Burkina Faso: Communiquer davantage

Depuis le 19 août, le prix du carburant a connu un réajustement au Burkina Faso. Ainsi, le prix du Super passe de 715 à 750 F CFA, soit une hausse de 35 F, et le gasoil de 645 à 675 F CFA, soit une augmentation de 30 F, avec une légère différence en province. Il n'en fallait pas plus pour susciter une levée de boucliers aussi bien au sein de la population qu'au niveau des organisations de consommateurs. D'autant plus que cette augmentation intervient quelques mois seulement après celle de 100 F CFA sur les hydrocarbures les plus consommés.

L'argumentaire du ministre en charge du commerce pour expliquer cette hausse est de permettre une légère réduction du niveau de subvention de l'Etat. La réalité au Burkina Faso devient plus difficile. Incontournables dans la vie et les activités socioprofessionnelles, les hydrocarbures sont à la base d'un malentendu permanent entre les populations et le gouvernement.

Mais, il est certain que le gouvernement ne le fait pas de gaieté de cœur. Face au défi sécuritaire qui mobilise énormément de ressources tant humaines que financières, l'Etat recherche les leviers sur lesquels on peut agir sans pour autant causer grand tort à la population. Il faut trouver la thérapie appropriée pour maintenir le juste équilibre dans ce contexte de morosité économique.

Le constat sur le terrain est que de l'arrêté conjoint des ministères en charge des finances et du commerce aux explications des autorités, le consommateur n'a point d'oreille. Il n'a qu'un ressenti : sa poche. Il est inquiet parce qu'on sait qu'augmentation du prix du carburant rime avec celle de tous les secteurs d'activité, même ceux n'utilisant pas directement d'hydrocarbures. L'indignation des populations est légitime.

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Cependant l'Etat est visiblement essoufflé dans la satisfaction de ses engagements multiples pour alléger un tant soit peu les répercussions de la COVID-19, des attaques terroristes et de la guerre en Ukraine. Chaque partie défend certes une position légitime, mais à l'impossible, nul n'est tenu. Seulement, le gouvernement gagnerait à concilier ses positions avec les attentes des populations en situant la justesse de ses décisions. D'où la nécessité d'une communication efficiente, car si des arguments tangibles sont apportés, il est évident que les Burkinabè sont prêts à consentir le sacrifice qui vaille pour sauver leur pays d'un éventuel gouffre financier.

Pour ce faire, il sied de tenir un langage de vérité et surtout convaincant. Sinon cette fois-ci, l'effort de subvention du fuel qui demeure à 398 F pour le super, 495 pour le gasoil et 298 pour le DDO (huile diesel distillée) passe sous silence, de même que le prix du gaz qui reste inchangé, au profit des 35 F demandés à l'acheteur dont la réaction est dictée par le poids de sa poche et l'incertitude avec la rentrée scolaire qui pointe à l'horizon. Le gouvernement rassure sur les mesures prises " pour limiter les velléités inflationnistes qui pourraient naitre de ce réajustement des prix ". Reste à voir la dimension communicationnelle d'une telle mesure, au risque de saper les efforts du gouvernement qui, pourtant, a lui aussi ses raisons.

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