La quarantaine, Josué Komla Guenou est un agripreneur heureux, fier de parcourir les rangs de ses plants de maïs qui, déjà, le dépassent d'une tête. Les épis ne vont pas tarder à apparaître, porteurs d'une nouvelle récolte prometteuse.
Ses champs s'étendent aujourd'hui sur plusieurs hectares, en bordure de la Nationale 1, qui traverse le Togo du nord au sud. Josué vit dans la région verdoyante des plateaux, près de Notsé, à un peu moins de 100 km de Lomé.
" En 2015, se souvient Josué, je ne faisais qu'un hectare de maïs "... passé à 3 hectares l'année suivante, puis à 5, puis 6... D'année en année, il a ainsi étendu ses cultures et vu sa production s'accroitre. Grâce à quoi, il a enfin pu scolariser ses enfants.
Si Josué est passé de statut de modeste fermier, à la peine pour simplement subvenir aux besoins de sa famille, à celui d'entrepreneur agricole, c'est grâce au Projet d'appui à l'employabilité et à l'insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAEIJ-SP) - dont l'agriculture. Déployé dès 2016 dans trois des cinq régions du pays - Savanes, Centrale et Plateaux -, le projet a été financé à hauteur de 21 millions de dollars par le Fonds africain de développement.
Aujourd'hui, grâce à la formation dispensée dans le cadre du programme, Josué parle " marché ", " chaînes de valeur ", " clusters agro-industriels " et " plans d'affaires " sans aucun complexe. Bien au contraire : qui eût cru, comme il le dit lui-même, que l'enfant d'un petit village rural isolé qu'il était, dépourvu de formation, deviendrait l'entrepreneur qu'il est aujourd'hui, employant plusieurs ouvriers agricoles et négociant les produits de son exploitation avec aplomb ?
Depuis son lancement, le Projet d'appui à l'employabilité et à l'insertion des jeunes dans les secteurs porteurs a permis, dans le secteur agricole, de créer plus de 35 000 emplois dans des PME - bien au-delà des 20 000 prévus au départ.
Autres avantages : la production agricole du Togo s'en est vue diversifiée et la sécurité alimentaire renforcée, grâce à la disponibilité d'aliments à plus haute valeur nutritionnelle, en milieu rural notamment.
Assis dans la cour de la concession familiale, lunettes sur le nez et cahier et stylo Bic dans les mains, Josué finit ses comptes. Il sourit à ses enfants qui l'entourent, pose une main sur la tête du plus jeune : il a de grands rêves pour eux, convaincu qu'ils auront " un avenir meilleur ".