Cameroun: Scandale foncier dans le Moungo - Les populations en colère implorent l'arbitrage d'Eyebe Ayissi

Non contentes de l'inclusion des villages Babenga et Bwadibo dans la rétrocession de la parcelle B9, elles sollicitent l'intervention rapide du ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières qui vient de rapporter les dispositions de l'arrêté du 15 mars 2022 portant rétrocession à titre de compensation à certaines collectivités coutumières des parcelles de terrain objet du titre foncier N0 440/Moungo.

Au cœur de ce que d'aucuns qualifient à tort ou à raison de " gangstérisme foncier " dans le département du Moungo, arrondissement de Dibombari. Pour comprendre les réelles motivations de l'ire des populations depuis un certain temps dans cette commune, il faut remonter à l'époque de la création de la société camerounaise des palmeraies dans le département du Moungo, région du Littoral. En effet, lors de la création de la SOCAPALM, de nombreux villages ont été dépossédés de plusieurs centaines d'hectares d'espaces cultivables.

Il s'agit, a appris le Messager sur la base des documents en notre possession des villages Bwassalo, Bomono Ba Jedou, Bomono Gare, Bomono Ba Bengue I et II et Bekoko. Tous sont situés dans l'arrondissement de Dibombari. Quelques années plus tard c'est-à-dire le 15 mars 2022, l'Etat à travers le ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières consent enfin à rétrocéder lesdites parcelles de terrain aux communautés villageoises concernées. Aussi prend-il l'arrêté n0 0543/MINCAF/A100 portant rétrocession à titre de compensation à certaines collectivités coutumières des parcelles de terrain objets du titre foncier n0 440/Moungo. Pour les collectivités coutumières qui ne cachent pas leur satisfaction, cette mesure du gouvernement mérite d'être saluée à juste titre.

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Seul hic ! Les noms de deux villages (Babenga et Bwadibo Ndlr) ne faisant pas partie des collectivités coutumières devant jouir de cette manne foncière ont été frauduleusement glissés dans la liste des bénéficiaires de la rétrocession de la parcelle B9. Par qui ? " Sm Elongo Kingue Samuel a convoqué certains chefs du village, le 20 mars 2022 pour les informer de ce que le partage des 207 hectares est effectif au niveau du MINCAF et les villages tels que Bwadibo et Babenga qui n'ont jamais perdu les terrains au profit de la SOCAPALM sont également bénéficiaires chacun de 23 hectares de terrain ".

Désabusé par ce qui selon lui s'apparente à une mafia foncière des temps modernes, une autorité municipale a, illico presto, saisi le ministre Henri Eyebe Ayissi pour dénoncer la supercherie. Afin, affirme-telle, d' " éviter un soulèvement populaire car ces personnes qui ont organisé et introduit ces deux villages dans cette rétrocession veulent détruire la quiétude sociale de l'arrondissement de Dibombari ".

A la faveur de la lettre de dénonciation par elle adressée, le MINCAF, soucieux de l'ordre public, prend un autre arrêté. Celui-ci rapporte par entre autres les dispositions de l'arrêté du 15 mars 2022 portant rétrocession à titre de compensation à certaines collectivités coutumières des parcelles de terrain objet du titre foncier N0 440/Moungo.

Une première victoire pour les populations qui fondent beaucoup d'espoir sur le très dynamique membre du gouvernement. Les communautés impatientes " Notre souci primordial c'est que nous voulons que les choses soient remises à leur juste place parce que les villages qui ont été dépossédés de leurs terres au profit de la SOCAPALM ont des limites qui sont connues de tous. De Bomono Ba Mbengue jusqu'ici, chaque village est bien délimité et les frontières sont connues.

Les villages environnants sont en train de jouir de leur terre tandis que nous n'en avons pas le droit. Ce qui fait que nous sommes dans la détresse en ce moment vu que la SOCAPALM a occupé la majeure partie de nos terres. Si aujourd'hui nous devons rentrer dans nos droits, il est de bon ton que le partage se fasse de manière équitable.

C'est-à-dire que les principaux ayant droits rentrent en possession de leurs biens. Et nous espérons que le ministre Henri Eyebé Ayissi qui est un grand commis de l'Etat qui se préoccupe des problèmes de ses compatriotes prendra nos doléances en compte. Il doit revoir la procédure appliquée avant pour que la pendule soit remise à l'heure dans cette affaire de rétrocession qui nous concerne. Il y a des gens qui ont bénéficié de ces terres alors qu'ils n'en ont pas le droit. Vous ne pouvez pas partir de Bowadibo et venir discuter des terres à Bomono par exemple. C'est absurde et ça n'a pas de sens. C'est de ça qu'il s'agit ", s'indigne Martin Roger Ndoumbe.

A en croire Remy Paul, natif de Bomono Ba Mbengue I, les jeunes sont dans l'attente des mesures que prendra le gouvernement dans les tout prochains jours pour juguler la crise. " Nous lui demandons de surseoir la décision par lui prise visant à rétrocéder des parcelles importantes de nos terrains à des communautés qui n'ont pas voix au chapitre.

Nous savons pouvoir compter sur ce haut commis de l'Etat. Nous voulons non pas brader ces terres, mais les mettre en valeur.

Aussi en avions-nous besoin pour y construire des écoles, des hôpitaux, des marchés... .et des espaces publics. Les jeunes ont également besoin de ces terres pour pratiquer l'agriculture, un vœu cher au chef de l'Etat Paul Biya qui n'a de cesse de demander aux jeunes de retourner à la terre ", envisagent à l'unisson les populations de ces communautés villageoises impatientes qui ont désormais le regard rivé vers Yaoundé.

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