Algérie: Bachir Yelles, une vie au service de l'art

Alger — Artiste peintre, miniaturiste, premier directeur de l'Ecole nationale des Beaux-Arts, consultant en architecture des monuments, conservateur de musées ou encore enseignant, Bachir Yelles, le doyen des plasticiens algériens, a tiré sa révérence après une longue vie vouée aux arts et à la culture algérienne.

Disparu mardi à l'âge de 100 ans, Bachir Yelles aura marqué son passage en dirigeant la conception des maquettes de Maqam Echahid (Sanctuaire du Martyr) et du Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger en plus d'avoir laissé son empreinte en intervenant sur la mosquée Emir-Abdelkader et en réalisant de nombreux timbres-poste dédiés aux métiers de l'artisanat et au costume traditionnel algérien.

De nombreux artistes et anciens élèves de l'Ecole des Beaux-arts ont rendu hommage à un pionnier qui a voué sa vie à l'art "à un moment où tout était à construire", dirigeant d'une main de maître une prestigieuse école pendant vingt ans en y intégrant des monuments comme M'hammed Issiakhem et Choukri Mesli.

L'artiste peintre et sculpteur, Rachid Djemaï, qui a intégré l'école des Beaux-arts en 1966, rappelle le mérite de Bachir Yelles qui a dirigé "l'Ecole de l'architecture et des Beaux-arts et non pas juste les beaux-arts", précisant que cet établissement "assurait une formation en architecture, en art et en arts appliqués".

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Soulignant le dévouement et la rigueur du directeur, Rachid Djemaï salue la grande capacité de Bachir Yelles à "gérer des département aussi importants, aussi différents et aussi exigeants les uns que les autres", rappelant qu'à l'époque il fallait "former des algériens, trouver des formateurs, et assurer la disponibilité du matériel nécessaire à chacun".

Le plasticien, journaliste et écrivain Djaoudet Guessouma, a regretté la perte d'un "pilier de la culture algérienne qui avait très vite pris conscience de la nécessité de construire, former et algérianiser", ce qu'il s'était acharné à réaliser à la tête de l'école.

Etudiant de cette prestigieuse école lors des dernières années de service de Bachir Yelles, Karim Sergoua, plasticien et enseignant aux Beaux-arts, salue la mémoire d'un "gestionnaire irréprochable qui croyait en ce projet de grande école".

Il confie que Yelles, qui rendait régulièrement visite aux ateliers des étudiants, considérait qu'il "devait donner à l'Algérie une école de renom dans le domaine artistique".

Dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji a rappelé l'apport de Bachir Yelles, "un des plus importants artistes peintres algériens contemporains, qui aura laissé son empreinte dans les arts plastiques et l'architecture".

Né en 1921 à Tlemcen, Bachir Yelles avait intégré l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger en 1943 et avait participé à la première exposition de peintres et miniaturistes algériens, en 1944.

Il rejoint l'Ecole des beaux-arts de Paris et organise sa première exposition individuelle en 1948, avec un catalogue rédigé par son ami , l'illustre écrivain Mohamed Dib, et va promouvoir le patrimoine de sa ville natale.

Après le recouvrement de l'indépendance, Bachir Yelles est le premier directeur de l'Ecole nationale des Beaux-Arts d'Alger, et deviendra également fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (Unap).

Il est également connu pour ses nombreuses interventions plastiques ou architecturales sur des édifices comme Maqam Echahid, le Palais de la culture Moufdi-Zakaria, la mosquée Emir Abdelkader de Constantine ou le Centre national des archives à Alger en plus d'autres institutions.

Depuis les années 2000 de nombreuses expositions et rétrospectives lui ont été dédiées, alors que le musée national des Beaux-arts compte une salle qui porte son nom.

Bachir Yelles a été inhumé mercredi au cimetière de Sidi M'hammed à Alger en présence d'un grand nombre de plasticiens et de ses anciens élèves.

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