À chacune de ses sorties publiques, Pravind Jugnauth montre des signes de nervosité qui trahissent une anxiété. Déjà, avant l'annonce de la conclusion d'un accord entre les partis de l'opposition parlementaire, la tonalité des interventions du Premier ministre était plus souvent celle d'un chef de parti que d'un chef de gouvernement.
Depuis peu, en campagne politique, le ton de Jugnauth s'est durci, son vocabulaire guerrier est émaillé de vulgarités qui nuisent à son propos. On est incité à penser qu'il est probablement déstabilisé par la nouvelle coalition parlementaire qui ambitionne de le contrer.
Au fait, cette coalition affiche des faiblesses qui font douter de sa pérennité. La première c'est qu'elle est, de toute évidence, prématurée. Les échéances électorales, municipales ou législatives, ne sont pas fixées. Les mois qui sépareront la conclusion éventuelle d'un accord et la tenue des élections seront truffés de risques de mésentente. Ceux qui écoutent auront enregistré les notes discordantes émanant de divers états-majors.
Un autre risque majeur est celui d'un énième conflit entre Ramgoolam et Bérenger. Le leader du Parti travailliste est un animal froid qui joue près de ses cartes, il a horreur d'être bousculé. Bérenger est un sanguin, un impatient qui veut tout régler, tout de suite.
S'il s'agissait de régler la formulation d'un programme de refondation, alors l'alliance pourrait espérer convaincre.