C'est en principe le 1e Octobre prochain, que s'ouvre officiellement la campagne de commercialisation 2022- 2023 du cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana. Ils ont décidé depuis bientôt trois campagnes de faire chemin ensemble, à travers l'initiative Cacao Côte d'Ivoire- Ghana.
Ces deux pays pourvoyeurs de plus de 60% du cacao mondial sont engagés dans une coopération bilatérale dans le secteur du cacao. Ils ont signé l'accord de siège de leur nouvelle organisation ; l'Iccg le jeudi 05 Août 2021 au Kempinsky Hôtel à Accra au Ghana. L'objectif majeur de cette initiative est entre autres, la mise en œuvre du Revenu minimum décent, (Drd). Qui consiste à verser aux producteurs sur chaque tonne de cacao vendue à l'exportation, environ 200 mille Fcfa. Pour l'ivoirien N'Guessan Edouard, ancien Dga du Conseil café-cacao et expert en économie cacaoyère, « Le Différentiel de revenu décent (Drd) n'est pas une mauvaise idée. Toutefois, on a oublié que c'est le marché qui fait le prix. C'est la loi de l'offre et la demande. Une taxe fixée par nos Etats ne peut s'imposer au marché s'il n'y a pas de justification. Il aurait fallu lier le Drd à un effort sur la qualité de l'origine dans le cadre d'un cacao durable. Le marché l'aurait intégré plus facilement. On allait l'apprécier comme une prime qualité. Il y a déjà des primes qui sont liées aux programmes de certification et de durabilité privés »
La mise en œuvre du Drd(Il est supporté par les industriels chocolatiers) malgré des couacs avance bien et va s'agir au cours des prochaines campagnes de l'affiner et de l'ouvrir aux autres pays producteurs africains de cacao africains comme le Nigeria et le Cameroun.
En attendant, au niveau de la Côte d'Ivoire, dont système de vente du cacao a été réformé depuis près d'une décennie, le Conseil du café et cacao, scrute les mouvements du marché mondial de l'économie cacaoyère. Par ailleurs, le schéma de commercialisation en place en Côte d'Ivoire avec un prix d'achat stabilisé aux producteurs, permet au pays de vendre chaque année avant le début d'une nouvelle campagne, une certaine proportion de la récolte à venir. Selon le dernier rapport mensuel de l'Organisation internationale du cacao (Icco) dont le siège est à Abidjan, indique que la commercialisation extérieure pour le compte de la campagne cacaoyère 2021/2022 va bon train. Le premier producteur de fèves de cacao a déjà écoulé par anticipation 1,4 million de tonnes de fèves au 8 août 2022. Ce volume représente 93 % de l'objectif de 1,6 million de tonnes prévu d'ici la fin du mois de septembre prochain. Des informations qui sont aussi confirmées par l'Agence Ecofin.
Plus d'un mois avant l'ouverture de la campagne principale de commercialisation, les spéculations vont bon train. Plusieurs paysans à l'intérieur du pays, ont déclaré que les conditions climatiques étaient favorables à des cueillettes abondantes entre Octobre et fin janvier 2023. Plusieurs exportateurs ont estimé la campagne qui est en train de s'écouler à autour de 2,25 millions de tonnes. Le Conseil du Café-Cacao (Ccc)qui n'est autre que le régulateur, vend par anticipation par le biais d'enchères électroniques 70 à 80 % de sa récolte globale afin de tirer profit d'éventuelles hausses des cours mondiaux et pour fixer le prix minimum aux producteurs durant la campagne principale.
Des experts annoncent même une légère hausse d'environ 25Fcfa par kilogramme au producteur. Ce qui va donner 850 Fcfa contre 825Fcfa durant cette campagne en cours. « Alors que la pandémie de coronavirus continue de peser sur la demande mondiale, les autorités ivoiriennes appliquent actuellement dans le cadre des ventes, une décote de 150 livres (162mille Fcfa) par tonne sur chaque contrat d'exportation, soit 50 livres( 90 mille Fcfa) de moins qu'en 2020/2021 »,rapporte l'Agence Ecofin. La production de fèves de la Côte d'Ivoire devrait encore franchir le cap des 2 millions de tonnes en 2021/2022 selon les prévisions des analystes.
Quid de la situation au Ghana, le deuxième producteur mondial de cacao ?
Le Ghana est le deuxième producteur mondial de cacao derrière la Côte d'Ivoire. Si les autorités ont multiplié les interventions pour accroître l'offre sur ces dernières années, de nombreux obstacles continuent de miner la performance de la filière.
Au Ghana, la production de cacao devrait s'établir à 685 000 tonnes au terme de la campagne 2021/2022 courant jusqu'en septembre prochain. C'est ce qu'indiquent à Bloomberg, plusieurs sources proches de l'industrie. Le volume annoncé est en baisse de près de 28 % par rapport à la dernière estimation de 950 000 tonnes formulée par Ghana Cocobod. Il affiche en outre, un recul de 34 % par rapport à la récolte historique de 1,04 million de tonnes réalisée au cours de la campagne précédente. Cette prévision si elle se réalise signera la pire performance du secteur en 12 ans depuis les 557 000 tonnes récoltées en 2009/2010.
A l'origine de cette dégringolade, « la sécheresse qui a affecté l'appareil de production et la destruction de plus de 19 000 hectares de plantations de cacao en 2021, soit l'équivalent de 2% du verger national par l'exploitation artisanale illégale de minerai d'or connue sous la dénomination 'Galamsey'. »
En dépit de ce tableau peu reluisant, le Cocobod reste optimiste pour la saison 2022/2023 et table sur une récolte de 850 000 tonnes au cours de ladite campagne qui débutera en octobre. Dans le cadre de cet exercice, le parlement ghanéen a approuvé un prêt syndiqué de 1,3 milliard dollars, soit environ 780 milliards de Fcfa, pour financer l'achat de fèves auprès des producteurs.