Un des éléments importants sortis de la réunion tenue hier entre les trois leaders de partis de l'opposition, c'est-à-dire Xavier-Luc Duval (Parti mauricien social-démocrate - PMSD), Paul Bérenger (Mouvement militant mauricien - MMM) et Navin Ramgoolam (Parti travailliste - PTr), est qu'il n'y a aucune discussion pour une alliance électorale en marge des prochaines élections générales.
Navin Ramgoolam, le leader du Parti travailliste, a été clair. "Je l'avais déjà dit, peut-être beaucoup de monde ne l'a pas compris. Si jamais le gouvernement décide d'organiser des élections municipales, nous irons ensemble. Nous n'avons pas parlé d'alliance ou autre... Nous voulons voir les choses que nous avons en commun pour préparer un programme de rupture", précise Navin Ramgoolam.
Ces propos ont été soutenus par le leader mauve, Paul Bérenger. "Je vous le confirme, il y a un accord pour que le PTr, le MMM et le PMSD aillent ensemble aux élections municipales si celles-ci sont organisées par le gouvernement. Le but de notre réunion n'était pas de finaliser quoi que ce soit pour les élections générales", a-t-il confirmé.
Ces déclarations ont pris plus d'un de court, surtout après que le chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell, avait déclaré à la radio que dans une alliance avec le PMSD et le MMM pour les élections générales, Navin Ramgoolam sera désigné comme le candidat au poste de Premier ministre pour un mandat de cinq ans.
L'express est allé s'enquérir auprès du député du PTr pour connaître ce changement de langage. "Oui, j'avais parlé d'un accord pour les municipales. J'avais aussi parlé de la création d'un comité pour voir certaines choses. Et le journaliste m'avait demandé au cas où il y aurait une alliance pour les législatives, s'il y avait un accord. C'était la question. J'ai répondu que cela coule de source que le poste de Premier ministre devait revenir au parti ayant la majorité de députés. C'est dans ce contexte que j'avais fait cette déclaration. La question du mandat du Premier ministre n'a jamais été discutée dans cette réunion", a maintenu Arvin Boolell.
D'après nos renseignements, les leaders de ces partis ont délibéré- ment décidé de ne pas discuter d'alliance électorale dans l'immédiat. Ils sont convaincus que malgré les scandales, Pravind Jugnauth n'organisera pas d'élections générales avant 2024 et qu'il fera tout pour s'accrocher au pouvoir. Si jamais le PTr, le MMM, le PMSD et éventuellement le Rassemblement mauricien de Nando Bodha concluent un accord électoral à deux ans des élections générales, les cadres de l'opposition parlementaire sont convaincus que Pravind Jugnauth, avec l'argent du Sun Trust et avec le soutien logistique de l'État, fera tout pour saborder cette alliance en capitalisant sur les membres les plus vulnérables de ces partis.
"Il est clair que tout le monde n'aura pas d'investiture. Il y aura aussi des mécontentements parmi nos membres. Le MSM achètera beaucoup de personnes qui viendront dire à la télévision qu'elles sont déçues de leur parti. Le Premier ministre trouvera tous les moyens pour casser cette alliance", déclare un membre de l'opposition. D'ajouter que tout sera fait par étapes. D'abord, l'opposition essaiera de capitaliser sur les élections municipales qu'elle est convaincue de remporter. "Quand nous remporterons ces élections, bien sûr si Pravind Jugnauth décide de les organiser, nous passerons à une autre étape."
Autre raison qui a amené les dirigeants de l'opposition à ne pas aborder des discussions pour une alliance est le congrès annuel du PTr qui se tiendra le dimanche 28 août. "Nous nous concentrons sur ce congrès au PTr. Nous avons beaucoup de demandes d'adhésion au comité exécutif et au bureau politique. Nous aurons une campagne d'explications car il n'y aura pas de place pour tout le monde. Il y aura une nouvelle équipe. Nous ferons le reste après", a expliqué Navin Ramgoolam.
Autre élément important discuté lors de la réunion d'hier est le rôle du leader du Rassemblement mauricien. "Nando Bhoda nous a fait comprendre qu'il est intéressé à rejoindre le comité qui rédigera le programme de rupture où il enverra ses représentants. Nous n'avons aucun problème à ce sujet", a maintenu Navin Ramgoolam. Le leader du MMM a aussi confirmé que Nando Bodha sera de la partie. D'ailleurs, tandis que le PTr fera son congrès annuel, l'entente de l'Espoir fera un "grand" congrès dans la circonscription 15 ou 16.
Navin Ramgoolam : "La bave du crapaud n'atteindra jamais la blanche colombe"
Sollicité par les journalistes qui souhaitaient avoir son opinion sur les attaques du leader du Mouvement socialiste militant, Pravind Jugnauth, et d'autres membres de ce parti qui ont évoqué, lors de leurs congrès, la période pendant laquelle Navin Ramgoolam souffrait du Covid-19, le leader du PTr leur a répondu ceci: "La bave du crapaud n'atteindra jamais la blanche colombe.
C'est tout ce que j'ai à dire." Par ailleurs, Navin Ramgoolam a réclamé la démission de Ken Arian, ancien "senior advisor" du Premier ministre, aujourd'hui à la tête d'Airport Holdings, suite à l'affaire de la lettre anonyme envoyée à Pravind Jugnauth. Cette lettre dont l'auteur semble être Ken Arian faisait des allégations contre l'ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, et des ministres. "Que fait Ivan Collendavelloo ? Il demeure silencieux", s'est demandé Navin Ramgoolam.
