Afrique: Accusations du Mali contre la France, les dernières d'une longue série

Abdoulaye Diop a écrit lundi 15 août aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer le comportement de l'armée française accusée par Bamako de fournir du renseignement et des armes aux groupes terroristes. Des accusations qui ne sont pas nouvelles pour l'armée française, mais qui n'avaient jamais été proférées par un membre du gouvernement malien, enfin presque.

Le Premier ministre de transition, Choguel Maïga, avait déjà accusé la France d'avoir " formé et entraîné une organisation terroriste à Kidal " et même d'y avoir créé une " enclave terroriste ". C'était en octobre dernier - il y a eu d'autres sorties du genre - mais le chef du gouvernement malien jouait alors la carte de l'ambiguïté puisqu'il parlait d'anciens dirigeants d'Ansar Dine, lié à Al-Qaïda, qui ont rompu en 2013 avec Iyad Ag Ghaly pour fonder le HCUA, groupe signataire de l'accord de paix de 2015 avec le gouvernement malien et dont les membres - certains sont même devenus députés - sont actuellement des interlocuteurs des autorités de transition.

La France a également été souvent critiquée - et c'est d'ailleurs toujours le cas - pour s'être alliée en 2013 au MNLA, groupe armé qui avait alors des revendications indépendantistes et que de nombreux Maliens considéraient, pour cette raison, comme " terroristes ", même si le MNLA appuyait alors les soldats français contre Al-Qaïda.

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M. Diop dit avoir des preuves

Sur les réseaux sociaux, l'armée française a aussi fait l'objet d'innombrables accusations du genre, par de simples individus ou par des trolls, des faux comptes créés spécifiquement pour désinformer : les soldats français sont ainsi régulièrement accusés d'être complices des groupes jihadistes mais aussi de piller l'or du Mali ou encore d'y mener des essais nucléaires.

Mais aujourd'hui, c'est le chef de la diplomatie malienne qui accuse avec sérieux et gravité la France de renseigner et d'armer les jihadistes. Sans équivoque puisqu'il y a une semaine, après l'attaque de Tessit - 42 soldats maliens tués par le groupe État islamique - l'armée malienne pointait déjà " un appui majeur " et " une expertise extérieure ".

Dans sa lettre à l'ONU, Abdoulaye Diop affirme avoir des preuves, sans les révéler. Sans doute les réserve-t-il pour la réunion d'urgence qu'il demande au Conseil de sécurité.

Paris dément catégoriquement ces accusations : l'ambassade de France à Bamako martèle que la France n'a " évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement ", les groupes terroristes présents au Mali, ni al-Qaïda, ni le groupe État islamique. L'ambassade rappelle que ces deux groupes ont d'ailleurs mené des attentats sur le sol français et que l'armée française a tué plusieurs centaines de jihadistes au Sahel ces neuf dernières années, dont de très hauts responsables.

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