Sénégal: Zone de captage de Dakar - Le calvaire des familles envahies par les eaux

15 Août 2022

Depuis les dernières pluies du vendredi 5 août, des familles établies à la zone de captage cohabitent avec les eaux qui occupent leurs logements. Une souffrance quotidienne.

La route principale de la zone captage est impraticable. Elle est obstruée par les eaux stagnantes. Des briques et des sacs de sable, servant de passage aux riverains, sont posés çà et là. Les automobilistes, qui l'empruntent habituellement, font des contournements pour arriver à destination. Cette allée est dans cet état à cause des fortes précipitations qui se sont déversées à Dakar et sa banlieue, le vendredi 5 août 2022.

Le terrain de football, jouxtant cette route, est, depuis ce jour, devenu une mare d'eau à la grande tristesse des jeunes de la zone, privés de lieu de sport. En face se dresse un immeuble à trois étages, la façade carrelée. Le rez-de-chaussée est occupé par les " Thiam " qui sont en location depuis 6 ans. Mais, depuis les averses de la semaine dernière, cette famille vit le calvaire, son appartement étant sous l'emprise des eaux.

À l'intérieur, le décor est déplorable. Les quatre chambres et le salon sont sens dessus dessous. Les matelas sont imbibés d'eau, les lits démontés. Des sacs et des cartons contenant des vêtements, des documents, des ustensiles de cuisine sont posés pêlemêle. Des jeunes, en débardeurs et en shorts, les empilent dans un véhicule de déménagement garé devant la bâtisse. Une motopompe éteinte traine dans la cour. Ici, on patauge dans les eaux.

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" On souffre depuis la dernière pluie. Les eaux usées du bassin ont envahi notre demeure. Nous sommes obligés de quitter la maison parce que l'eau refuse de sortir. La motopompe que nous avons achetée n'y peut rien ", regrette, avec une tristesse, Mme Thiam. Visiblement exténuée, la tête décoiffée, elle dit être incapable de chiffrer les biens perdus. " Nous avons tout perdu. Le lit et la coiffeuse sont à jeter, les fauteuils aussi. Nos objets décoratifs ont été également endommagés. Comme nous ne pouvons pas vivre sous les eaux, nous allons aux Maristes ", informe-t-elle devant son mari qui n'a pas voulu se prononcer.

Un peu plus loin, même situation pour Adama Diouf et sa famille. Leur maison est sous l'emprise des eaux verdâtres et nauséabondes. Pour accéder aux chambres, il faut passer sur des briques installées un peu partout. Aidée par sa fille, elle lave la vaisselle. Vivant dans cette cité depuis 8 ans, elle a envie de s'en aller parce que " la cité n'est plus vivable ". " C'est la première fois que nous vivons cette situation. Après chaque pluie, on évacuait, sans problème, l'eau. Mais cette année, nous sommes toujours dans les eaux. Nous ne mangeons plus bien ni ne dormons plus à cause des eaux stagnantes dans nos maisons ", clame la dame qui dit craindre pour sa santé et celle des membres de sa famille.

À l'instar de ces deux familles, ils sont nombreux les foyers qui vivent le calvaire des inondations dans cette partie de Dakar. Une situation favorisée, selon Seynabou Tabane, conseillère municipale à la mairie de Grand Yoff, par la mauvaise construction du bassin de la localité. " C'est l'effondrement d'une partie du mur du bassin de rétention des eaux qui est à l'origine de cette souffrance des habitants de la zone de captage. Quand le mur s'est affaissé, les eaux du bassin ont envahi les maisons ", explique la conseillère municipale, résidente dans la zone depuis 17 ans. Connue pour son engagement aux côtés des populations, elle a tout laissé pour apporter aide et assistance aux familles victimes.

Elle coordonne avec les conducteurs des camions hydrocureurs mobilisés pour aider les populations. Selon elle, la situation est inédite. Elle la considère même comme catastrophique. Pour cause, justifie-t-elle : " il y a des gens qui ont perdu tous leurs biens. L'eau est toujours dans les maisons. Certains vivent dans les eaux, d'autres ont préféré abandonner leurs domiciles. Il y a des familles qui sont hébergées par le voisinage parce qu'elles ne savent pas où aller ", renseigne Seynabou Tabane, plaidant pour la reconstruction du bassin avec un voile à béton afin de résoudre le problème définitivement.

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