Le processus de traçabilité du cacao, de la zone de production à la fabrication de la tablette de chocolat, est une préoccupation majeure pour les responsables de la filière café- cacao de Côte d’Ivoire. Surtout face à l’exigence des consommateurs européens et des Ong sur l’origine du cacao et la lutte contre l’exploitation des enfants dans la cacaoculture.
Dans ce processus, les paysans occupent une place stratégique. D’où la nécessité de non seulement les recenser mais aussi de géolocaliser leurs plantations de café et de cacao. Ainsi, le 06 avril 2022 à Abidjan, en présence du ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumami, le Conseil du café-cacao a procédé à la remise officielle des cartes à vocation multifonctions aux producteurs de café-cacao, en vue de répondre aux exigences contemporaines du marché mondial comme indiqué plus haut. A l’étape d’Abidjan, un échantillon de 150 cartes avait été remis à des exploitants de café-cacao affiliés à trois sociétés coopératives installés dans les Délégations régionales d’Aboisso, Abengourou et Daloa.
Une innovation majeure dans le processus de traçabilité
La carte du producteur faut -il le préciser, est à vocation multifonctions. Dotée d’un code Qr renfermant toutes les informations sur le producteur et son verger et d’une puce bancaire pour permettre des transactions financières sur la commercialisation des produits, elle contient bien d’autres informations. Cette carte permet désormais d’assurer la traçabilité de la production, la sécurisation des transactions commerciales sur le cacao et le café en évitant le transport du cash d’un point à un autre point d’achat et le paiement effectif aux producteurs du prix bord champ garanti fixé par l’État. Sa distribution fait suite à l’opération de Recensement des producteurs de café-cacao et de leurs vergers (Rpccv) sur l’ensemble des zones de production de café-cacao. Ainsi, « l’opération lancée depuis plus deux ans et qui a permis de recenser plus de 993 mille producteurs et de géolocaliser plus de 2, 3 millions de plantations de café et de cacao », indique M. Dadié Kacou, l’un des coordonnateurs au projet de traçabilité du cacao au Ccc. Selon Yves Koné Brahima, le Directeur général du Conseil du Café-Cacao, cette pièce constituera le « socle sur lequel sera bâtie l’interprofession de la filière café-cacao ». Il est à ajouter que ce processus de traçabilité, bien maitrisé, permettra aussi à l’Etat d’avoir des statistiques fiables au niveau de la production. « Sans statistiques fiables, l’Etat ne peut pas faire de planifications en vue de réaliser des équipements sociocommunautaires de base. En revanche, si votre nombre est connu à travers une identification, le gouvernement tient compte de vos besoins et fait des projections en votre faveur », ajoute un expert interrogé par nos soins.
Après donc la cérémonie officielle de lancement de la distribution à un lot de producteurs à Abidjan, ceux qui ont acceptés de se faire recenser reçoivent depuis quelques mois leurs cartes dans les 13 zones de production de cacao.
En prélude à la phase de distribution générale de la précieuse pièce, le Comité de traçabilité a défini un dispositif de couverture des zones de distribution supervisé par une Coordination nationale de distribution des cartes de producteurs et des coordinations régionales de distribution (Crd). Afin de tester ce dispositif, une mission vient de séjourner dans la Délégation régionale de San Pedro pour la supervision de la distribution d’environ 2000 cartes.
Des producteurs heureux
Une des étapes fortes, Gabiadji, une bourgade du département de San Pedro, (sud- ouest) et en pleine boucle du cacao. Ici, des producteurs ciblés pour la circonstance ont reçu leurs cartes professionnelles qui qui les identifient. Ici, les « missionnaires » ont expliqué aux cacaoculteurs, les avantages rattachés au précieux sésame. Surtout la garantie de la sécurité des producteurs durant les transactions en zone rurale. Il est à préciser que durant la campagne de commercialisation des fèves de cacao, le phénomène de braquage et des « coupeurs de routes » prennent de l’ampleur dans le sud- ouest et l’ouest ivoirien. Des fortes sommes sont emportées par les malfrats avec parfois des pertes en vies humaines. Malgré le renforcement du dispositif de sécurité dans les zones de production cacaoyère. Des bénéficiaires interrogés se félicitent de l’aboutissement de ce processus qui était très attendu par eux. Au nombre de ceux-ci, Kouassi Kouamé Bernard, le Pca de la Société coopérative de Gabiadji, (Coopaga et Pnop). « Les producteurs de la Sous- préfecture de Gabiadji sont heureux de recevoir ce sésame (…) qui les met désormais à l’abri des surprises désagréables » dit-il. Lancée le lundi 15 avril 2019, le Rpccv a coûté globalement de 6,5 milliards de Fcfa.