Madagascar: Secoué par le séisme identitaire

Le début de ce deuxième semestre a été assez agité de mouvements divers. Sur le plan politique, des manifestations remplissent les rues des grandes villes. L'économie n'est pas toujours en flèche. Le désordre social fait partie du quotidien.

Le pays sombre dans le chaos, si l'on ose dire. Sur le plan culturel, elle a une base fissurée due à un choc identitaire. Suite logique, le pied gauche incliné ne sait où atterrir.

De temps en temps, les petits innocents ont entendu des anciens, des théoriciens venant de nulle part, démontrant que Madagascar est un paradis. Une île hébergeant des espèces endémiques, une végétation touffue hors du commun. Elle abrite des endroits paradisiaques avec une vue panoramique impressionnante. Madagascar, " l'île heureuse ". Un pays calme avec un peuple docile très accueillant. La Grande île est bénie, malgré la pauvreté de ses habitants.

Désormais, ce paradis se transforme peu à peu en enfer où les frères de la même église se lancent des pierres, ce qui nous rappelle l'histoire biblique, Caïn et Abel. Les pasteurs censés être des exemples, s'entredéchirent ! Les parquets des temples deviennent des tatamis.

Au paradis des pauvres. En fait, ce "caïnisme" ne date pas d'hier. Cela existait bien avant l'époque coloniale. Comme tous les pays du monde, Madagascar a traversé une longue période de construction. Jusqu'ici, les murs ne sont pas édifiés. Il semble que les maçons ont perdu leur temps à se chamailler, ils n'arrivent pas à se concerter sur la couleur du mur inachevé. Un caractère que leurs progénitures ont hérité. Ici, le but n'est pas de critiquer les faits mais de tirer la sonnette d'alarme...

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La vie file à toute allure, le temps va tellement vite que les citoyens n'arrivent plus à suivre. Par conséquent, ils trébuchent, se trompent de chemin. Le progrès est mal interprété. Le dessein se dessine avec un crayon arrondi. Le développement est regardé de travers.

En réalité, la technologie est un moyen efficace pour transmettre des informations. Un bel outil que l'homme doit utiliser à bon escient. Mais dans les pays pauvres comme Madagascar, cet instrument est usé et abusé.

Alors, à cause des réseaux sociaux, la pulsion de tuer son frère est diffusée en direct. Ce n'est pas de la télé réalité, c'est un show diffusé avec sang-froid, pour montrer que les endroits les plus calmes sont, en fait, les plus chauds... Malgré la technologie, la morale se rétrograde. Un rétropédalage vers une époque obscure, voire l'âge de pierre !

La rancœur a pris le dessus. Le feu de la haine bouillonne dans le sang. Le chômage, la faim et le désespoir engendrent-ils une telle nervosité viscérale. Bien entendu, le ventre vide résonne, mais n'a point d'oreille.

L'enfer est encore plus brûlant dans le Sud, avec le soleil de plomb, ces coups de feu qui font fondre en larmes des mères qui ont perdu leurs fils tombés sous les balles des dahalo. Ces pères de famille aux narines bouchées de poussière qui espèrent avoir les pépites d'or en plongeant à 15 mètres sous le sol de Betsiaka. L'enfer c'est aussi cette frustration que ressentent les petits paysans en voyant leurs terres spoliées par les réseaux mafieux proches du gouvernement. C'est également la crise des entreprises et industries. Ces vieillards retraités à genoux, les mains tendues vers le ciel demandant au Seigneur leur pain quotidien !

En enfer, il n'y a pas d'eau, c'est brûlant, et c'est obscur. C'est ce que vivent ces jeunes femmes obligées de laver le linge de leurs marmailles à 2 kilomètres de chez elles car l'eau des robinets n'arrose plus le jardin.

Avant, on nous disait que les Malgaches étaient fiers de leurs mœurs pudiques ! L'arrivée des islamisés puis les chrétiens leurs ont appris à se couvrir convenablement... À présent, le tabou est poussé au bout, place à l'exhibitionnisme. Sodome et Gomorrhe sont devenus des applications téléchargeables sur Play Store.

Une bonne raison pour les conservateurs de dire que la technologie transgresse la culture. Étant donné qu'elle transforme les visions, les modes de pensée, bouleverse les idéologies des aïeux. Elle a limité la patience... " Nos grands-parents s'envoyaient des lettres. Ils attendaient les réponses avec sérénité. Ce qui n'est pas le cas actuellement, les jeunes s'ennuient une fois que le réseau tombe en panne ", avons-nous entendu souvent cette anecdote dans les réunions familiales.

D'autre part, elle a tout accéléré. Fluide est la circulation de l'information. Elle a rendu caduque la coutume des aïeux, et a cassé le schéma tracé il y a bien longtemps. Entre tradition et développement, Madagascar effectue une démarche caméléonesque. La route est encore longue, elle est parsemée d'épines !

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