Afrique: Emmanuel Macron en visite officielle en Algerie pour relancer l'axe Paris-Alger

Après une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, le président français sera en Algerie du 25 au 27 août 2022. Cette visite, aux enjeux multiples, servira peut-être de refonder une relation franco-algérienne tourmentée par des querelles de mémoire.

Par ailleurs, la visite du président français intervient quelques mois après la visite à Alger du chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, et après une déclaration du président algérien Abdelmajid Tebboune qui avait évoqué la possibilité que l'Algérie adhère aux BRICS, une organisation qui regroupe cinq pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). La visite d'Emmanuel Macron intervient surtout sur l'année du 60e anniversaire des accords d'Evian (18 mars 1962).

Ceux-ci mettront fin à 7 ans de guerre, suivis de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, après 132 ans de colonisation française. Pour le directeur du centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, Hasni Abidi, si Emmanuel Macron a choisi Alger comme destination au début de son mandat, c'est pour montrer que l'Algérie est entrain de revenir sur la scène régionale et internationale.

En retour, il estime que l'Algérie ne peut pas faire " l'impasse sur une bonne entente avec Paris ". Hasni Abidi fait allusion au dossier du Sahara occidental, et sans doute aussi au gaz algérien - la question de l'énergie sera aussi au cœur de cette visite.

L'Algérie exporte environ 11 % du gaz consommé en Europe, contre 47 % pour la Russie. Plusieurs pays occidentaux, dont la France, cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe et se sont tournés vers l'Afrique.

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Vers la décrispation des relations franco-algériennes

Le président français Emmanuel Macron n'a cessé de qualifier la colonisation de " crime de l'humanité ", multipliant des gestes mémoriels. Mais, c'est en septembre 2021, en plein covid-19, que tout va basculer.

La presse rapporte que le président français aurait critiqué le régime algérien de " polico-militaire " et se serait interrogé sur l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation. L'Algérie va rappeler son ambassadeur à Paris. Face à la polémique et à la forte montée de tensions, Emmanuel Macron va présenter ses " regrets ".

Les relations entre les deux pays se sont réchauffées depuis, s'efforçant de dissiper certains malentendus. Ainsi, en avril, le président algérien félicitait son homologue français pour sa réélection et l'invitait à se rendre en Alger.

En juin, les deux chefs d'Etat exprimaient leur volonté d'approfondir les liens entre leurs deux pays. La semaine dernière, le président français a présenté ses condoléances à son homologue, après les incendies qui ont fait 37 morts. Il a fait part de la disponibilité de Paris à fournir à Alger " des moyens terrestres et aériens pour y faire face ", indique le communiqué de l'Elysée.

Et dans une lettre au président Abdelmadjid Tebboune pour le 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Emmanuel Macron a souligné sa volonté de " poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français ".

La place centrale du devoir de mémoire

Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, spécialiste en Science économique et en géostratégie, le devoir de mémoire et la coopération économique entre l'Algérie et la France est loin des énormes potentialités que recèlent les deux pays. Car les relations ne se limitent pas seulement aux aspects économiques. L'Algérie étant considérée comme un acteur-clé pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine.

Alger contribue à la stabilisation du voisinage immédiat, notamment au Sahel, et demeure un acteur-clé au niveau régional. Sur le plan énergétique, l'Algérie est un acteur stratégique pour l'approvisionnement en énergie tant de la France que de l'Europe.

L'essentiel pour l'Algérie est de favoriser une accumulation de savoir-faire managérial et technologique, grâce à un partenariat gagnant-gagnant. Il pense que l'Algérie doit privilégier uniquement ses intérêts, comme c'est le cas de la France.

Il ajoute le nombre de résidents d'origine algérienne dans le monde, et notamment en France, qu'il considère comme un élément essentiel du rapprochement entre l'Algérie et la France, du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières. Il appelle à dépassionner les relations afin de favoriser la stabilité des deux rives de la Méditerranée.

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