Afrique: Samuel Eto'o, Ambassadeur du Mondial Qatar 2022 - " Les représentants africains feront tout pour remporter la Coupe du monde "

Samuel Eto'o, Président de la FECAFOOT
18 Août 2022
interview

Ambassadeur de la prochaine coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre 2022), Samuel Eto'o était de passage au Sénégal (16-17 août 2022) pour faire la promotion de cet évènement interplanétaire. Le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) en a profité pour effectuer un tour au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio. Une visite qui lui a permis de mieux contempler ce joyau qui fait la fierté de tout un continent. Interpellé, l'ancien attaquant du Fc Barcelone est aussi revenu sur son rôle en tant qu'Ambassadeur de la coupe du monde, les chances des équipes africaines engagées à la prochaine coupe du monde et son bilan d'étape en tant que président de la Fecafoot. Morceaux choisis.

Samuel Eto'o, vous êtes au Sénégal en tant qu'Ambassadeur de la coupe du monde au Qatar. Parlez-nous de ce rôle ?

Mon rôle en tant qu'Ambassadeur de la coupe du monde est de parler du Qatar, de ce que je sais de ce pays. À quelques semaines du coup d'envoi de la coupe du monde, il était important pour nous de voyager partout en Afrique et d'apporter la bonne parole, la vraie surtout, pour essayer de rassurer les fans pour que leur séjour à Doha se passe de la plus belle des manières.

Lorsque vous parlez de rassurer, c'est parce qu'il y a évidemment beaucoup de presse négative sur le Qatar ?

Lorsque vous organisez un évènement aussi important que celui-là, il y a une certaine presse qui sera toujours négative, et notre rôle consiste justement à dire ce que nous connaissons, ce qui est fait et ce que les fans apporteront à Doha. Hier (avant-hier, Ndlr), nous avons eu un bel échange avec les fans du Sénégal et un autre avec les influenceurs, il y a trois jours au Cameroun, et nous continuerons ainsi prochainement au Ghana pour dire aux gens qu'ils seront en sécurité et qu'ils pourront profiter de la ville après les matches. L'alcool, pour ceux qui boivent, sera autorisé. Les fans ont parfois besoin de se vider la tête, mais évidemment tout en respectant aussi la façon de vivre des Qataris. Mais nous nous préparons à offrir au monde entier tout ce que nous avons construit depuis quelques années déjà.

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En parlant des supporters, on pense aux coûts du déplacement. Est-ce qu'on pourra voir beaucoup de fans issus du continent africain au Qatar ?

Mais bien sûr. Il y aura de la place pour tout le monde et il y aura des prix pour tout le monde. Ceux qui veulent voyager et être dans des conditions Vip, ils en auront pour l'argent qu'ils mettront. Nous savons que le football est un sport riche, mais en même temps pauvre d'où ce paradoxe parce que la majorité des fans sont de la classe moyenne. Ils auront évidemment des prix pour eux et avec de très bons hôtels. C'est vrai que le Qatar est présenté comme un pays très luxueux, ce qui n'est pas faux, mais nous avons pensé à tout le monde.

Est-ce enfin la coupe du monde de l'Afrique ? Ce sera la 22ème édition et on attend encore de voir un pays africain au palmarès. Est-ce que cette fois-ci, ce sera la bonne ?

Je ne suis pas très à l'aise lorsqu'on me demande si ce sera la coupe du monde des Africains. Il faut qu'on s'habitue à employer un autre terme, dire que c'est possible que les Africains gagnent la coupe du monde. Comme président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoo), je fais tout pour mettre les joueurs de l'équipe nationale du Cameroun dans les meilleures conditions et qu'ils aient à penser à gagner sept rencontres parce qu'il suffit d'en gagner sept pour être champion du monde. Le continent africain a ses cinq meilleurs représentants, même si j'aurais souhaité que ce nombre soit revu à la hausse parce que nous avons la confédération qui compte le plus grand nombre de fédérations (54) et je pense qu'il est important qu'on ait plus de place et que nos dirigeants puissent en parler avec le président de la Fédération internationale de football association (Fifa), Gianni Infantino, pour avoir plus de places. Regardez quand même d'autres nations qui sont aussi importantes que celles qui sont qualifiées et qui ne seront pas de la partie (Algérie, Côte d'Ivoire, Nigeria, Égypte). L'Afrique aurait eu beaucoup plus de chance pour remporter ce trophée mais les cinq représentants de l'Afrique feront tout pour remporter la coupe.

Le football africain n'est pas toujours respecté comme il se doit. Vous-même avez eu à prendre position à maintes reprises pour le dénoncer. Est-ce que gagner la coupe du monde permettra de passer ce palier pour le continent ?

