Les communautés kipsigi et talai portent plainte contre les autorités britanniques devant la Cour européenne des droits de l'homme. Elles demandent réparation pour avoir été maltraitées et expulsées de leurs terres au début du XXe siècle, au profit des plantations de thé, dans l'ouest du pays. Ce recours à la justice européenne fait suite à plusieurs démarches auprès de l'ONU et de la Couronne britannique.
Les communautés des Kipsigi et des Talai passent à la vitesse supérieure en recourant à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
En 2019, 100 000 de leurs descendants avaient adressé une pétition à l'ONU, dont les experts avaient dénoncé l'échec des autorités britanniques à reconnaître leur part de responsabilité dans les viols, meurtres et incendies criminels, qui avaient permis aux colons de s'emparer, dans la région occidentale de Keritcho, des meilleures terres kényanes pour y cultiver le thé, toujours exporté aujourd'hui par les plus grandes multinationales, d'Unilever à Lipton.
En mai dernier, les représentants des victimes avaient écrit une lettre au prince William. En vain, selon leur avocat, qui le regrette : " Le gouvernement britannique a louvoyé et tristement évité toute possibilité de réparation. "
Le Royaume-Uni n'a consenti à des réparations qu'une fois pour les crimes de la colonisation : 14 millions de livres sterling versées en 2013 à plus de 5 000 Kényans, victimes de tortures lors de l'insurrection des Mau-Mau, dans les années 1950. Un règlement à l'amiable pour éviter le procès.
Cette nouvelle procédure des Kipsigi et Talai devant la Cour européenne des droits de l'homme pourrait prendre des années.