Un contexte d'insécurité qu'ont condamné plusieurs ONG devant la presse vendredi.
Le président de la Commission, Wafula Chebukati, a déclaré lundi William Ruto vainqueur de la présidentielle. Mais juste avant son annonce, quatre des sept membres de la Commission se sont désolidarisées des résultats, dénonçant un processus opaque. Des échauffourées ont aussi éclaté sur le podium du centre de comptabilisation des votes à Nairobi. Wafula Chebukati s'est dit mercredi contraint de suspendre plusieurs élections locales qui avaient été repoussées au 23 août, citant des actes de harcèlement envers ses agents.
Mais des faits plus graves se sont produits. Ils inquiètent les associations de la société civile. Entre autres, le meurtre présumé de Daniel Musyoka, un des agents de la Commission qui était chargé de superviser le scrutin dans une circonscription de l'est de Nairobi. Il avait disparu le 11 août. Son corps a été retrouvé lundi soir recouvert de bleus et avec des marques d'étranglement. Un autre agent électoral, dans le comté de Wajir, dans le nord-est du pays, a lui reçu trois tirs dans la jambe alors qu'il était en service. Il a survécu mais a dû être amputé.
Davis Malombe est le directeur de la Commission kényane des droits humains, une ONG nationale. Il condamne ces actes de violence.
" Cela crée un environnement de peur. Le cas de Daniel Musyoka n'est pas un incident isolé. Plusieurs responsables chargés de superviser le scrutin sont aussi ciblés sur les réseaux sociaux. Les membres de la Commission font face à une forte pression et à des menaces. Certains sont qualifiés de traîtres dans leur région natale. Les politiciens doivent appeler leurs partisans à arrêter de victimiser ces fonctionnaires. Ces attitudes nous inquiètent vraiment, surtout qu'elles risquent aussi d'affecter la façon dont les élections se dérouleront dans le futur. "
Les associations de défense des droits humains appellent à une enquête sur les crimes commis envers les agents de la Commission. Et rappellent le cas de Chris Msando, un responsable électoral qui avait été assassiné en 2017, quelques jours avant le scrutin, et dont la famille n'a toujours pas obtenu justice.
Les associations s'inquiètent aussi des conséquences des dissidences au sein de la Commission électorale, qui selon elles, ont écorné la crédibilité du processus et des résultats aux yeux du public.