Mali: "Repos forcé" du PM malien - On peut l'évacuer partout, sauf en France

Le Premier ministre malien Choguel Maïga.
analyse

De quoi souffre le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga ? Officiellement mis au "repos forcé" depuis le 13 août dernier pour fatigue générale, selon le communiqué du gouvernement, l'homme répond aux abonnés absents des grands rendez-vous des affaires publiques depuis lors.

Pas étonnant alors que tout Bamako bruisse de rumeurs sur l'état réel de santé de l'éminence grise du régime d'Assimi Goïta. Malgré les nouvelles rassurantes que distillent ses proches collaborateurs et familiaux, la clinique Louis Pasteur qui a reçu le Premier ministre en consultation, il y a maintenant une semaine, est motus et bouche cousue. Le gouvernement malien aussi, suite à son premier communiqué dans lequel il évoquait un besoin de repos de Choguel Maïga après que l'homme a été au four et au moulin des affaires de l'Etat pendant 14 mois.

14 mois d'impulsion et de coordination de l'action gouvernementale, ça use un Premier ministre surtout dans le contexte d'un Mali balloté par l'insécurité chronique, l'instabilité politique, les chantiers de la refondation républicaine, les réprimandes de la CEDEAO, les réserves de la communauté internationale sur sa gestion de la crise sécuritaire, la relation houleuse avec la France... cela fait beaucoup, même pour un général spartiate, formé à l'école du bolchévisme.

Alors, Choguel Kokalla Maïga a-t-il été victime d'un accident vasculaire cérébral, comme l'ont annoncé plusieurs médias ? Son état de santé est-il si grave qu'aucun plateau technique hospitalier au Mali ne peut le prendre en charge, donnant cours aux rumeurs persistantes d'une évacuation à l'extérieur ? Si oui, vers quel pays et dans quel hôpital ?

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Des questions qui valent leur pesant d'implications diplomatiques, tant il est vrai que le régime d'Assimi Goïta s'est illustré dans des prises de position tranchées, servies par un langage cru, souvent aux antipodes du diplomatiquement correct au sujet de la lutte contre le terrorisme et la conduite de la transition. De quoi ne pas se faire que des amis ! Suivez notre regard vers la France, véritable punching-ball d'un Mali qui s'est redécouvert des yeux de Chimène pour la Russie.

On s'étonne alors que cette France, vouée aux gémonies par un gouvernement malien nourri de souverainisme aigu, soit un tant soit peu dans les esprits de ceux qui pensent à une évacuation sanitaire du " grand fatigué. "

Il est vrai que nos hommes politiques ne sont pas à une ambivalence près dans leur prise de position. En effet, certains adorent la nuit les démons, ou prétendument tels, qu'ils ont maudis le jour. Ainsi, des ennemis publics sont des amis en privé et bonjour la supercherie, de la poudre aux yeux du peuple.

Bien sûr l'honnête Choguel Maïga n'est pas dans ce cas de figure avec la France, même si les mauvaises langues disent que plusieurs de ses enfants vivent à Paris pas à Moscou. Qu'importe ! Il ne faut surtout pas, si une évacuation s'imposait pour le Premier ministre malien, le conduire en France. Car, si jamais le pire lui advenait, et l'on touche du bois pour sa guérison complète, que n'irait-on pas imaginer, à tort ou à raison ?

C'est dans le besoin que l'on reconnaît ses vrais amis. Alors, s'il faut absolument évacuer Choguel Maïga pour des soins, gageons que Moscou se fera un plaisir de recevoir un si grand ami dans le plus huppé de ses hôpitaux. Qui peut le plus, peut le moins. Moscou qui peut bouter le terrorisme hors du Mali, peut bien soigner un de ses meilleurs Premiers ministres !

Alors, évacuera ou n'évacuera pas Choguel Maïga ? A Paris, à Moscou ou ailleurs ? Et si les médecins maliens nous surprenaient par leur science à requinquer l'homme ! En tout cas, prompt rétablissement à ce grand chantre d'une nouvelle relation Afrique-France.

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