Mali: Soutien présumé de la France aux terroristes - Un "coq-émissaire" pour expier les péchés du pays?

Le général Baratz, commandant de la force Barkhane (COMANFOR), le 17 août 2022.
analyse

Jusqu'où les autorités de la Transition malienne vont-elles donc aller ?

Il ne leur a pas suffi de voler d'escalades verbales en escalades verbales contre la France et le président Emmanuel Macron.

Il ne leur a pas suffi non plus de renvoyer à ses chères études diplomatiques l'ambassadeur Joël Meyer déclaré persona non grata le 31 janvier dernier pour des propos tenus par les autorités françaises.

Il ne leur a pas davantage suffi de suspendre RFI et France 24, considérées comme les bras médiatiques de l'impérialisme français.

Il ne leur a même pas suffi de pousser à la sortie Barkhane dont le dernier soldat a franchi la frontière nigérienne le 15 août.

Il faut toujours que Bamako en rajoute une couche.

Même chassé de sa basse-cour malienne où plastronne désormais l'Ours russe, il n'y a pas de répit pour le Coq gaulois. Dernière convulsion en date des spasmes politico-militaires qui secouent l'axe Paris-Bamako, les accusations de soutien aux terroristes dont se rendrait coupable l'Hexagone.

Dans une lettre datée du 15 août dernier et signée du ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, les Maliens ont égrené en effet, un interminable chapelet de griefs contre les Français, constitutifs selon eux de tentatives de subversion voire d'appui à la pieuvre djihadiste. Parmi lesquels plusieurs cas de refus d'obtempérer aux instructions des services de contrôle aérien, des cas d'extinction des transpondeurs, des falsifications de documents de vol ainsi que des atterrissages d'hélicoptères dans des localités hors aérodromes.

%

Au total, c'est une bonne vingtaine de cas de violations de l'espace aérien malien qui ont été recensés. Ces incursions illicites ont "servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes et pour leur larguer des armes et des munitions". Ni plus ni moins !

Ces accusations ont été qualifiées "d'insultantes" par le tout nouveau chef de la force Barkhane, le général Bruno Baratz.

En vérité, ce procès contre la France n'est pas bien nouveau. Que ce soit au Mali, au Burkina ou au Niger, une certaine opinion a toujours suspecté la Patrie des droits de l'homme de jouer au pompier pyromane. L'ami qui serait donc venu nous aider à libérer nos pays soutiendrait, selon les tenants de cette pensée, ceux qui ont mis le "Sahelistan" sous coupe réglée depuis une bonne décennie et qui sont en train maintenant de s'ouvrir une voie d'accès vers le littoral. Un double jeu donc dont il a toujours été cependant difficile d'attester la réalité.

Quand bien même toutes les récriminations recensées seraient exactes, sont-elles pour autant constitutives de pacte avec l'ennemi comme l'affirme le Palais de Koulouba? Difficile à dire.

Ce nouvel épisode des relations tumultueuses franco-maliennes montre en tout cas que même si les soldats tricolores ont plié bagages, ils seront toujours tenus pour responsables de la situation sécuritaire au Mali qui, malgré la présence des mercenaires russes de Wagner, ne s'est pas considérablement améliorée, contrairement à ce que ne cesse de propager la vulgate officielle sur les bords du Djoliba.

Tout se passe donc comme si Assimi Goïta, fâché contre tout le monde, fâché contre Barkhane, fâché contre la MINUSMA, fâché contre la Côte d'Ivoire, souffre de ce qu'on pourrait appeler le syndrome de la persécution et a trouvé en la France un bouc, que disons-nous, un "coq-émissaire" pour expier tous les péchés du Mali.

Il est vrai que Jupiter, du haut de sa chaire élyséenne, n'a pas toujours fait ce qu'il fallait pour se faire aimer avec son indignation à géométrie variable sur les putschistes et ceux qui opèrent des coups d'Etat constitutionnels ainsi que ses déclarations intempestives dans lesquelles transparaît souvent une forme de condescendance qui contribue à ternir chaque jour un peu plus l'image de la France dans ce qui était jadis son pré-carré, particulièrement en Afrique de l'Ouest.

Au prochain épisode donc !

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.