Afrique: Timan Erdimi et Mahamat Nouri de retour au Tchad

Le chef rebelle Timan Erdimi

Alors que le dialogue national doit s'ouvrir en principe le 20 août, deux importants chefs rebelles sont rentrés jeudi, à N'Djamena, après plusieurs années d'exil.

Parmi les dizaines de groupes rebelles qui ont signé l'accord de Doha le 8 août dernier, l'UFR et l'UFDD sont assurément des poids lourds.

Tous deux ont été à deux doigts de renverser le président Idriss Déby Itno.

En 2008, l'UFDD arrive aux portes du palais présidentiel à N'Djamena. L'offensive est repoussée avec l'aide de la France, ancienne puissance coloniale.

En 2019, c'est l'UFR qui tente un coup de force depuis le Soudan. Il échoue - là encore grâce au soutien de l'armée française.

Deux ans plus tard, Idriss Déby Itnoest tué et c'est son fils qui dirige depuis une transition militaire au Tchad.

Selon le politologue Évariste Ngarlem Tolde, c'est cette nouvelle donne qui a incité Timan Erdimi et Mahamat Nourià s'asseoir à la table des négociations :

"Aujourd'hui ils sont en mesure de réaliser qu'ils ne peuvent plus assouvir leurs ambitions politiques. C'est comme ça qu'ils ont décidé de regagner la légalité, de tendre la main également au peuple tchadien et de reconstruire le Tchad avec le reste des Tchadiens."

Un dialogue incomplet

Reste que dans deux jours, le dialogue national s'ouvrira sans un autre grand groupe rebelle - le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad - à l'origine de l'attaque qui a coûé la vie au président Idriss Déby et issu d'une scission au sein de l'UFDD. Le FACT considère en effet que le dialogue national inclusif (DNI) est "biaisé d'avance". Mais pour le professeur Tolde, tout n'est pas perdu :

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Mahamat Nouri et Timan Erdimi sont effectivement deux chefs rebelles qui peuvent encore influer un peu sur le FACT. Parce que Mahdi était donc avec Mahamat Nouri et il est fort probable que Mahamat Nouri puisse jouer un peu sur cette fibre-là pour ramener Mahdi à la table des négociations et peut-être lui faire signer également l'accord de Doha.

Une hypothèse qu'Ousmane Houzibé, juriste constitutionnaliste, considère avec prudence :

"C'est difficile de le dire parce que si c'était le cas je crois que les représentants du FACT qui étaient à Doha au même titre que les deux chefs rebelles qui viennent de regagner le pays, auraient pu se laisser convaincre à Doha. Mais ici sur place ... Attendons de voir mais je crois qu'il appartient à chaque organisation de dire ce qu'elle pense réellement. Mais le dernier mot revient aussi au peuple tchadien."

Le dialogue national est prévu pour durer trois semaines et doit permettre à terme d'adopter une nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum.

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