Cameroun: Bienvenue dans la République du faux !

Dans une correspondance largement répandue sur la toile et signée du ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo fait savoir que plus de 1000 élèves gendarmes, sous-officiers et même des recrues de la promotion de l'année en cours, ont été radiés pour cause de faux diplômes.

C'est le plus gros scandale de l'heure. Après les scandales de la Cangate, du Covidgate et des fonctionnaires fictifs, c'est autour du scandale au sujet des faux diplômes, que l'on pourrait qualifier de " diplômegate ", qui est servi à la table des surprises, des chocs et des stupéfactions des populations camerounaises. Il s'agit en effet d'une liste pléthorique de faussaires qu'a signée le ministre de la Défense, le 10 août dernier. Laquelle liste porte les noms de plus de 1000 élèves et recrues des armées qui ont été radiés.

Tous issus, de la promotion 2022, ce sont, de façon plus clair, des élèves gendarmes, des élèves sous-officiers et même des recrues incorporées au profit des armées. Une situation qui a suscité une vague polémique dans les réseaux sociaux et même dans les chaumières.

Personne ne comprend comment est-ce que cette détection des faux diplômes ne s'est faite qu'après la réussite des candidats. Puisque suivant la réglementation en vigueur, c'est le ministère de la Défense, qui est l'institution en charge de l'organisation et du suivi des recrutements et des concours d'accès à l'armée.

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Comment est-ce que cette tricherie a pu les échapper bien avant l'admission des candidats ? Un administrateur civil dans l'anonymat, répond : " c'est probablement parce que les responsables du MINDEF chargés du suivi des dossiers des candidats, ont fait confiance aux diplômes en principe-légalisés par les administrateurs civils notamment les sous-préfets, les préfets et même les gouverneurs. Or même dans les bureaux de ces derniers, ils ne disposent d'aucune technologie pouvant les permettre de distinguer le vrai diplôme du faux.

C'est pourquoi il est souvent très rare de voir qu'un diplôme a été rejeté de l'un de ces services. La plupart, ou tous, sont toujours légalisés. Maintenant, il ne faut pas aussi perdre de vue qu'il y a des documents qui se fabriquent dans des coins comme Bonas (quartier de Yaoundé ". Une situation qui, selon lui, prouve et démontre urbi et orbi, toute la légèreté qui existe au niveau de la vérification de l'authenticité des diplômes au Cameroun. De quoi inviter le gouvernement à passer " à la numérisation des diplômes et même de tous les documents officiels pour limiter ou mieux, mettre un terme à ces cas de fraudes ".

Tensions sociales

Mais si tant est que les autorités chargées de la légalisation de ces documents, ne disposent pas d'appareils nécessaires pour vérifier l'authenticité d'un diplôme, comment est-ce que ceux du MINDEF ont donc réussi à le faire ? À cette interrogation, une source digne de foi révèle que dans le cas d'espèce, plusieurs éléments ont été pris en compte.

C'est ainsi qu'ont été qualifiés de faux, " les détenteurs d'un diplôme n'ayant pourtant jamais présenté l'examen officiel en vue de l'obtention dudit diplôme ", " ceux ayant officiellement réussi à un examen, mais ont changé leurs noms ou diminué leur âge pour pouvoir prendre part au recrutement " et " ceux ayant utilisé les diplômes de leur frère ".

Pour tous ces cas, ajoute notre source, c'est lors de la procédure de " vérification approfondie " des dossiers des candidats admis, que le faux a été constaté. Voilà donc plus de 1000 jeunes (hommes et femmes) qui étaient déjà en formation pour d'aucuns et en exercice pour d'autres, qui sont à présent, dans la nature.

Eux, qui maîtrisent déjà pourtant les techniques d'attaque, de combat et de défense de l'armée, ne seront-ils pas à présent, des dangers pour la République ? Surtout que le pays tout entier est constamment secoué par des tensions sociales dues au chômage ou à la précarité de l'emploi.

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