La ministre tunisienne de la Justice Leïla Jaffel est accusée par des magistrats révoqués d'avoir induit les Tunisiens en erreur pour justifier la non-exécution des décisions du tribunal administratif le 22 août, qui rétablit une cinquantaine de juges dans leur fonction et suspend les décisions de leur révocation. Ils déplorent l'inexactitude du communiqué du ministère de la Justice, qui aurait fait croire que des poursuites avaient été lancées contre eux.
Pour Mourad Messoudi, président de l'Association des jeunes magistrats, l'affaire est close. " Le gouvernement essaie de gagner du temps. D'un côté, il a un plan pour laisser ses postes vide et diriger la justice en nommant des nouveaux magistrats à la place des absents et pour liquider ses adversaires politiques. De l'autre côté, en tardant à appliquer la décision de la justice, la ministre essaie de sauver sa réputation, et aussi son siège au gouvernement", explique-t-il.
" D'après ce qu'on nous a dit, la ministre de la Justice a fabriqué ces plaintes honteuses. Elles ne peuvent pas être prises en compte dans le cadre des plaintes pénales, car elles sont inventées de toutes pièces, et contreviennent au principe du contradictoire ", affirme Mourad Messoudi, joint par Houda Ibrahim, du service Afrique.
" La ministre se trouve dans une position délicate : le président de la République ne l'a pas rencontrée depuis un bon moment et il semble qu'il voudrait la révoquer. C'est pour cela qu'elle veut apparaître comme celle qui a eu raison. Elle s'est donc alliée au ministre de l'Intérieur pour avoir des dossiers sécuritaires qui compromettraient les juges concernés. Résultat, le président de la République et l'exécutif en général se retrouvent en plein scandale ", décrit-il.
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