Kenya: Présidentielle - Prudence des observateurs d'Elog qui qualifient de "cohérents" les résultats annoncés

Au Kenya, Raila Odinga a rejeté hier, mardi, sa défaite à la présidentielle et promet d'user de " tous les moyens légaux à sa disposition " pour la contester. Dans ce contexte, Elog, le groupe d'observateurs de la société civile kenyane s'est exprimé hier sur le déroulement du processus. Il qualifie les résultats annoncés de " cohérents " avec ses estimations.

ELOG, Electoral Observation Group, avait déployé des observateurs dans 990 bureaux de vote considérés comme représentatifs, sur les 46 000 du pays : sur cette base, ses équipes ont ensuite réalisé une projection des résultats au niveau national, comme l'explique Ann Ireri, présidente du groupe d'observation. " Grâce à ce décompte, Elog est en mesure de confirmer qu'aussi le taux de participation que les résultats officiels annoncés par la commission sont cohérents avec nos estimations ".

La marge d'erreur annoncée par Elog - autour de 2% - impose tout de même la prudence car l'écart est mince entre les deux principaux candidats (233 211 voix).

Les observateurs d'Elog notent que le système de transmission des résultats a fonctionné beaucoup mieux que prévu. Ils se réjouissent que la Commission électorale ait rendu disponible en ligne 99% des procès-verbaux, mais les dissensions au sein de la Commission électorale qui s'est manifesté lundi, les inquiète. " Nous sommes extrêmement préoccupés par le chaos qui s'est passé au Centre national de décompte des voix, poursuit Ann Ireri, ainsi que par la scission au sein de la Commission électorale, qui a conduit certains commissaires à se retirer du processus de décompte et à publier leur propre déclaration avant même l'annonce des résultats "

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Elog ne prononce pas sur la question de savoir si le président de la Commission électorale était ou non fondé à proclamer des résultats rejetés par 4 commissaires sur 7 mais laisse le soin à la Cour suprême de trancher si elle est saisie d'un recours sur ce point.

Raila Odinga a qualifié de " parodie ", " illégale et anticonstitutionnelle ", l'annonce de l'élection de William Ruto par le président de la Commission électorale, alors que 4 des 7 membres de la commission venaient de faire dissidence. Mais il ne dit pas clairement s'il saisira la Cour suprême.

Uhuru Kenyatta, muet depuis l'annonce des résultats

Il a appelé ses militants à garder leur calme et semble privilégier la justice à la rue pour contester sa 5e défaite consécutive à une présidentielle. Les paroles et mots d'ordre de " Baba " comme le surnomment affectueusement ses partisans sont écoutés dans ses bastions où le calme a régné ce mardi. Le refus de Raila Odinga de reconnaître l'élection de William Ruto maintient tout de même le Kenya dans l'incertitude. En 2017, il avait réussi à faire annuler le scrutin présidentiel mais cela n'avait pas empêché des manifestations d'être organisées puis violemment réprimées. Sans oublier que tenir cette fois encore une nouvelle élection coûterait cher au Kenya déjà menacé par le risque de surendettement.

Quoi qu'il en soit, les événements de ces deniers jours le montrent, à 77 ans Raila Odinga n'est pas décidé à abdiquer dans ce que beaucoup voient comme son dernier combat. " Attendez-vous à ce que cela dure ", prévient sur twitter le politologue britannique Nic Cheeseman. D'autant qu'au-delà de la personne de Railla Odinga, d'importants intérêts économiques sont en jeu, pour lui et également pour son allié dans cette présidentielle, le chef de l'Etat sortant, Uhuru Kenyatta, muet depuis l'annonce des résultats.

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