSC dont la prochaine étape consistait à la prise du décret et à l'installation du nouveau président.

L'audience sur la première branche de cette double action, à savoir le référé-suspension, ayant été tenue le 24 juin 2022, le Tribunal administratif de Ouagadougou a rendu l'ordonnance n°24-1/2022, qui déboute la requérante de sa demande de suspension en affirmant " qu'il n'existe pas de doute sérieux quant à la légalité du procès-verbal en date du 31 mai 2022 relatif à l'élection de monsieur Abdoulazize Bamogo comme président du Conseil supérieur de la communication ".

En principe, cette décision de justice lève non seulement le doute sur la légalité de l'élection, mais aussi tout obstacle à la poursuite de la procédure de désignation des premiers responsables de l'institution, même si le jugement sur le recours en annulation n'a pas encore eu lieu. Autrement, il ne manque que le décret de confirmation du chef de l'Etat pour parachever la procédure et redonner ainsi vie à l'instance de régulation.

Pour l'instant, le CSC se trouve dans une situation de paralysie, étant entendu qu'aucune session ne peut en ce moment être valablement convoquée, et cela est aggravé par les dissensions nées au sein du collège consécutivement à cette crise.

Cher Wambi, pour beaucoup, l'action judiciaire combinée à l'inaction du chef de l'Etat, laisseraient entrevoir le dessein des autorités du moment qui est de faire en sorte que la présidence du CSC échoie à une personne choisie par elles, alors même que la loi organique régissant l'institution a consacré, depuis 2013, l'élection par les pairs comme mode de dévolution de la fonction de Président du CSC.

En attendant la décision sur le recours en annulation qui pourrait intervenir dans les semaines ou les mois à venir, les activités de régulation sont donc à l'arrêt du fait de la non-convocation des sessions du collège. Cela parce que le président élu n'a pas reçu les pleins pouvoirs que devrait lui conférer le décret de nomination du chef de l'Etat. C'est en effet, lui et lui seul qui nomme aux hautes fonctions dans l'administration publique, selon la Constitution, et ce sceau présidentiel est indispensable au président du CSC pour entrer dans la fonction d'ordonnateur du budget et de premier responsable de l'institution.

Cher cousin, en réalité la seule issue favorable serait que l'un ou l'autre renonce à son action, car dans l'éventualité d'une décision au fond (annulation des résultats de l'élection du 31 mai dernier ou rejet de la requête concluant à la légalité de la procédure), les conséquences immédiates pourraient être, l'interjection d'appel par l'une ou l'autre partie, ce qui prolongerait la procédure. Et en cas d'annulation du procès-verbal et à défaut d'appel de la part du président élu, il sera procédé à l'organisation d'une nouvelle élection. Mais la question que je ne cesse de me poser, cher cousin est savoir pourquoi une telle guérilla politico-judiciaire alors qu'il ne reste qu'une petite année dans la mandature actuelle du CSC qui expire normalement en juillet prochain. Serait-ce juste pour installer un gendarme afin de mettre au pas des médias ou des activistes des réseaux sociaux peu accommodants ?

Voilà comment une simple petite affaire de succession à la tête de l'institution, qui aurait pu avoir l'importance d'un pet de souris, est devenue une affaire d'Etat.

A la présidence du Faso, c'est un proche parmi les proches de Paul-Henri Sandaogo Damiba qui gère directement ce dossier devenu une arête de poisson en travers de la gorge.

J'apprends du reste que le protagoniste principal, Azize Bamogo s'est vu proposer quelques avantages mirobolants, pour accepter de lâcher le morceau. Mais l'ancien président de Publicitaires Associés est resté jusque-là, droit dans ses bottes : il ne transige pas sur sa victoire. Mais pour combien de temps va-t-il tenir même si la presse nationale et les organisations professionnelles des médias dans leur large majorité le soutiennent?

Victimes collatérales dans cette crise qui oppose un pot de fer, Damiba, à un pot de terre, l'ex-vice-président du CSC, les travailleurs du CSC se montrent de plus en plus exténués. Ils sont fatigués par ces longues journées à ne rien faire au bureau. Pour dire vrai, certains mêmes se montrent très nerveux par ce bras de fer qui les concerne au plus haut point mais où, hélas, ils jouent le rôle de simples spectateurs.