Évidemment, c'est un cap qui est important pour le football africain. Mais le football n'est que le reflet de notre société. Ce que vous vivez quotidiennement dans la vie de tous les jours, c'est ce qu'on retrouve dans un stade de football. Vous savez comme moi que la vie n'est pas toujours juste comme nous le souhaitons, mais peu importe. Ce que le football nous a souvent offert, c'est que peu importe votre couleur, peu importe si vous êtes riche ou pauvre, vous pouvez avoir de belles victoires. Donc, ce que je fais aujourd'hui, c'est d'essayer de bien faire les choses comme je le faisais quand j'étais joueur pour que ceux qui seront les privilégiés, qui seront dans la liste de notre sélectionneur national (Rigobert Song, Ndlr) n'aient pas de problème de logistique ou administratif et qu'ils arrivent dans cette coupe du monde bien préparés avec une seule pensée : bien faire leur job.

Récemment, Aliou Cissé s'est mesuré au président de Naples, Aurelio de Laurentiis pour défendre la Coupe d'Afrique des nations de football (Can). Il y a de plus en plus de voix qui s'expriment pour défendre le continent. Vous en êtes content ?

Nous sommes Africains et je pense que nous ne pouvons mieux défendre notre continent que par nous-mêmes. Avant la dernière Can au Cameroun, j'avais pris position en disant qu'il était important qu'on joue en janvier-février. Évidemment, cela ne plaisait pas à d'autres personnes, mais il y a un fait en Afrique, car nous avons une saison pluvieuse en juin-juillet-août et nous voyons pour la première fois de l'histoire que la coupe du monde se jouera en novembre-décembre. Nous voyons que c'est possible de le faire et il suffit juste de se mettre d'accord avec les autres. Je suis plutôt content que les enfants de ce continent prennent conscience que personne d'autre ne viendra défendre notre continent à notre place.

C'était votre choix de nommer Rigobert Song au poste de sélectionneur national du Cameroun. Qu'est-ce qu'il peut apporter à l'équipe ?

Ce qu'il apporte déjà. Trois semaines avant le premier match des barrages, nous avons fait ce choix difficile que beaucoup ne comprenait pas, mais j'ai donné une chance à mon pays d'être qualifié en coupe du monde. Je dis encore un grand bravo et merci au sélectionneur Rigobert Song, parce qu'il aurait pu dire que je ne veux pas relever le défi maintenant, je préfère attendre. Mais il a accepté comme bon patriote qu'il est, puis il a relevé le défi avec brio et il continue de bien travailler. Je ne suis pas agréablement surpris de sa façon de travailler parce qu'il est professionnel et chaque semaine, il me fait un point super bien présenté sur tout ce qui se passe sur ses joueurs et je dis toujours que c'est cette Afrique-là que nous voulons voir, ces enfants-là qui savent bien faire les choses et qui aiment bien les faire. Comme président, je suis heureux de l'avoir.

C'est important que le sélectionneur du Cameroun, du Sénégal et d'autres pays du continent soit issu du pays ?

Ce qui n'était pas normal, c'est que nous n'ayons pas beaucoup de sélectionneurs africains à la tête de nos équipes nationales. Ce qui était compliqué d'accepter, c'est que vous passez vingt ans à servir votre pays et au moment de vous retirer vous vous dites : je vais embrasser une carrière d'entraîneur. Vous vous préparez et que votre pays ne vous offre pas l'opportunité de montrer de quoi vous êtes capable. Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas aussi bon que ceux qu'on nous amenait, mais pour d'autres considérations. Je suis heureux quand je vois cette Afrique qui prend ses responsabilités. Il faut qu'on se développe et qu'on aille vers où nous voulons aller. Il faut qu'on fasse avec nos enfants et cette Afrique-là est celle que nous voulons.

Pouvez-vous nous faire un premier bilan d'étape de votre magistère à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) ?

Nous sommes plutôt satisfaits de ce que nous faisons en huit mois à la tête de cet exécutif. Nous avons changé à 95% le panorama du football camerounais. Mais nous souhaitons aller beaucoup plus loin et nous irons beaucoup plus loin. Tout simplement parce que nous savons où nous voulons aller et le plus difficile souvent, c'est comment trouver les hommes qui vont implanter vos idées. Heureusement, nous trouvons de plus en plus ces Camerounais qui croient en ce que nous faisons et je suis heureux de partager cette belle aventure avec eux.

Vous êtes un homme ambitieux. Quelle est votre limite ?

Je n'en ai pas (il se répète). Je pense que comme quand j'étais joueur, je ne m'arrêtais jamais pour regarder tous les trophées que j'ai gagnés. Le jour où je me suis arrêté et qu'on faisait le bilan, je me suis dit ah j'ai quand même réussi à gagner pas mal de titres. Je pense que quand je partirai de la fédération, il y aura bien évidemment un bilan sportif qui sera calculé en termes de trophées, de participation aux grandes compétitions, de nombre de licenciés, d'organisation des championnats, de développement du football amateur et de celui des jeunes. Il y aura aussi un bilan administratif qui nous prend beaucoup de temps. Les gens nous jugeront sur ce que nous avons eu à apporter, puis à changer pour que ce football-là prenne définitivement son envol.

Un mot sur le stade Me Abdoulaye Wade que vous venez de visiter...

Je voudrais juste que vous précisiez que le stade Me Abdoulaye Wade est l'un des plus beaux stades du monde et qu'il se trouve ici à Dakar, au Sénégal. Vous pouvez être fier de ce joyau.

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