Burkina Faso: Nouvelle hausse des prix des hydrocarbures - Savez-vous que le Burkinabè souffre déjà ?

Essence, diesel, carburant, biodiesel.
analyse

Le prix du carburant a atteint un nouveau record au Burkina Faso depuis le 19 août 2022, trois mois seulement après le précédent pic du 12 mai dernier, qui avait déjà laissé un goût amer aux consommateurs à faible revenu.

Cette hausse inattendue de 30 et 35 F CFA sur les prix à la pompe du gasoil et de l'essence, intervient paradoxalement au lendemain de la baisse du coût du baril du pétrole au niveau mondial, et dans un contexte où les populations sont déjà étranglées par une très forte inflation.

Le gouvernement a beau expliquer ou justifier ce tango tarifaire par l'augmentation du cours du dollar et par les répercussions du conflit russo-ukrainien, il n'en reste pas moins vrai qu'il a fait preuve d'un manque d'anticipation, qui nourrit le procès en incompétence et en amateurisme que lui font les " Damibaphobes " et tous ceux qui se sentent de plus en plus martyrisés par les angoisses de la vie de tous les jours.

Il faut bien le dire, le problème, ici, n'est pas seulement le timing, il est aussi communicationnel; le ministre du Commerce ayant donné l'impression d'être en détresse argumentaire, avec les réponses sibyllines aux questions pourtant claires du journaliste de la télévision nationale qui lui demandait de justifier le yoyo des prix.

Le ministre Abdoulaye Tall a profité de l'occasion pour dire en filigrane que le cadran des coûts des hydrocarbures pourrait bouger davantage, d'autant que " la situation reste tendue ", malgré les efforts fournis par le gouvernement pour minimiser ce risque.

Pas de quoi rassurer donc tous ces consommateurs dont les nerfs sont déjà à vif, surtout quand on sait que la cherté de la vie est la denrée la mieux partagée au Burkina Faso.

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Cette flambée exponentielle des prix de l'essence et du gasoil aura des effets d'entrainement

Depuis cette dernière secousse dans le panier de la ménagère, qui en annonce d'autres avec la baisse tendancielle de la subvention des produits pétroliers, on entend certains tenter d'expliquer pourquoi les Burkinabè n'ont pas à rougir, les prix du carburant dans les pays voisins étant généralement plus élevés, alors que certains comme la Côte d'Ivoire sont immensément riches et produisent même du pétrole.

Ils omettent de dire que de l'autre côté de la Léraba, le gouvernement a pris récemment une série de mesures sociales pour le plafonnement des prix de 21 produits de grande consommation, afin de soutenir les couches les plus vulnérables.

Les autorités burkinabè, bien que dos au mur, devraient tout faire pour sauver les meubles, quitte à réduire drastiquement les charges de fonctionnement de l'Etat pour sinon augmenter, du moins garder le cap actuel de la subvention du carburant sous peine de voir l'inflation, déjà hors norme de 17.5%, bondir davantage avec toutes les conséquences que cela pourrait engendrer.

Car, ne nous voilons pas la face, cette flambée exponentielle des prix de l'essence et du gasoil aura des effets d'entrainement, et beaucoup se posent déjà la question de savoir si le Burkinabè moyen qui souffre déjà, ne va pas finir par ranger sa clé de contact, et si la probable hausse subséquente des produits de première nécessité ne va pas pousser les populations, comme en 2008, dans la rue pour exiger du gouvernement, des mesures sociales pour soulager leur souffrance.

C'est donc une bombe atomique à retardement qui pourrait exploser si les dirigeants n'y prennent garde, et le plus petit scandale financier commis par les autorités de la Transition dans ce contexte de morosité économique et de guerre meurtrière contre le terrorisme, pourrait lui servir de détonateur.

Il faudrait donc songer, d'ores et déjà, à remettre rapidement l'ouvrage sur le métier avant que le front social n'entre en ébullition, car, il n'est pas évident que la présence dans le gouvernement du " gilet jaune " et ex-dirigeant du syndicat rouge, Bassolma Bazié, pour ne pas le nommer, puisse servir de bouclier ou de parafoudre au régime de la Transition si le pouvoir d'achat des Burkinabè continue son inexorable dégringolade.

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