Sénégal: Nouvelle configuration politique - Le déclin des partis traditionnels

21 Août 2022

Une nouvelle configuration politique se dessine à la suite des résultats des élections législatives. Les nouveaux partis politiques, engrangeant plus de sièges à l'Assemblée nationale, dament le pion aux partis traditionnels.

Les résultats définitifs des élections législatives du 31 juillet 2022 ont été rendus publics par le Conseil constitutionnel. La juridiction électorale a confirmé les résultats provisoires annoncés par la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv). La coalition de la majorité présidentielle, " Benno Bokk Yaakaar " (Bby), qui contrôlait l'Assemblée nationale sortante, arrive en tête avec 82 sièges sur les 165 qui étaient en jeu. Comparée à la précédente, elle a eu 43 députés de moins. Elle est suivie de près par l'inter-coalition " Yewwi Askan-Wi Wallu Sénégal " qui cumule 80 députés. Les trois autres sièges sont occupés par Papa Djibril Fall, Thierno Alassane Sall et Pape Diop, respectivement têtes de liste nationale des " Serviteurs/Mpr ", " Aar Sénégal " et " Bokk Gis Gis Liggey ".

Ainsi, aucune des coalitions n'avait la majorité à l'Assemblée nationale absolue. Chose inédite avant que Pape Diop ne décide de rejoindre le groupe parlementaire de la majorité présidentielle. Il y avait une baisse des sièges de " Benno ", mais également une forte percée de l'opposition qui n'a pas pu imposer la cohabitation.

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Cependant, les cartes ont été redistribuées depuis que Pape Diop, président de " Bokk Gis Gis ", a rejoint le camp de la majorité qui, comptant maintenant 83 sièges, détient la majorité absolue à l'Assemblée nationale. En effet, force est de reconnaître que ces résultats, issus des élections législatives, renseignent sur les forces politiques qui se dégagent sur l'échiquier politique national d'ici à l'élection présidentielle prévue en 2024. On constate, au sein des coalitions, un affaiblissement des partis politiques classiques qui ont un nombre très réduit de députés. Autrement dit, c'est le déclin des partis politiques traditionnels.

Pour la coalition de la mouvance présidentielle, c'est l'Alliance pour la République (Apr) qui a plus de députés. Sur les 82 sièges de " Benno Bokk Yaakaar " (Bby), les 65 sont assurément occupés par l'Apr. Le Parti socialiste (Ps) a, pour le moment, quatre députés. Si le Ministre de l'Urbanisme, Abdoulaye Seydou Sow, démissionne après son installation, il sera remplacé par le socialiste Abdoulaye Wilane. Ainsi, ils seront cinq députés socialistes pour la 14e législature. L'Alliance des forces de progrès (Afp) comptabilise deux députés là où " Rewmi " d'Idrissa Seck aura un représentant à l'Hémicycle.

S'agissant de l'opposition, réunie autour de la coalition " Yewwi Askan Wi " (Yaw), sur 56 sièges engrangés, les 24 sont pour les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), parti dirigé par Ousmane Sonko. " Taxawu Sénégal " de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, s'est retrouvé avec 13 députés. Il a plus d'un député que le Parti de l'unité et du rassemblement (Pur), de Serigne Moustapha Sy qui occupe la troisième place du peloton. De trois députés lors de la législature sortante, Pur s'est retrouvé avec 12 élus. Quant au " Grand parti " de Malick Gakou, il n'a pas de député.

Émiettement du poids électoral

La coalition " Wallu Sénégal ", dirigée par l'ancien Président de la République et également patron du Parti démocratique sénégalais (Pds), obtient 27 députés. Sur ce chiffre, confie sa chargée de communication, Nafissatou Diallo, le Pds en obtient les 25 et les deux sièges restants sont occupés par Mamadou Lamine Diallo de " Tekki " et Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly qui était à " Bokk Gis Gis " avant les législatives. Lors de la 13ième législature, le bloc formé autour du Pds avait 19 députés, dont 16 pour le parti du Président Wade.

Analysant cette nouvelle configuration politique qui se dégage au sortir des consultations législatives, Abdoulaye Mbow, journaliste et analyste politique, rappelle que le contexte de 2012, où les alliés du Chef de l'État avaient plusieurs députés à l'Assemblée nationale, a évolué. " Nous ne sommes plus à l'époque où le Ps et l'Afp avaient chacun son candidat. Depuis 2012, on constate un émiettement du poids électoral de ces formations politiques ", rappelle-t-il, indiquant que les partis traditionnels, tels que le Ps, l'Afp et " Rewmi ", ont perdu du poids par rapport à leur implantation sur le plan national. " Il y a une chute libre de ces formations politiques. Ils ont enregistré de nombreux départs. Le constat est que ces partis ne sont plus représentatifs, comparés aux autres partis comme l'Apr ou Pastef ", estime M. Mbow.

Mamadou Sy Albert, analyste politique, embouche la même trompette. " Il y a un fragment de l'électorat de ces partis (Ps, Afp, Rewmi) ", explique-t-il. Selon lui, " les coalitions ont affaibli les anciens partis. Le Pds revient, mais il ne s'en sort pas mieux. Les grands partis historiques sont en train de s'affaiblir au niveau du Parlement et au niveau de l'électorat. Les partis nés durant les alternances prennent les places des anciennes formations politiques ". De l'avis d'Abdoulaye Mbow, Ousmane Sonko " a revigoré les rangs des différents partis appartenant à l'inter-coalition "Yewwi-Wallu" ", dit-il.

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