Cher Wambi, à présent, je t'invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l'Intrigante.

-Le CESTI, vous vous en souvenez ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est le Centre d'études des sciences et techniques de l'information basé à Dakar.

Nous avons reçu d'anciens pensionnaires de ce creuset africain de journalistes le présent cri du cœur dans lequel ils réclament justice pour " rétrogradation " dans leur carrière professionnelle.

Lisez plutôt.

" Le principe de la réparation des injustices commises par l'administration sur des agents de l'Etat ayant été acté, beaucoup de personnes concernées attendent de voir la mise en œuvre concrète de cette mesure, qui, sans nul doute, mettra du baume au cœur des victimes, et ce, parfois depuis des décennies. C'est notamment le cas des journalistes diplômés du CESTI (Centre d'études des sciences et techniques de l'information) de Dakar, qui, après avoir été recrutés par l'Etat sur concours international, ont été rétrogradés de A1 à A3 suite à la réforme de l'administration à l'avènement du Front Populaire, réforme qui, en principe et selon le droit, ne devrait disposer que pour l'avenir. C'est ainsi que des journalistes, qui étaient en A1 depuis la fin de leurs études comme le prévoyaient les textes en vigueur, se sont retrouvés subitement en A3, sans possibilité d'alternative de formation pour retrouver leur grade, à moins d'être dans les bonnes grâces du régime. Certains ont bien tenté de saisir la justice et ont dû abandonner sous les menaces, ou ont été frappés par la forclusion lorsque la situation politique s'est décrispée. Cette remise en cause du droit acquis serait la conséquence d'une guerre des écoles de formation de journalisme, les diplômés de écoles de France n'ayant jamais vu d'un bon œil leurs confrères du CESTI accéder au même grade qu'eux après " seulement 3 ans de formation ", alors qu'eux étaient obligés de passer par un DEA pour le même grade, comme si le niveau de formation ne dépendait que du nombre d'années et non du temps ni de la qualité de la formation. Trois heures de cours par jour pendant 5 ans dans une faculté, ce n'est pas huit heures par jour pendant 3 ans dans un institut, week-ends compris. Du reste, les journalistes les plus opérationnels et les plus en vue n'étaient pas forcément ceux formés en France mais bien ceux du CESTI. Et comme les " Français " étaient aux affaires à cette époque, la rétrogradation des " Cestiens " fut actée et imposée au forceps. De plus, certains diplômés de Bordeaux, Lille ou de Strasbourg farouchement opposés aux Cestiens seraient allés en France par dépit, car ayant échoué au concours d'entrée au CESTI. Peut-on imaginer que des officiers de l'armée burkinabè formés à Yaoundé au Cameroun et ayant le grade de Colonel depuis 15 ans, soient subitement rétrogradés au grade de Capitaine, sous prétexte qu'ils n'ont pas fait leur formation à Saint-Cyr en France ? C'est cette situation que des journalistes vivent depuis 33 ans. Des 12 pays qui ont envoyé des étudiants en journalisme à Dakar, le Burkina est le seul qui a ainsi renié ses engagements, en changeant les règles du jeu alors que la partie est déjà jouée. Terrible conséquence, s'il en est, de la politisation de l'administration. Comble de l'ironie, des titulaires de licence, donc déjà en A3, qui avaient réussi le concours du CESTI, se sont retrouvés encore en ... A3. Avec l'arrivée du nouveau pouvoir qui semble disposé à réparer les injustices de l'administration, ces victimes du CESTI nourrissent l'espoir d'être enfin rétablis dans leurs droits, même si la plupart d'entre eux sont déjà morts dans la misère et le chagrin. Ils étaient 43, il n'en resterait plus que 11 ".

-Un citoyen a été dépossédé de trois millions dans le quartier Gounghin. Alors qu'il venait de la banque où il a retiré ladite somme pour en placer une partie dans son compte Orange Money, il fut contraint par 4 malfrats en binômes sur deux motos de leur remettre tout le contenu de son sac, en pointant une arme sur lui. Son compagnon fut dissuadé de lui venir en aide par un puissant coup de poing qui lui fut envoyé en plein visage. Même les voisins ne purent intervenir vu la rapidité avec laquelle tout s'est joué.

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.