Madagascar: Industrialisation - Le pays dans le radar des industries textiles

Selon la directrice de cabinet de la présidence de la République, les investisseurs dans l'industrie du textile lorgnent la Grande île. Une situation favorisée par les crises qui sévissent dans les pays leaders du secteur.

Jusqu'à soixante mille emplois en trois à six mois. Voilà le potentiel de création d'emploi de l'industrie du textile indique Baomiavotse Vahinala Rahanirina, directrice de cabinet de la présidence de la République, durant une conférence de presse à son bureau, à Ambohitsorohitra, hier. Une prévision tout à fait réaliste compte tenu du contexte international inhérent à ce secteur.

L'industrialisation a été le thème central de cette rencontre avec la presse de la directrice de cabinet du Chef de l'État. Elle a, notamment, fait un rapport du déplacement d'une délégation présidentielle au siège de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), à Vienne, la semaine dernière. Sur sa lancée, elle a fait part de l'intérêt d'investisseurs dans l'industrie du textile pour Madagascar. Selon ses dires, "Madagascar est sous les feux des projecteurs et est considéré parmi les pays ayant de forts potentiels pour l'essor de ce secteur".

D'après les explications de Baomiavotse Vahinala Raharinirina, les difficultés rencontrées par des Etats en pôle position dans l'industrie du textile devraient permettre à Madagascar de se retrouver au devant de la scène. Elle cite en exemple l'Ethiopie. Ce cador du continent africain dans le domaine du textile est croule sous les sanctions internationales en raison d'une crise politique couplée de conflits armés dans une partie du pays. La Chine, aussi, fait face à des représailles économiques de la part des Etats-Unis et de certains États européens. Ce qui a de fâcheuses conséquences sur son industrie, particulièrement, le textile.

%

Durant la conférence de presse d'hier, la directrice de cabinet du président de la République ajoute que le Bangladesh, un des poids lourds du textile connaît, également, des difficultés actuellement. A l'entendre, une voie royale s'ouvre pour Madagascar afin de ravir une place à ceux qui se trouvent en tête de proue dans ce secteur. La partie n'est, cependant, pas gagnée d'avance. Des mesures d'accompagnement impératives sont à mettre rapidement en place pour créer les conditions optimales pour séduire les investisseurs.

La première condition soulignée et martelée parla directrice de cabinet du président est la stabilité politique. "Les investisseurs afflueront s'ils ont la garantie d'une stabilité politique", argue Baomiavotse Vahinala Raharinirina. L'autre élément incontournable est la mise en place d'un écosystème industriel fort. Un concept affirmé par Andry Rajoelina, président de la République à l'ONUDI, vendredi.

Stabilité

"Nous avons cette volonté avec fermeté et ténacité afin de transformer notre tissu économique en un écosystème industriel performant", a déclaré le locataire d'Iavoloha, en soulignant la volonté politique de l'Etat à engager les réformes nécessaires pour l'industrialisation de la Grande île. Sa directrice de cabinet, hier, a évoqué la nécessaire mise en place de politique incitative pour le secteur privé, d'appui à ce dernier "en levant les différents blocages", la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la lutte contre le monopole.

Dans une interview publiée mardi, Claire A. Pierangelo, ambassadrice des États-Unis, a aussi soulevé cette nécessité d'assurer un climat des affaires stable et attrayant à Madagascar. "(... ) la première chose dont tout entrepreneur a besoin (... )est d'une politique-économique claire, cohérente et équitable de la part du gouvernement. Les investisseurs doivent savoir que la même politique sera appliquée aujourd'hui et demain. S'ils ont confiance en cette politique, ils vont investir", affirme-t-elle.

La diplomate américaine souligne, également, le besoin "d'un traitement équitable". Sur sa lancée, elle soutient que "toute politique publique qui n'est pas appliquée uniformément et équitablement à toutes les entreprises décourage les investissements à Madagascar. La Grande île doit donc réfléchir à sa réputation internationale en matière de transparence et d'équité. Elle doit également réfléchir à la manière d'avoir un système juridique et politique raisonnable, lisible et durable".

À s'en tenir au discours du président Rajoelina à l'ONUDI, à Vienne, son administration est déterminée à mettre tous les atouts sur la table afin d'industrialiser le pays. L'autre point clé qui est aussi le nerf de la guerre est l'énergie. Il s'agit d'un des gros points faibles de Madagascar. Baomivotse Vahinala Rahanirina a mis en avant les réformes engagées pour remettre à flot la société d'eau et d'électricité Jirama.

Seulement, outre les questions de coût, la qualité de service et une quantité d'énergie suffisante et à la hauteur des ambitions d'industrialisation du pays sont les mélodies qui feront chavirer les cœurs des investisseurs. La directrice de cabinet du président de la République, indique qu'afin de booster la quantité d'électricité à mettre à disposition des usagers, l'Etat donne son feu vert pour que la Jirama achète de l'électricité auprès du secteur privé. À l'entendre, une réforme légale dans ce sens serait en cours.

D'autres options s'avèrent nécessaires, cependant, surtout sur le long terme. La transition énergétique et de l'énergie renouvelable, comme la mise en place de centrales hydroélectriques ont été longuement discutées durant le déplacement présidentiel à Vienne. Il y a, du reste, la question des ressources humaines. Sur ce volet, l'Etat table sur le renforcement de la formation professionnelle et technique en vue de l'industrialisation du pays.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.