Sénégal: Tournée agricole - Les belles promesses des cultures céréalières à Tambacounda

18 Août 2022

Le Ministre de l'Agriculture et de l'Équipement rural, Moussa Baldé, a démarré, hier, sa traditionnelle tournée agricole, par la région de Tambacounda. Dans les champs visités, les cultures, notamment céréalières, se portent bien et sont annonciatrices de bonnes récoltes, selon les producteurs.

Malgré la énième pluie de la veille, les nuages noirs continuent de s'amonceler dans le ciel du village de Barkiyel Médina Mamoudou, dans la commune de Missirah, à 25 km de Tambacounda en direction de Kédougou. Ce mercredi matin, d'autres précipitations s'annoncent et ce n'est pas pour déplaire aux paysans de ce patelin posé en bordure de la route nationale. Ici, l'agriculture est encore fortement dépendante de la générosité du ciel. Et jusqu'ici, celui-ci n'est pas du tout avare vu l'état des cultures. Les champs ont tellement pris de la hauteur qu'on a du mal à distinguer les concessions du village. En effet, deux champs de maïs de 10 hectares chacun, de part et d'autre du tapis de bitume, obstruent toute vue au-delà de leur périmètre. Signe que les cultures sont en maturation. " Nous avions semé le 25 juin ; 45 jours plus tard, vous pouvez constater vous-même le résultat ", confie, tout heureux, le propriétaire de ces champs, Ousmane Cissokho, au Ministre de l'Agriculture et de l'Équipement rural à qui il tend un épi de maïs.

Cet homme de forte corpulence et à la voix grave ne se lasse pas d'expliquer les raisons de cette prouesse : réception à temps des intrants, mise à disposition de tracteurs et bonne pluviométrie. Président de la Fédération Masse paysanne de Tambacounda, Ousmane Cissokho est également producteur d'arachide et de coton. Ces deux spéculations poussent dans les environs ; l'arachide sur cinq hectares et le coton sur deux hectares. Ce partisan acharné de la diversification des cultures n'a pas manqué d'exprimer sa joie au Ministre Moussa Baldé de l'avoir choisi pour démarrer sa traditionnelle tournée agricole dont la première journée a commencé, hier, par la région de Tambacounda, une zone connue pour la prépondérance des cultures céréalières.

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Si l'appui de l'État n'a pas fait défaut, Ousmane Cissokho n'a pas manqué de faire part au Ministre son souhait de voir les autorités appuyer davantage les producteurs de la zone pour développer la culture irriguée et ne plus dépendre de l'hivernage ; ce qui passe par la disponibilité des forages. Son plaidoyer porte aussi sur le soutien à la filière coton qui, selon lui, est l'une des rares spéculations à ne pas bénéficier d'une subvention de l'État, au moment où les prix de l'engrais ont connu une hausse vertigineuse. Des doléances qui ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd puisque le Ministre Moussa Baldé a promis d'étudier la question.

Le bon côté de l'agrobusiness

Deuxième étape de cette première journée de visite : le village de Niaouré, toujours dans la commune de Missirah (17 km de là) et à quelques encablures de Gouloumbou (7 km), zone de prédilection de la culture de la banane. Au milieu d'une succession de forêts claires et de savanes arborées dans lesquelles on s'enfonce par une piste en latérite, puis des chemins de campagne, la ferme Gouloumbou agrobusiness se dévoile. Elle s'étale sur 350 hectares. Mais, à l'heure actuelle, seuls 120 hectares sont exploités, selon son propriétaire, Cheikh Sarr. Pour cet hivernage, cinq spéculations sont en train de s'y s'épanouir : le mil " souna ", le maïs, le sorgho, l'arachide et le niébé. Toutes sont à l'étape de maturation sauf le niébé qui vient de démarrer. En plus des cultures vivrières, Gouloumbou agrobusiness investit dans l'arboriculture. Ainsi, 20 hectares sont dédiés à la mangue et 10 hectares au citron.

Au-delà de ce que lui donne cette terre, Cheikh Sarr tire aussi sa fierté des retombées sociales de cette ferme qu'il exploite depuis 2013. " Ce projet est en train de fixer les jeunes dans leur terroir. Nous avons même embauché des jeunes de retour d'Algérie qui voulaient tenter l'émigration clandestine. Nous en sommes, aujourd'hui, à 32 emplois. En période de pointe, nous en embauchons plus. Nous avons permis à des jeunes qui n'avaient aucune qualification d'avoir une expertise dans des métiers agricoles. Certains ont quitté ici pour aller travailler dans le nord où il y a plus d'opportunités ", explique-t-il d'une voix calme et timide.

Cette ferme dispose déjà d'équipements obtenus grâce, en partie, au soutien de l'État (semoirs, tracteurs, batteuses, du matériel post-récolte... ). Mais, vu son apport dans la zone en termes d'emplois et de rendements agricoles, le Ministre de l'Agriculture a promis de renforcer le promoteur en équipements pour qu'il puisse exploiter l'ensemble des 350 hectares. " Ce modèle intégré de production géré par des Sénégalais et qui crée des emplois dans la zone, lutte contre l'émigration clandestine, participe à la construction d'une souveraineté alimentaire au Sénégal, à la diversification de notre agriculture, on devrait le montrer un peu partout au Sénégal ", estime Moussa Baldé.

Pour cette première journée, la tournée s'est terminée par la commune de Sinthiou Malème où le Ministre de l'Agriculture a visité, au village de Touba Fall, deux champs d'arachide contigus exploités par Abdou Khadr Sakho. Dans le premier qui s'étend sur neuf hectares, ce producteur cultive le type 73 et dans le second de trois hectares, le type 55. Selon lui, les récoltes pour le premier champ sont attendues dans deux mois alors que pour le deuxième, c'est dans 40 jours.

Moussa Baldé, Ministre de L'agriculture et de l'Equipement rural : " Nous attendons beaucoup de la culture céréalière "

" Impressionnés " par les champs de maïs et de mil qu'il a vus, le Ministre de l'Agriculture et de l'Équipement rural, Moussa Baldé, espère que les fruits tiendront la promesse des fleurs. " Nous espérons, d'ici deux mois, qu'on aura d'excellentes récoltes en termes de céréales ", a-t-il déclaré. M. Baldé rappelle qu'avec la conjoncture mondiale marquée par la Covid-19 et la guerre en Europe, l'option de l'État est de miser sur les céréales afin d'assurer la souveraineté alimentaire du pays. Pour ce faire, le Ministre informe que les semences de maïs ont été notamment augmentées, de même que les emblavures. Tous ces efforts consentis et le bon hivernage aidant, Moussa Baldé nourrit de grands espoirs pour cette campagne agricole. " Nous avons vu des champs qui se comportent bien. Nous attendons donc d'excellentes récoltes comme en 2020 où nous avions des productions importantes. C'est comme cela que nous pourrons asseoir une souveraineté alimentaire. Nous y travaillons sans relâche et tous les producteurs sont à pied d'œuvre ", a soutenu le Ministre.

(Envoyé spécial)

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